Depuis sa réélection pour son second et dernier mandat à la tête de la Guinée, Alpha Condé a animé pour la première fois, une conférence, “improvisée”. Le but était de répliquer aux accusations portées contre son fils dans une affaire de corruption avec une société minière exploitant en Guinée “Sable Mining Limited”.
Face à la presse, dimanche 15 mai 2016 au Palais Sékoutoureyah, Alpha Condé s’est montré “choqué” par ces accusations qu’il balaie d’un revers de la main. “Qui d’entre vous ici connaît le visage de mon fils, [parmi les journalistes]? Il n’y en a pas beaucoup. Comme on n’arrive pas à m’atteindre, puisqu’en matière de communication, ils n’ont pas d’argent, il faut trouver un bouc-émissaire. Franchement, ça ne me fait ni chaud, ni froid. Dès que je suis devenu président j’ai dit dans Jeune Afrique que si ma femme se trompe pour m’apporter un dossier, je divorce parce que moi, je connais l’Afrique. Les chefs d’État échouent en Afrique pour trois raisons : l’argent, les femmes et la famille. Aucun membre de ma famille n’est dans une affaire. Les gens sont libres de dire ce qu’ils veulent”, a répliqué le chef de l’État.
Et Alpha Condé de rappeler: “dès que je suis venu, en 2011, il y a eu un attentat contre moi parce que j’ai remis en cause les mines. Est-ce que cela m’a empêché de continuer? Nous allons continuer et nous allons récupérer d’autres permis. Ils sont libres de dire ce qu’ils veulent. Moi, j’ai été opposant, j’ai gagné les élections. Demandez à un homme d’affaires étranger, français ou guinéen, qui m’a financé ? Personne!”.
Au fur et à mesure qu’Alpha Condé développe sa communication, il déverse sa colère. “Moi je me suis battu pendant des années, je n’ai pas accepté d’être dans un gouvernement, ni un membre de mon parti. Honnêtement, je m’en fou. Qu’ils écrivent ce qu’ils veulent. Ce n’est pas les journaux qui dirigent la Guinée. Ce n’est ni Le Monde, ni le Figaro, ni RFI, ou quoi que ce soit, qui dirige la Guinée. Qu’ils écrivent ce qu’ils veulent. Moi, mon seul juge, c’est le peuple de Guinée et le peuple africain, c’est tout. Tant que je mène la politique que mon peuple veut, personne ne me dira qu’il m’a donné de l’argent. Si on n’atteint pas le papa, on attaque le fils. Ils sont libres d’intoxiquer comme ils le veulent. Je ne suis pas impressionné par ce que la presse écrit. La preuve, je ne vais jamais sur internet, sauf sur mon Facebook. Je ne lis pas les journaux. Depuis que j’étais opposant, je ne lis pas les journaux, je n’écoute pas la radio…”.
Faut-il souligner que cette réplique fait suite à des allégations faites par l’organisation non gouvernementale Global Witness, concernant les activités de la société Sable Mining Limited en République de Guinée.
Un rapport publié par Global Witness allègue que les dirigeants de Sable Mining Limited ont eu recours à la corruption dans la sécurisation de permis sur les ressources naturelles en Guinée. Le contenu du rapport a été révélé par certains journaux français, qui ont mis à mal le pouvoir de Conakry.
Aliou BM Diallo