Les évènements récents montrent qu’à 63 ans, le Président Blaise Compaoré a été lâché par lesmilitaires et conspué par la rue à cause de sa volonté de se maintenir au pouvoir ad vitam aeternamLes mises en garde, y compris dans son propre camp, s’étaient pourtant multipliées pour le dissuaderd’entreprendre cette manœuvre qui allait lui être fatale.
Le Président Blaise Compaoré avait décidé malgré cela, à la mi-octobre 2014 de faire passer à lahussarde une réforme constitutionnelle qui lui aurait permis de briguer en 2015 un nouveau mandatprésidentiel, le cinquième depuis 1987.
Cet évènement arrive, au moment où l’Afrique confirme son décollage économique dans la suite de laChine, l’Inde, et le Brésil. La croissance économique du continent a atteint 6,2% en 2013. Un rythmedeux fois plus élevé que celui de la population.
L’Afrique est la nouvelle frontière de la mondialisationavec une vitalité démographique et un doublement de la classe moyenne. Le changement deconstitution dans un but contraire à l’intérêt général, fragilise l’Etat en Afrique provoque les conflitsarmés. Les Etats deviennent instables, sapés par les violences ethniques. Ce signal est négatif pour lesautres Etats Africains.
Aujourd’hui, la priorité pour les responsables politiques Africains, est depoursuivre l’amélioration de la bonne gouvernance afin de stabiliser leurs Etats. C’est à ce prix, quel’on pourra consolider le développement et la paix. Par ailleurs, les populations africaines ont besoinde justice, justice pour les personnes d’abord, mais aussi justice pour l’économie. Nous savons queplus l’Etat est faible, plus les bandits s’installent aux manettes de la nation et plus les peuplessouffrent.
Le manque de développement provoque une absence totale de perspective pour les jeunesde plus en plus nombreux. Il faudrait d’abord avoir un consensus des forces politiques qui reflétera lecontenu de la constitution (cette loi fondamentale) clé de voûte de tout système démocratique dignede ce nom qui doit impérativement être respectée de tout temps. Cette condition étant remplie, lamajorité élue pourra former un gouvernement qui aura toute la légitimité d’explorer les possibilitésde dialogue.
Les faits politiques sur le continent démontrent à chacun de nous, que la stabilitéétatique portée par l’individu n’est que paille et sable. Cet éphémère équilibre construit autour d’unchef, fût-il éclairé, pondéré, rassembleur même robuste, demeure immanquablement mortel et nepeut donc jouer le rôle de ciment politique et social que durant le temps très court d’une vie.
Il estdonc essentiel que la stabilité soit réfléchie et organisée comme une responsabilité permanente detoute la collectivité qui doit fonctionner sur des principes, des règles et des lois applicables à tous.Pour concrétiser cette aspiration, le renouvellement régulier des hauts responsables politiquess’impose.
M. César BENG
Ancien conseiller du Président Philippe SEGUIN
Consultant en relations internationales