À partir du 1er septembre 2024, les Ivoiriens détenteurs de passeports ordinaires devront obtenir un visa pour se rendre au Maroc.
Les autorités ivoiriennes ont en effet décidé d’instaurer un visa pour les détenteurs de passeports ordinaires ivoiriens voyageant entre le Maroc et la Côte d’Ivoire. Qu’en pensent des Ivoiriens résidant au Maroc ?
Entre scepticisme et compréhension
Paulin Goudé, actuel président des Ivoiriens et des subsahariens de la ville de Mohammedia, a déclaré que la communauté n’a pas reçu de notification ou de message de la part de l’ambassade ivoirienne concernant cette décision. Selon un document circulant sur les réseaux sociaux, l’ambassade ivoirienne au Maroc a informé les autorités marocaines.
Marius Trésor Guédé, ancien président de l’Association des Ivoiriens et des Subsahariens de Mohammedia, a expliqué que cette décision a été prise en réaction aux mésaventures des Ivoiriens qui se rendent au Maroc pour ensuite tenter de rejoindre l’Europe par la mer : « Plusieurs de nos frères sont morts noyés. L’image du pays est ternie, et cela n’est pas acceptable. À mon avis, c’est une des mesures pour au moins sauver des vies ». Concernant le réseau de mariages arrangés, il a dénoncé les manigances de certains Ivoiriens et a invité les autorités de son pays la Côte d’Ivoire à redoubler de vigilance.
Accord sans réserve
Fofana Lassana, président de l’Association pour l’intégration des réfugiés, immigrés et demandeurs d’asile, soutient la décision, estimant que les documents administratifs ivoiriens se retrouvent entre de mauvaises mains. Il croit que cette mesure contribuera à réduire la traite des êtres humains, en particulier celle des enfants envoyés dans des contrats douteux. Déplorant les ravages de l’immigration clandestine, il a déclaré : « Trop, c’est trop !». Il a dit attendre un message officiel de l’ambassade à la communauté ivoirienne au Maroc.
Les attentes de ceux qui souhaitent rentrer au pays
Franck Ulrich Nemorou, fondateur de Travel Business Tour,estime qu’au lieu d’ériger des barrières pour restreindre les déplacements des Ivoiriens, les autorités ivoiriennes devraient créer des opportunités pour les aider véritablement à rentrer notamment au pays . « Si vous posez la question à quatre Ivoiriens sur cinq, ils diront tous qu’ils veulent rentrer au pays. Nous voulons revenir. Moi, si j’ai l’opportunité aujourd’hui, je quitte ici », a-t-il expliqué.
Lui qui a également vécu en Tunisie de 2016 à 2019, s’interroge sur les mécanismes mis en place par le gouvernement pour accompagner ceux qui souhaitent retourner en Côte d’Ivoire. « Parmi nous, il y a des porteurs de projets novateurs, des start-ups. Il y a aussi des étudiants en fin de cycle qui, depuis deux ans, n’ont plus de titre de séjour», a-t-il ajouté, appelant à un soutien accru de l’État.
Ce qu’il faut savoir
L’instauration du visa pour les voyages entre la Côte d’Ivoire et le Maroc durera deux ans. La mesure ne s’applique pas aux Ivoiriens titulaires de passeports officiels, ni aux citoyens marocains désireux de se rendre en Côte d’Ivoire. Les ivoiriens détenteurs de cartes de résident au Maroc, les détenteurs de passeport ivoirien muni d’un visa Schengen, d’un visa des États-Unis ou du Canada ne sont pas concernés. Une évaluation de l’impact de la mesure sera effectuée le 1er septembre 2025, selon le ministère ivoirien des Affaires étrangères, pour décider de l’opportunité d’essayer sur deux ans.
Charles Kouassi et Claude Dassé
