Après la “réélection” présidentielle “controversée et contestée” du 20 mars 2016, Denis Sassou Nguesso a prêté serment le 16 avril devant plusieurs chefs d’État du continent et plusieurs autres délégations étrangères.
Réélu au premier tour avec 60,39 % des voix, selon les résultats officiels, Sassou a vite été contesté par ses deux principaux adversaires Guy-Brice Parfait Kolélas arrivé deuxième avec 15,05 % des voix, devant le général Jean-Marie Michel Mokoko, 13,89 %. Ces deux opposants ont été appuyés par les États-Unis et le Canada qui ont fustigé “sèchement” la réélection de Nguesso ayant passé 32 ans au pouvoir. Devant toutes ces contestations, la France, ancien pays colonisateur du Congo-Brazzaville n’a pour l’instant dit aucun mot.
De quelle marge de manœuvre dispose donc le Président Denis Sassou Nguesso pour ces 5 prochaines années à la tête de son pays?
La présidentielle contestée du 20 mars a été suivie d’incidents graves dans la bastion du pasteur Frédéric Ntoumi, délégué général auprès du président de la République , qui est chargé de la promotion des valeurs de paix et de la réparation des séquelles de guerre. À la veille du scrutin et les heures qui ont suivi, les canaux de communication (sms, internet, téléphone) ont été coupés sur instruction du pouvoir congolais, pour dit-on,”des raisons de sûreté nationale”. Cette attitude “malsaine” du régime Sassou a été fortement dénoncée voir cravacher par l’opposition, les USA et le Canada.
Après la publication officielle des résultats par la commission électorale, annonçant la victoire du Président sortant, les opposants ont dénoncé une “fraude massive” et appelé “à la désobéissance civile généralisée”, invitant aux Congolais de réclamer “leur vote confisqué et volé”.
Les États-Unis ne sont pas restés muets face à cette “triste réalité” du pays des grands lacs. L’administration Obama relève que l’élection présidentielle du 20 mars est effectivement entachée d’”irrégularités”. Il y a eu, selon un communiqué du département d’État américain des “irrégularités généralisées, des arrestations de partisans de l’opposition”. Le département d’État a exprimé ses vives inquiétudes au sujet des actes de violences enregistrés dans la nuit du 04 avril (…) après la réélection controversée du Président Denis Sassou Nguesso. “Le climat de peur est nocif à l’unité nationale, la paix” qu’attendent les Congolais, selon les États-Unis.
Dans le même ordre d’idée, le Canada, crache sa “vérité” à Sassou. “Le Canada déplore le processus électoral irrégulier qui a mené à l’investiture …de M. Denis Sassou-Nguesso à titre de président de la République du Congo, y compris différentes arrestations arbitraires, les restrictions imposées sur les télécommunications et la libre circulation, et les tentatives d’intimidation des médias”, lit-on dans une déclaration du ministre des Affaires étrangères et celui du ministre du Développement international et de la Francophonie.
Cette vérité, les Canadiens l’assument avec plus de clarté, qu’ils estiment de leur devoir moral, de le faire au nom de la francophonie, “pour garantir la gouvernance inclusive, le pluralisme pacifique et la croissance macroéconomique, qui profiteront à la population congolaise.”
À ce titre, quel sera l’avenir des relations entre le Congo , les USA et le Canada? L’ancienne puissance colonisatrice du Congo, la France, reste enfermée dans sa cage. Une position commune que les autres pays de la francophonie ont adopté. C’est ça aussi les élections africaines, souvent caractérisées par la fraude et du tripatouillage du fichier électoral.
Laissant passer sous silence les “nombreuses irrégularités” électorales constatées au Congo-Brazza, la France veut-elle sauver son honneur au nom de “ses intérêts” économiques dans ce pays?
Eu égard donc de la position affichée de ces grandes puissances et la détermination de l’opposition à en découdre avec le pouvoir, le prochain quinquennat de Sassou ne serait pas si facile à mener.
Aliou BM Diallo