Une vidéo de torture humaine infligée sur un citoyen guinéen, postée sur Facebook indigne les ONG de défense des droits de l’Homme. Cette vidéo filmée par un militaire montre des agents de forces de l’ordre commettre des actes “inhumains et dégradants” sur un jeune présumé détenteur d’arme de guerre. Sur la toile, c’est l’indignation et la désolation de toutes les couches sociales. Afrikipresse a interrogé un avocat guinéen, Me Frédéric Foromo Loua, président de l’ONG les “Mêmes Droits pour Tous” (MDT) qui affirme être déçu et révolté.
Afrikipresse : Comment réagissez-vous à la vidéo de torture infligée à un citoyen postée sur les réseaux sociaux ?
Frédéric Foromo LOUA : J’ai un sentiment de déception, de révolte et d’incompréhension. Parce qu’on a trop parlé d’interdiction de la torture dans ce pays. Les ONG ont investi, le gouvernement guinéen a investi à travers ses partenaires dans le cadre de la réforme des forces de défense et de sécurité. Si après d’énormes efforts, on nous offre encore un spectacle criminel comme ça, c’est révoltant, c’est décevant et nous sommes dans l’incompréhension. Ce que nous demandons, est que l’État doit pouvoir se donner les moyens pour démasquer ces criminels, les suspendre pour un premier temps de toute activité au sein des forces de défense et de sécurité, et puis qu’ils répondent de leurs actes devant la justice.
Déjà, le gouvernement a condamné l’acte et affirme qu’une enquête est ouverte pour identifier les auteurs. Est-ce que vous avez une assurance que lorsque ces auteurs seront identifiés, ils répondront de leurs actes?
En Guinée, on est habitué à ce phénomène. Chaque fois qu’il y a une situation ou une crise qui crée une onde de choc dans notre pays, le Gouvernement sort un communiqué pour dire que des enquêtes sont ouvertes. Je veux bien croire le gouvernement, pour cette action-là; en tout cas cette fois ci, je voudrais que le gouvernement aille au delà de cette simple déclaration. Comme l’ont dit les responsables de la Police, il faut qu’une enquête soit véritablement menée, que les criminels soient démasqués et condamnés à la hauteur de leur forfaiture. On ne peut pas sous la bénédiction d’une enquête déjà ouverte passer sous silence tous les actes criminels. Les actes que nous avons vus sur les réseaux sociaux ternissent l’image des Guinéens, et jettent du discrédit sur le travail des forces de défense et de sécurité. Si cet affront n’est pas lavé à travers des mesures idoines , de nature à empêcher définitivement la commission de ces genres de crimes, je pense que personne dans notre pays ne sortira gagnant de cette situation.
Par Aliou BM Diallo