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    Mme Gbagbo est coupable , même si elle n’a pas distribué d’armes sur le terrain….

    Mme Gbagbo est coupable , même si elle n’a pas distribué d’armes sur le terrain….
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 5 minutes
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     Les plaidoiries du procès de crimes de guerre contre l’humanité intenté contre l’ex-première dame, Simone-Ehivet Gbagbo ont débuté lundi 27 mars 2017, avec l’accusation sans l’accusé ni son conseil. Les avocats de la partie civile ont exposé leur argumentation visant à incriminer l’accuser. Les plaidoiries et le réquisitoire du parquet sont prévues pour mardi 28 mars 2017. Au sortir de l’audience, Afrikipresse a tendu son micro à maître Diomandé Vafoungbé, l’un des conseils de la partie civile.

    Quels sont les arguments que vous avez développés pour dire qu’elle est coupable ?

     Nous avons compulsé le registre des entrées et sorties à la résidence présidentielle, et nous avons constaté que Mme Gbagbo, entre le 1er Janvier 2011 et le 31 mars 2011,  a reçu les ministres de la défense, de l’économie et des finances et celui de la sécurité cinq fois plus que son mari. Lors de ma plaidoirie j’ai expliqué que cela paraissait curieux parce que le président élu au suffrage universelle direct par les ivoiriens c’est bien Laurent Gbagbo et non son épouse. Le fait de recevoir ces membres du gouvernement qui venaient lui rendre compte de leurs activités, témoignait de la puissance de cette dame. Il lui suffisait donc de lancer un mot d’ordre allant dans le sens de l’arrêt des atrocités et de la violence. Elle ne l’a pas fait. Et les dispositions du code pénal  sur les questions de responsabilité en matière de crime  contre l’humanité sont précises lorsqu’on a du pouvoir, de l’ascendant sur les exécutants qui sont sur le terrain et qu’on n’utilise pas cela dans le bon sens. Le  silence devient donc coupable en raison de la puissance et de l’ascendant qu’on a sur les exécutants. Nous ne l’avons pas vue sur le terrain avec une kalachnikov. Mais du point de vue mental et intellectuel, les meetings qui ont été tenus et les différentes interventions, les exactions aux différentes barrages, les actions du GPP , étaient connus des plus hautes autorités dont Mme Gbagbo qui a reçu au moins 44 fois le ministre de la défense.

     Vous l’avez vu donner des ordres pour bombarder Abobo…

     Nous n’avons pas pu établir qu’elle a donné directement des ordres. Mais quand une première dame reçoit 44 fois le ministre de la défense et  que son époux ne le fait que 13 fois , l’écart est considérable quand même. À quel titre reçoit-t-elle le ministre de la défense ?. C’est pourquoi nous avons dit qu’elle était co-calife pour ne pas dire plus calife que le calife qui est Laurent Gbagbo. En  comparaison du rôle des autres premières dames classiques, nous ne reconnaissons pas Mme Gbagbo.

     Oui, mais la justice se base sur des faits précis et particuliers. Cela ne peut pas être quelque chose de général ?

     La loi dit que lorsque quelqu’un est auteur intellectuel des faits, sa responsabilité est engagée; c’est sur cette base ; en tant que commandant, en tant qu’auteur intellectuel que Jean-Pierre Bemba s’est tapé 18 ans de condamnation devant la CPI. Ce sont les mêmes règles. Ce sont les conventions nationales qui ont été reprises dans notre législation interne. Jean-Pierre Bemba n’était pas sur le terrain avec ses troupes. C’est la même chose avec Mme Gbagbo.

     Est-ce que vous avez pu démontrer qu’elle a donné des ordres précis ?

     Nous pensons que cela a bien été démontré. L’audition à la barre a démontré qu’elle a donné des ordres. Nous avons le témoignage de Metch Metro qui s’est présenté comme étant le chef d’Etat-major adjoint du GPP. Il a expliqué comment le système fonctionnait. Si les plus hautes autorités ne sont pas impliquées, comment le GPP qui pullulait avec les kalaches pouvait être possible.

     Est-ce à dire que c’est Madame Gbagbo qui les a armés ?

     Ce n’est pas elle qui les a armés. Mais l’organisation du système de l’Etat de Côte d’Ivoire est claire. ‘’’Les membres du gouvernement ne rendent compte qu’au Premier ministre et au Président de la République’’. Lorsqu’ils rendent compte à quelqu’un d’autre, cela n’est pas normal. De quoi ont-ils parlé ?

      C’est ce qu’on veut savoir…

     Nous développons devant la cours qu’ils traitaient du sujet  qui traitaient de la sécurité des ivoiriens et que les décisions qui étaient exécutés sur le terrain, la  responsabilité pénale ne s’induit pas par rapport à l’ordre qu’on a donné , mais aussi d’abstention de donner des ordres allant dans le sens de l’apaisement. À aucun moment Mme Gbagbo n’a donné ces ordres d’apaisement . Alors que l’argument que j’ai donné était pour démontrer sa puissance, son audimat, le pouvoir qu’elle avait sur les militants et les miliciens FPI. Si elle l’avait fait , on ne serait pas avec ces exactions aujourd’hui. Je n’ai pas vu Mme Gbagbo dire allé tuer Pierre ou Paul, je ne l’ai pas vue non plus distribuer des kalaches. Mais non plus je ne l’ai pas vue appeler au calme , ni demander que les exactions s’arrêtent. Alors qu’elle avait un grand pouvoir. Par exemple, le le premier ministre Aké N’Gbo  c’est elle qui l’a appelé pour lui dire qu’il était nommé 1er ministre de Côte d’Ivoire. Cela démontre de sa puissance. Cela démontre qu’elle a un pouvoir , à côté de son mari. Si elle avait accepté de passer un message d’apaisement, de paix , on n’en serait pas là aujourd’hui. Et le code pénal dit que lorsque vous avez du  pouvoir d’arrêter une situation de crime et que vous ne le faites pas, vous êtes en faute. C’est pourquoi nous plaidons sa mise en cause.

     Vous parlez plus de passivité ….

     C’est une passivité coupable.  C’est ce que le code pénal dit. Vous avez du commandement , de l’influence sur des personnes. Vous  êtes informé des faits et situations qui portent atteinte aux droits de l’homme , votre silence est coupable. Elle pourra être condamnée sur la base de ce silence coupable. Elle disait résistez, résistez…Mais  le mot résister peut se développer. L’armée ne vient pas du haut pour résister. Nous avons démontré qu’elle s’est abstenue,. La passivité, son silence face à la situation de guerre, de crimes et de violations des droits de certains groupes ethnique de Côte d’ivoire , conduisent à être coupable.

     Vous demandez la condamnation à perpétuité ?

     Ce n’est pas moi qui condamne. C’est le parquet qui fait la proposition. J’ai simplement demandé qu’elle soit reconnue coupable.

     

     Propos recueillis par Hilaire G.

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