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    Wakili Alafé à propos du Gabon : ” Recompter c’est vérifier , aucune loi n’interdit de vérifier “

    Wakili Alafé à propos du Gabon : ” Recompter c’est vérifier , aucune loi n’interdit de vérifier “
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 8 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    De passage à New York, le journaliste écrivain Wakili Alafé a accordé un entretien le samedi 3 septembre 2016 à la radio SunuAfrik. L’après-élection au Gabon et la situation en Côte d’Ivoire sont les principaux thèmes abordés au cours des échanges.

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    Wakili Alafé à propos de 2020 « Il n’y a pas que Soro et Bakayoko pour succéder à Ouattara »

    De passage à New York, le journaliste écrivain Wakili Alafé a accordé un entretien le samedi 3 septembre 2016 à la radio SunuAfrik. L’après-élection au Gabon et la situation en Côte d’Ivoire sont les principaux thèmes abordés au cours des échanges.

    Quel est votre avis sur la situation au Gabon en tant que communicateur surtout Directeur Général de l’Intelligent d’Abidjan ?

    Cette situation est déplorable , et ne fait pas bien pour l’image du Gabon en particulier et de l’Afrique francophone en général. Avec ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire, au Nigeria où Goodluck a accepté sa défaite, au Burkina où les élections se sont passées sans contestation et au Niger où il n’y a pas eu grande contestation , nous avions pensé que l’Afrique de façon générale était sortie du cycle d’élections contestées.

    Il y a le recomptage des voix qui a été choisi comme voie de résolution de la crise par le camp Ping et la communauté Internationale, pensez-vous que cela puisse être possible ?

    Le mot recomptage est un mot galvaudé par rapport à l’expérience ivoirienne. Il s’agit simplement d’une vérification. Les uns et les autres ont tendance à faire une comparaison avec la crise ivoirienne , il y a certainement des similitudes, mais en fait, ce sont des scénarios bien différents. Il faut savoir qu’Ali Bongo est le président sortant et ce n’est pas lui qui crie à la fraude, il a donné l’impression de contrôler son système, alors que dans le cas ivoirien, ceux qui criaient à la fraude sont ceux qui étaient au pouvoir comme Ali Bongo aujourd’hui. Comment l’élection a pu leur échapper ? Dans le contexte gabonais , il est possible de faire une vérification. Si l’on doit s’en tenir aux différents codes électoraux qui contiennent très souvent des anomalies, on n’aurait jamais réglé des problèmes postélectoraux.

    Quels est votre avis sur l’attitude du Président Ivoirien qui a limogé son conseiller dès le début de cette histoire ?

    C’était juste pour donner des gages au gouvernement gabonais qui semblait faire de la surenchère ; c’était pour dire qu’il pouvait rester tranquille et que lui en tant que Président , Monsieur Ouattara ne se reconnait ni de loin, ni de près lié à cette histoire. Je pense que la famille Bongo a des amis, de la famille, des connaissances, peut-être même d’autres chefs d’Etats, des personnalités d’un pays, qui ont pu leur donner des conseils, ce n’est pas pour autant qu’on peut parler d’ingérence. Moi je pense que c’est une sorte de surenchère. Effectivement la réaction ivoirienne a été rapide, pour dire que la Côte d’Ivoire en tant qu’Etat souverain n’a rien à avoir dans cette histoire, dans cette affaire Ce n’est qu’un citoyen, un collaborateur du Chef de l’Etat qui connaît quelqu’un, qui a échangé avec lui. C’est vraiment à titre personnel et il fallait donner des gages dans ce sens. Apparemment cela n’a pas suffit car la surenchère continue au niveau de certaines autorités, de certains proches du gouvernement gabonais. Nous espérons que la sagesse à ce niveau va prévaloir.

    Comment trouvez-vous le silence des Présidents africains sur le cas du Gabon ? Et en même temps est-ce-que l’on pourrait dire que la démocratie en Afrique est faite de coup d’Etat et d’élection non transparente comme au Gabon ?

    Il y a un silence car c’est le principe en la matière quand il n’y a pas de consensus. Lorsque vous jetez un regard sur les élections au Bénin , il y a eu des vives tensions mais le consensus s’est vite décidé au premier tour et ils sont allés au second tour tranquillement. Lorsqu’il n’y a pas de contestation , les chefs d’Etats disent rapidement bravo, félicitations à celui qui a gagné et dont la victoire est reconnue par l’adversaire.

    Ne pensez-vous pas qu’ils devraient faire pareil même si ce n’est pas le cas ?

    Il y a eu une contestation car par exemple nous avons vu la déclaration du chef de l’Etat burkinabé qui a invité à la paix, au dialogue et qui a demandé d’observer les voies de recours prévues. Il a dit sans même le dire , de recompter.

    Et la France qui est toujours là dans nos affaires ?

    Il n’y a pas que la France. Il y a aussi la communauté internationale en général. Voyez-vous pourquoi quand les élections se déroulent bien au Bénin et que la France félicite les acteurs, personne ne s’en plaint. Maintenant quand des élections se passent mal au Gabon et que la France donne son avis, ça pose problème. Cela pose problème pour quelqu’un qui est mécontent mais l’autre camp est content. Cela ne lui pose pas problème. Cela ne pose pas de problème à Jean Ping lorsque la France demande d’observer , de vérifier . Au Bénin, lorsque les deux candidats étaient d’accord, ils étaient contents de voir la France les féliciter pour avoir bien organisé les élections. C’est quand un camp est mécontent qu’il s’en prend à la France, aux Etats-Unis d’Amérique, à l’Europe. Il faut sortir de cette hypocrisie. La France, les Etats-Unis interviennent partout. Au Nigéria, ils ont félicité Goodluck Jonathan pour avoir reconnu sa défaite, au Burkina Faso, ils ont félicité l’opposition qui a reconnu sa défaite. Quand il y a un camp qui se sent mécontent des résultats, il commence à s’en prendre à la France et à la communauté internationale. Voici la réalité.

    Si je comprends bien, vous faites partie des personnes qui se sentent à l’aise avec la Françafrique.

    La communauté internationale, les États-Unis d’Amérique. Pas seulement la France. Il faut justement éviter de penser que les problèmes de l’Afrique sont uniquement le fait de la France. Il y a eu des élections en Afrique , il y en a eu au Niger et au Bénin, tout s’est bien passé. Au Benin on avait même dit que Lionel Zinsou était le candidat de la France. Mais cette France n’a pas imposé son candidat. Après on a voulu nous fait croire que Patrice Talon était lui-même le pion de la France. Décidément ! C’est avec qui finalement la France est ? Au départ on n’a pas dit que c’était lui. On a dit que la France n’en voulait pas. Ils ont dit que c’est Lionnel Zinsou que la France voulait. Subitement Talon devient leur homme.

    Pouvez nous décrire la situation politique, entre l’opposition et le pouvoir, en Côte d’Ivoire ?

    Il y a un dialogue qui avait été amorcé entre le Fpi dirigé par Pascal Affi N’Guessan et le pouvoir. Ce dialogue a pris du plomb dans l’aile ces derniers temps à la faveur des débats sur la nouvelle constitution. Mais à l’initiative de la Représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU, un début de rapprochement et de reprise du dialogue est en cours. Cela s’est matérialisé par l’annonce de la libération de nouveaux prisonniers. La situation est marquée par la poursuite de la normalisation mais aussi par ce débat assez houleux , ou du moins qui le sera de plus en plus dans les semaines à venir , au sujet de la nouvelle constitution en cours d’élaboration , et qui devra être soumise à la population à l’occasion d’un referendum.

    Parlez-nous également de ceux-là qui se prononcent sur la succession d’Alassane Ouattara. Qui ne cessent de polémiquer sur les personnes de Hamed Bakayoko et de Soro Guillaume. Pensez-vous que la succession pourrait venir de ces deux personnes ?

    Ce sont des spéculations. 2020 est encore loin, c’est dans 4 ans. Il y a une union qu’on appelle le RHDP. Le PDCI est là et les gens parlent comme s’ils n’y avaient que le RDR et le Président Ouattara et qu’il n’y avait pas Bédié. Les gens sont libres de parler. Mais à l’approche de 2020, on verra ce qui va se décider. Il faut savoir qu’il n’y a pas que ces deux personnalités. La Côte d’Ivoire a beaucoup de cadres au sein du RDR, du PDCI. Mais au-delà, il y a l’opposition dont vous avez parlé tout à l’heure. M. Affi N’Guessan, M. Koulibaly Mamadou et des personnalités proches de M. Laurent Gbagbo, l’ex-président. Les réseaux sociaux, les partisans, les journaux peuvent spéculer mais les leaders et les partis politiques feront connaitre leur choix. Mais n’oubliez pas aussi que le peuple aura son mot à dire même si les appareils ne choisissent pas une personnalité. On a vu le cas Patrice Talon. Le peuple décidera ceux qu’il estime avoir la capacité de diriger la Côte d’Ivoire ou de succéder au Président Ouattara. Même si leur parti ne les choisit pas. À eux d’avoir le courage , le courage d’aller à la rencontre du peuple. Je pense qu’on peut observer cela avec beaucoup de sérénité.

    Propos retranscrits par OS, AS Ecoutez aussi sur ce lien : Exclusif Sunuafrik: Entretien avec Alafé Wakili, Directeur de publication L’intelligent d’Abidjan

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