Le poète et universitaire Thierry Sinda lance le label TSM éditeur avec le livre Les Olympes noirs, Poésie, Sport, Droits civiques et Émancipation du Martiniquais Henri Moucle, auteur entre autres de Chant du Black Paname publié chez Delatour France. Dans ce livre, il avait fait des « poèmes biographiques et événementiels » (terme de feu la princesse poétesse malgacho-comorienne Houria) sur des figures noires du monde de la politique et du show-biz qui par leurs distinctions et titres avaient contribué à lutter contre les clichés négatifs à l’encontre du Noir en France. Dans le cadre des JO Paris 2024, Moucle met en avant dans son nouveau livre le rôle de figures noires américaines sportives dans la lutte contre le racisme et la discrimination raciale aux USA. La parution du livre est imminente : le 20 juillet 2024. Nous avons rencontré Thierry Sinda, l’éditeur et préfacier du livre.
Pourquoi investissez-vous à présent le domaine de l’édition ?
Thierry Sinda : Je n’investis pas le domaine de l’édition, je reviens à mes premières amour. En 1990, j’ai fondé la revue La Feuille, revue semestrielle panafricaine de cinéma.C’est la premier revue de cinéma africain de France. J’en était le principal rédacteur. La revue était éditée par l’association Cinéphile Club Afrique Caraïbe Océan Indien dont je suis le fondateur et le président jusqu’à ce jour. La revue avait fait à l’époque l’effet d’une bombe, elle a bénéficié d’une bonne visibilité médiatique. La coopération française s’ y était abonnée pour plusieurs centres culturels en Afrique. La revue était bilingue français-anglais. Vous pouvez la consulter à la Bibliothèque nationale de France (où on fait le dépôt légal) et dans d’autres bibliothèques à travers le monde. TSM éditeur, c’est un remake 34 ans plus tard. En 2009, j’ai été le président-fondateur de Génération diversité pour lutter contre le racisme en France. Ça a débouché la même année sur la formation du parti politique Union Pour la Nouvelle France qui lors de l’élection régionale de 2010 a contribué à dé-ségréguer le Conseil Régional d’Île de France où l’offre de la diversité par les partis politiques de la précédente mandature était quasi nulle ; il n’y avait que trois élus noirs : un communiste, un radical et un FN. Notre discours a amené les grands partis qu’étaient le PS et Les Républicains à présenter une offre électorale incluant désormais la diversité. La diversité est de nos jours assez bien représentée au Conseil Régional d’Île de France, même si les partis politiques on fait l’impasse totale sur la diversité handicap physique.
Que signifie la marque TSM éditeur ?
TS Ce sont les initiales de mes prénoms et de mon patronyme tels qu’ils figurent sur mon acte de naissance : Thierry Sinda Mambou.
Qu’est-ce qui vous a amené à choisir pour premier livre de TSM éditeur Les Olympes noirs, Poésie, Sport, Droits civiques et Émancipation d’Henri Moucle ?
TS J’ai été agent littéraire d’Henri Moucle pour son livre Chant du Black Paname que j’ai fait éditer chez Delatour France en 2017. Le livre a eu un franc succès d’estime. Nous avons travaillé en bonne intelligence. Deux ou trois ans après, il m’a de nouveau fait appel pour Les Olympes noirs. Notre projet était en stand by car on était pris chacun de notre côté par divers autres projets. 2024, étant l’année où les JO se tiennent à Paris, on a repris le projet en main, car c’était l’opportunité de conférer à un livre de qualité, – et non de circonstance (c’est à dire souvent bâclé et sonnant faux) – un terrain favorable pour sa visibilité. Je voulais le faire à mon rythme et comme je l’entendais : « poésies biographiques et événementiels » de figures sportives du monde noir-américain, et mini biographies et photos de ces Olympes noirs qui ont contribué à faire changer la condition d’infériorité dans laquelle était tristement cantonné le Noir. C’est pour cela que j’ai créé TSM éditeur pour avoir les coudées franches.

Les Olympes noirs est un livre mélangeant poésies biographiques et événementiels, photos et de mini-biographies. Il met en exergue la contribution de sportifs noirs de niveau olympique et mondial pour la lutte contre le racisme et de la ségrégation raciale aux États-Unis. Pouvez-vous nous donner quelques exemples ?
TS Comme vous le savez, les Afro-américains ont été arrachés à leur terre d’Afrique lors de la traite négrière et de l’esclavage. Ils étaient vendus comme du bétail : on scrutait leur taille, leur dentition, la largeur de leurs mains, etc. Ils étaient esclavagisés, transformés en « bien meuble », régis par un code d’exception : le Code noir en France (ou The Black Code aux USA) qui conférait à leur maître un droit de vie, de mort et de mutilation à leur encontre. On a construit une histoire mondiale fictive affirmant que le Noir n’ avait pas de culture, qu’il était laid, inintelligent et faible. Le Pape de la Négritude poétique Aimé Césaire s’inscrira, – à la suite du romancier guyanais René Maran Prix Goncourt 1921 pour Batouala, Véritable roman nègre, – en faux contre ces mensonges de science fiction, en écrivant en 1939, à l’époque coloniale : « Aucune race ne possède le monopole de la beauté, de l’intelligence, de la force, et il y a de la place pour tous au rendez-vous de la conquête ». Son compatriote Henri Moucle renchérit, en 2024, dans son recueil travail de mémoire Les Olympes noirs, en écrivant dans son poème inaugural Boxe dédié aux boxeurs ségrégués :« Sur un croissant de lune / Une devise scintillait / Va, combats et sois digne / Force-les à te respecter. » Concrètement cela se traduit par, en 1908, le titre de Jack Johnson, premier noir champion du monde de boxe poids lourd. Grâce à sa technique, grâce à son mental, grâce à sa force, il bat un Blanc, sous les huées d’une foule raciste. Pour l’époque on marche sur la tête : un Noir corrige un Blanc sur un ring de boxe. Le Noir qui avait l’habitude d’être fouetté par le Blanc, lequel avait comme spécialité de lui admonester des coups de pied au cul, se voit triompher physiquement du le Blanc ! Sur le plan du cinéma, il faudra attendre les années 1970, et la Blaxploitation, pour voir des Noirs frappant des Blancs dans un film. On pourrait citer aussi, Jesse Owens le quadruple champion aux JO Berlin 1936, auquel Hitler a refusé de serrer la main ;A son retour aux États-Unis le Président Franklin Roosevelt refusa de le recevoir à la Maison blanche. C’étaient des champions ostracisés; lesquels après leurs brillantes médailles olympiques et mondiales retournaient, petitement, vivre dans les ghettos d’un monde ségrégué, dans lequel ils occupaient la place de sous-homme.
Savez-vous combien de médailles a décroché l’Afrique aux JO depuis qu’elle y participe et quelle est part de la Côte d’Ivoire ?
TS Depuis sa participation aux JO l’Afrique a décroché 286 médailles Olympiques, la plupart sont détenues par le Kenya, l’Éthiopie et l’Afrique du Sud. La Côte d’Ivoire a 4 décroché 4 médailles : une médaille d’argent aux JO de Los Angles 1984 à Grabriel Tiacoh pour le 400 mètres ; une médaille de bronze aux JO de Rio 2016 à Ruth Gbagbi en taekwondo (femme moins de 67 kg) et une médaille d’or à Cheick Cissé en taekwondo (moins de 80 kg) ; et une médaille de bronze aux JO de Tokyo 2020 à Ruth Gbagbi en taekwondo (femme moins de 67 kg). Je pense que Ruth Gbagbi et Cheick Cissé font partie des sportifs en lice pour les médailles olympiques de 2024.
C’est à Rome en 1960, dans l’épreuve du marathon, que l’Afrique, à peine émancipée, fait son entrée fracassante dans la moisson des médailles Olympiques : médaille d’or à l’Éthiopien Abébé Bikila et médaille d’argent au marocain Abdeslam Radi. Moucle leur a consacré un beau poème dans Les Olympes noirs intitulé « Lauriers marathoniens d’Afrique ». Ils ont fait la fierté de l’Afrique qui s’émancipe, rivalise, et bat leurs anciens maîtres sur leur propre terrain. Il est curieux et désolant qu’il n’y ait pas dans toute l’Afrique des stades ou des rues à leurs noms.

Vous allez consacrer pendant les JO quatre émissions sur « Poésie et sport » autour des Olympes noirs dans votre magazine Poétiquement vôtre sur la webradio globe-radio.org
TS Oui effectivement les dimanches 21 et 28 juillet et les dimanches 4 et 11 août de 14 h à 14 h 45 dans mon émission Poétiquement vôtre sur globe radio. Chaque émission pourra être réécoutée pendant 7 jours.On fera des devinettes pour faire gagner des exemplaires du livre aux auditeurs qui pourront nous appeler du monde entier via le WhatsApp de TSM éditeur.
‘
Où peut-on se procurer Les Olympes noirs d’Henri Moucle ?
TS Le livre est référencé donc on peut le commander dans toutes le librairies du monde et sur les plate-formes marchandes en (ligne Amazon, la Fnac…) la mise place est en train d’être faite par notre distributeur Cyber Scribe. Vous pouvez aussi commander le livre directement chez TSM éditeur où que vous soyez dans le monde. Le prix du livre est de 20 €.
TSM éditeur, mail : tsmediteur@gmail.com