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    Sur les traces d’Alassane Ouattara, un ivoirien en Haute-Volta (Moriba, Côte d’Ivoire)

    Sur les traces d’Alassane Ouattara, un  ivoirien en Haute-Volta (Moriba, Côte d’Ivoire)
    Publié le
    Par
    Philippe Kouhon
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    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    « Les origines d’Alassane Dramane Ouattara », le titre du premier chapitre du livre du journaliste-écrivain, Moriba Magassouba, intitulé « Alassane Ouattara, la passion du devoir » dont le tome 1 « Ado : naissance d’un mythe » est sorti en octobre 2020, nous replonge dans la longue polémique qui a jalonné toute la vie politique de celui qui depuis avril 2011 dirige la Côte d’Ivoire : ses origines burkinabè. Une Polémique alimentée par le concept de l’ivoirité déjà sous Bédié puis sous Laurent Gbagbo, à dessein et juste pour écarter un adversaire politique gênant !

    « De tous les hommes politiques ivoiriens contemporains, Alassane Dramane Ouattara, dont les ennemis ont tenté, en vain, de mettre en doute les origines, est certainement celui qui est de la plus haute extraction sociale » introduit Moriba Magassouba.
    Et d’ajouter : « Alassane Ouattara appartient au peuple dioula, qui appartient au groupe mandingue localisé dans la région de Kong. Originaire de Gbéléban, dans le département d’Odienné, au nord de la Côte d’Ivoire, la mère d’Alassane, Hadja Nabintou Cissé, décédée en novembre 2005, est née à Dabou, en pays adjoukrou ».
    Si les ennemis d’Alassane Ouattara n’ont jamais douté des origines de sa mère, Nabintou Cisé dont le père, El Hadj Cissé, était un riche planteur installé à Dabou mais également les oncles, Abdoulaye et Moussa Cissé, de grands transporteurs à Gagnoa et à travers les pays limitrophes ( Mali et Guinée Conakry), il faudra lire cette partie du livre pour comprendre que le père d’Alassane Ouattara, El hadj Dramane Ouattara est de la neuvième lignée de l’empereur Sékou Ouattara (1705-1745).
    L’auteur raconte que le père d’Alassane était un sofa dans l’armée de Samory Touré au moment de sa capture à Guélémou, à la frontière ivoiro-guinéenne en 1889.
    Après sa déportation à l’école des otages sur l’île de Gorée au Sénégal par les français, El Hadj Dramane Ouattara sort en 1907 avec un diplôme d’instituteur.
    « Il servira dans plusieurs localités du pays comme Toupah à Dabou, à Daloa, à Kotobi et Dimobokro en pays baoulé situé dans le centre de la Côte d’Ivoire où Alassane verra le jour le 1er janvier 1942 (…) Le père d’Alassane fut l’un des premiers Ivoiriens à posséder une voiture et une salle de cinéma à Abidjan au début des années 1950 (…) Le vieux Dramane sera aussi amené à contribuer financièrement à l’éclosion du Rassemblement démocratique africain, RDA à Dimbokro. Il mourut en 1980 à l’âge de 109 ans » relate Moriba Magassouba.
    On apprend aussi que le petit Alassane après avoir fait ses premières classes à Dimbokro, a rejoint à l’âge de 10 ans son père (qui a fui la répression coloniale à Dimbokro des années 1950) à Sindou, localité située dans l’ex Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso.

    « Il faut dire que dès 1960, année de l’accession de la Côte d’Ivoire à l’indépendance, El Hadj Dramane Ouattara, qui avait volontairement abandonné sa nationalité française pour prendre celle du nouvel Etat, la Côte d’Ivoire, avait hérité de la chefferie coutumière des Ouattara dans la province de Somafesso qui s’étend de Linguèkoro, en Côte d’Ivoire, jusqu’à la Haute-Volta, au Ghana et au Mali et dont la résidence s’établissait à Sindou. Et parce que les gens de Sindou disaient qu’il était ivoirien, il n’a pu être intronisé entre 1945 et 1950. Ce n’est qu’après la mort de son cousin qu’il fut rappelé pour occuper la fonction qui lui revenait de droit » écrit l’auteur.
    « Le plus drôle dans cette histoire c’est qu’en Haute-Volta nous avons été considérés comme des Ivoiriens et en Côte d’Ivoire, comme des Burkinabè par certains de nos compatriotes » ajoute Alassane Ouattara lors d’un entretien avec l’auteur à Abidjan le 8 novembre 2007.

    Un petit ivoirien en Haute-Volta


    Le village de Sindou n’ayant pas d’école primaire, le jeune Alassane, ira poursuivre sa scolarité à Banfora où il décroche son certificat d’études primaires élémentaires (CEPE) et s’inscrit au collège moderne de Bobo-Dioulasso (CMB) en novembre 1954. Il avait 12 ans.
    « Au collège, tout le monde appelait Alassane, l’Ivoirien » se souvient le Pr Faustin Sié Sib, condisciple et l’un des meilleurs amis d’Alassane Ouattara. C’était au cours de l’entretien avec l’auteur à Ouagadougou le 10 juillet 2008.
    La suite est connue de tous. Après un premier échec au baccalauréat en 1960-1961, il finit par l’obtenir en 1962. Il sera la même année, sélectionné pour aller poursuivre ses études en sciences économiques de gestion aux Etats-Unis muni d’un passeport voltaïque. Un fait (le passeport) qui sera retenu plus de trente ans plus tard à son encontre par ses détracteurs qui en feront une preuve intangible de ses origines burkinabè. De ses études universitaires à Pennsylvanie, il décroche son master et son doctorat en économie en 1967 et intègre le fonds monétaire international (FMI).

    Philippe Kouhon

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