Georges Weah élu Président du Liberia, ce n’est pas une simple victoire électorale, ni une simple transition entre des figures politiques appartenant à un même système.
Cette élection signifie autre chose, car l’ex gloire du football l’a emporté très nettement sur le Vice-président sortant, Joseph Boakaï, qui est resté 6 ans au pouvoir avec Ellen Johnson Sirleaf. D’abord, les Libériens ont jugé que le bilan de Boakaï était des plus minces ; ensuite, Joseph Boakaï ne pouvait pas prétendre incarner le changement, lui qui, dans cette élection, a incarné pour la jeunesse toutes les travers des anciens dirigeants.
Cette élection, c’est aussi autre chose que le destin extraordinaire d’un enfant des bidonvilles, devenu une star du football mondial et qui arrive au bout d’une longue marche à être élu Président de son pays. Weah est tout sauf un politicien, c’est un homme politique qui va devenir un grand Chef d’État , dont l’engagement en faveur de la paix, du dialogue et de la démocratie ne sera jamais pris en défaut ! Dans une Afrique qui se caractérise encore aujourd’hui par ses turbulences politiques et ses brusques retours en arrière, dans une Afrique où certaines élections ne sont que des transitions, l’élection de Weah participe à l’édification d’une Afrique nouvelle, au-delà de la transformation du Liberia.
Lire aussi >> Présidentielle au Libéria : Tout se déroule normalement selon les observateurs de l’EU à la mi-journée.
Quelles leçons tirer à chaud de cette élection ? Première leçon : un pays comme le Liberia, que l’on croyait définitivement perdu après des années d’une guerre civile atroce, peut renaître à la paix et au dialogue. Deuxième leçon : la mobilisation de la jeunesse, des femmes et du peuple des travailleurs peut conduire à la victoire électorale. Troisième leçon : les populations africaines, désormais avides de démocratie et de développement, préfèrent les urnes aux armes. Quatrième leçon : ceux qui sont élus et qui continuent à gouverner sans que la vie des populations ne change, sans qu’il n’y ait croissance, prospérité et amélioration des conditions de vie, finissent par disparaître
Ce qui vient de se passer au Liberia, ce n’est pas une simple élection, mais la possibilité d’une transformation de l’Afrique. Les États-Unis, réticents au début, ont fini par soutenir George Weah. Tous les pays francophones, en particulier la Côte d’Ivoire qui a 700 kms de frontière commune avec le Liberia, ont considéré que la victoire de George Weah serait une bonne chose.
Mais, George Weah le sait bien : être élu pour être élu, ce n’est rien (encore faut-il gagner l’élection !). Une fois élu, il faut gouverner. Et gouverner s’est se retrouver face au défi des réalités.
Ceux qui ont discuté avec George Weah savent que sa principale préoccupation est de bien s’entourer : ministres, conseillers, présidents d’institutions, directeurs de l’administration centrale, autant de relais nécessaires pour mettre en œuvre une politique de développement, dont les priorités sont l’économie, l’agriculture, l’éducation et la santé.
Avant son élection, George Weah incarnait l’espoir d’une transformation du pays et de la réconciliation des Libériens entre eux. Il détient ce pouvoir politique qui lui permet d’agir. 61,5 % des électeurs Libériens lui ont fait confiance. Chacun savait que George Weah pouvait gagner.
Il est élu. Cette élection, – encore une bonne nouvelle venue d’Afrique ce jeudi 28 décembre 2017 -, montre que la transformation du Liberia a déjà commencé…
Mais, le plus difficile reste à faire.
Charles Kouassi