
<p>Depuis plusieurs mois, des témoignages concordants venus de différents pays africains font état de recrutements opaques menés à destination de la Russie. Officiellement, il s’agit d’offres d’emploi civil ou de programmes de formation professionnelle. Dans les faits, certains de ces recrutements se seraient soldés par un engagement militaire contraint sur le front ukrainien.</p>



<h2>Des offres civiles aux contours trompeurs</h2>



<p>Des jeunes hommes originaires du Kenya, du Sénégal, du Cameroun, d’Afrique du Sud ou encore de pays <a href="https://afrikipresse.fr/la-cote-divoire-pays-le-plus-riche-dafrique-de-louest/">d’Afrique de l’Ouest </a>expliquent avoir répondu à des annonces promettant un salaire attractif, une formation technique et parfois un billet d’avion pris en charge. Les offres circulent principalement sur les réseaux sociaux ou via des intermédiaires locaux.</p>



<p>Une fois arrivés en Russie, plusieurs témoignages indiquent un changement brutal de cadre: confiscation de passeports, absence d’interprètes, documents contractuels rédigés exclusivement en russe, puis transfert vers des <a href="https://afrikipresse.fr/sommet-du-g5-sahel-a-pau-voici-lintegralite-de-la-declaration-conjointe/">centres d’entraînement militaire</a>. Certains affirment avoir signé sans en comprendre la portée, avant d’être déployés en Ukraine.</p>



<p>Ces situations documentées ne représenteraient qu’une partie visible d’un phénomène plus large, notamment autour de prétendus emplois dans des usines d’armement, évoqués dans plusieurs enquêtes de presse africaines.</p>



<h2>Une communication russe inhabituelle</h2>



<p>Face à la multiplication des récits, des responsables institutionnels russes ont récemment pris la parole pour assurer que les étudiants africains présents en Russie sont « entièrement en sécurité ». Au Ghana, une chargée de coopération a publiquement tenté de dissiper les inquiétudes, affirmant que les programmes d’accueil se déroulent sans incident.</p>



<p>Cette communication proactive interroge toutefois certains observateurs. En matière de coopération universitaire, de tels démentis publics sont rares. L’absence de témoignages directs d’étudiants concernés alimente les doutes, tout comme le silence sur l’ampleur réelle des situations litigieuses.</p>



<h2>Journalistes sous pression</h2>



<p>Parallèlement, des journalistes d’investigation africains travaillant sur ces dossiers affirment subir des campagnes de discrédit. Le journaliste Oumarou Sanou, auteur de plusieurs articles sur le sort de jeunes partis « étudier » en Russie, a récemment été publiquement mis en cause par des comptes liés à <a href="https://afrikipresse.fr/quelle-est-la-responsabilite-de-l-occident-dans-le-chaos-libyen/">l’ambassade russe </a>dans son pays de publication.</p>



<p>Aucune preuve formelle n’a été apportée pour réfuter ses enquêtes, mais les attaques personnelles et accusations de manipulation se multiplient. Plusieurs organisations de défense de la presse s’inquiètent d’un climat d’intimidation croissant.</p>



<h2>Un phénomène aux dimensions internationales</h2>



<p>Selon les autorités ukrainiennes, plus de 1 400 combattants africains issus d’au moins 36 pays seraient actuellement engagés aux côtés de la Russie, un chiffre difficile à vérifier de manière indépendante et probablement sous-estimé. Des capturés sénégalais et kényans ont été identifiés par l’armée ukrainienne. L’un d’eux, ancien athlète, a déclaré avoir cru signer un contrat de travail civil.</p>



<p>Face à la situation, plusieurs gouvernements africains ont réagi. Le Kenya a émis des alertes officielles et tente de rapatrier ses ressortissants. L’Afrique du Sud a ouvert des enquêtes, tandis que l’Ukraine appelle les États africains à mieux informer leurs citoyens sur les risques liés à ces offres.</p>



<p>Pour les familles concernées, les questions demeurent sans réponse. Entre promesses économiques, silences institutionnels et récits fragmentaires, la réalité de ces recrutements continue d’échapper à toute transparence.</p>



<p>Une correspondance particulière de F. Kouadio<br>Cap’Ivoire Info / @CapIvoire_Info</p>


Recrutements dissimulés: quand des promesses d’emploi conduisent au front ukrainien

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