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    Web ivoirien : quand les “200” se font manipuler pour donner raison à Bruno Koné

    Web ivoirien : quand les “200” se font manipuler pour donner raison à Bruno Koné
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 5 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Pendant la crise post électorale chez les ivoiriens, une fille se mettait en larmes chaque fois qu’elle regardait la RTI car son père était au Golf. Lorsqu’elle appelait celui-ci pour faire part de ses angoisses, et de sa crainte de voir l’hôtel du Golf bombardé, le père en colère, répondait: est ce que tu es obligée de regarder la RTI?
    Je suppose qu’au sujet de TCI, les autres devaient dire la même chose.

    Oui on n’est pas obligé ! Oui elle n’était pas obligée ! Qu’on soit 100, 200 ou 1 million, on n’est pas obligé de Facebook, pour Facebook, avec Facebook.

    7 milliards d’habitants pour moins de 2 milliards d’utilisateurs de ce réseau social. Près de deux millions d’utilisateurs de Facebook ou de comptes pour 22 millions d’habitants et autant de puces cellulaires en Côte d’Ivoire.

    Combien y’a t-il de personnes qui sont des leaders sur Facebook, qui font des post et qui suscitent des débats comme Steve Beko, Aminata 24, Claudus Kouadio, Alice Beauté Konan, André Silver Konan, Yves Claver, Kissinger, Nnema, Antoine, Jhonny Patechco, Hamed Fof… Dites moi tous les noms et complétez la liste.

    Entre politique, sport, économie et Société, au delà des 2 millions de comptes, combien de personnes se mobilisent pour les unions et associations de blogueurs du pays avec deux associations qui ont de la peine à gagner en visibilité ? Combien ne se contentent pas de partager les posts des autres et de commenter sans faire de post.

    Ils sont certes plus de 200 ces activistes et leaders qui font des posts et qui participent à des débats, mais ils ne sont pas les deux millions. Et puis quand on voit le parcours d’observateur, on ne peut que déplorer le manque de créativité et d’audace d’espérer (The audacity of hope, Obama), sur la webosphere chez le grand voisin.

    Si chacun agissait, si chacun exprimait son opinion, si certains essayaient de créer, quelques personnes ne seraient plus les plus visibles, on verrait mieux tout le monde, on entendrait mieux les préoccupations de tous.

    Or il se trouve que les débats politiques selon les camps et les positions sont toujours animés par les mêmes personnes. Idem pour les débats sportifs ou de société.

    Ce sont ces même leaders présents partout et aussi le fait qu’une seule personne peut avoir plusieurs comptes, sans oublier des données techniques précises, qui incitent à se poser des questions sur le nombre et la pertinence de ce qui est dit et rapporté.

    Le débat pour le gouvernement est simple: faut-il considérer que le baromètre de la perception de son action réside dans les avis émis sur internet, ou bien s’en tenir aux schémas classiques, avec les grèves, les manifestations, le contact direct avec les populations ?

    Par exemple une colère des militaires pour soldes impayés, une grève des chauffeurs de Gbaka, une grève des étudiants, une grève des douaniers a individuellement plus d’impact que la grogne des internautes.

    Une grève générale peut paralyser le pays davantage que les deux millions de facebookers estimés dans le pays. Et les travailleurs et autres acteurs sociaux n’attendent pas de recevoir leur mot d’ordre sur les réseaux sociaux, qui finalement deviennent un vecteur d’inaction, car écrire et animer des pages nécessitent des moyens et équipements qu’une action durable de mobilisation sur le terrain, ne favorise pas.

    Peut- on dire que les réseaux sociaux expriment mieux l’opinion des populations, que la relation et le rapport au vécu direct qu’entretiennent les rapports sociaux, que les réseaux sociaux sont plus réels que l’émotion exprimée et ressentie en direct pendant un concert, un match de football, un meeting ou au cours d’une réunion ?

    Le gouvernement ivoirien estime avoir des données qui incitent à dire qu’il y’a des gens qui suscitent des campagnes sur les réseaux sociaux pour forger une opinion, pour orienter les perceptions, et que ce sont les mêmes qui réagissent et interagissent.

    Celui qui a écrit qu’il y’a une tentative de diversion en l’air a-t-il vraiment tort : les deux millions ne se sont pas mobilisés dans la rue pour soutenir Koz, Abobo, Ran, pour dire non à la CIE, (on a encore en mémoire l’initiative d’une journée sans lumière), au permis de conduire, mais ils veulent manifester contre Bruno Koné sur la tête de qui ils veulent faire tomber le ciel.

    Pendant ce temps, les mesures pour lesquelles le ministre assure que leurs protestations, ne doivent pas être prises en compte avancent tranquillement.

    Du grand art de la part de Bruno Koné, que d’avoir su faire diversion pour créer un autre front, pour capter l’attention sur lui pendant que tout avance ailleurs.

    C’est clair: les deux millions (pardon les 200) qui croient être les plus forts et les plus nombreux, qui pensent qu’ils comptent plus que le suffrage universel, sont en fait manipulés avec leur plein gré pour faire disparaître les vrais sujets.

    Cela dit, il faut un sondage et un audit sur la réalité de l’impact et de la crédibilité des réseaux sociaux.

    Les émotions et les données basiques ne peuvent pas remplacer un travail scientifique avec des statistiques fiables.

    Au nom de la transparence et du débat public et démocratique en Côte d’Ivoire, ce travail technique et scientifique doit se faire, pour savoir si les réseaux sociaux peuvent remplacer les sondages et les instruments classiques de mesure de l’indice de satisfaction, comme par exemple les boîtes à suggestion dans les entreprises.

    En attendant personne n’est obligé d’être sur Facebook. Sans aucun profil on peut vivre heureux et ne rien rater de bon dans sa vie.

    Naître, grandir, dormir, manger, travailler, éduquer, mourir… sont possibles sans les 200 ou les deux millions. Cela se fait depuis des millénaires sans Facebook ou Twitter, ni les réseaux sociaux.

    Malgré les attentats, malgré le téléphone et la vidéo en direct, la vidéo conférence, les peuples voyagent toujours: les familles, les hommes d’affaires et les dirigeants ne se contentent pas de rester connectés, ils poursuivent le contact les à travers les voyages.

    Le virtuel à 200 ou même avec 7 milliards d’habitants connectés ou interconnectés n’est pas le réel. Écrire au gouvernement, au Président, faire des manifestations non virtuelles, entrer dans le réel…. tel est le bon chemin !

    Alice Ouédraogo

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