Des accusations de favoritisme envers la Société Coopérative des Pêcheurs Artisanaux d’Abidjan (Socopaa-Scoops) circulent au Port de pêche d’Abidjan. Kallo Vessaly et Habdramane Coulibaly expliquent ce qu’il en est exactement.
En effet, des acteurs du secteur de la pêche dénoncent la préférence apparente accordée à cette société par les autorités ivoiriennes, notamment pour la certification des exportations de poissons vers l’Union européenne, au détriment des installations du port de Locodjro.
Habdramane Coulibaly rassure
La controverse a commencé lorsque la Direction des pêches a publié une liste de 47 embarcations autorisées pour 2024, mais 24 jours plus tard, le Directeur de cabinet du ministre a réduit ce nombre à 11, toutes appartenant à un seul opérateur, suscitant des allégations de monopole. Le directeur exécutif de l’Interprofession pêche de Côte d’Ivoire, Habdramane Coulibaly, a réfuté ces accusations, précisant que les sociétés non conformes aux normes ou en retard dans le paiement de leurs licences ne peuvent être considérées comme défavorisées. Il a aussi appelé les acteurs du secteur à respecter les normes européennes pour éviter des sanctions contre la Côte d’Ivoire.
Directeur des Services vétérinaires du MIRAH, Dr Kallo Vessaly fait des précisions
Dans cette affaire, la réaction du ministère des Ressources Animales et Halieutiques a été exprimée par Dr Kallo Vessaly, directeur des Services vétérinaires, qui rejette certaines allégations, notamment celles concernant l’exportation des produits de la pêche ivoirienne vers l’Union européenne.
« Dans le cadre de nos échanges avec l’Union européenne, nous sommes soumis à la législation européenne lorsqu’il s’agit d’exporter vers ces pays. Tout exportateur doit être en conformité avec la législation du pays importateur. Notre législation en matière d’exportation de produits halieutiques a été jugée conforme à celle de l’Union européenne, comme en témoigne l’audit auquel la Côte d’Ivoire est soumise depuis une trentaine d’années par l’Union européenne. Le premier audit a eu lieu en 1996 et s’est soldé par un échec, ce qui a conduit à la délisting de la Côte d’Ivoire des pays exportateurs vers l’Union européenne. C’est pourquoi toutes les industries thonières se sont modernisées pour répondre aux normes de l’Union européenne. Depuis lors, la Côte d’Ivoire a maintenu sa place sur la liste des pays exportateurs de thon vers l’Union européenne. C’est le seul produit fini que nous exportons directement vers l’Union européenne et que les consommateurs européens consomment directement. Il va sans dire que l’Union européenne veille à ce que toutes les dispositions sanitaires soient respectées pour protéger leurs consommateurs. Si nous manquons de compétences techniques et professionnelles, la Côte d’Ivoire sera retirée de la liste. Perdre cette position signifie perdre 50 milliards de FCFA de chiffre d’affaires, 3 000 emplois directs pour 12 exportateurs, et 25 000 tonnes de thon fini exportées annuellement vers l’Union européenne. Allons-nous perdre cette qualité de pays exportateur vers l’Union européenne parce que nous refusons de corriger certaines défaillances, ou allons-nous nous conformer aux normes pour continuer de bénéficier des avantages de ce marché ? La politique du ministre des Ressources Animales et Halieutiques vise la souveraineté alimentaire, en assurant un approvisionnement massif du marché local (…). L’une des recommandations de l’Union européenne concerne le contrôle sanitaire des embarcations primaires. Vous pouvez pêcher, mais les embarcations primaires doivent faire l’objet d’un contrôle sanitaire afin de pouvoir approvisionner les exportateurs inscrits sur la liste de l’Union européenne. Aucune structure ne peut exporter si elle ne figure pas sur cette liste. Nous avons demandé aux exportateurs de fournir la liste de leurs embarcations primaires. Ces embarcations ont fait l’objet d’une inspection officielle, et seules celles qui sont conformes aux exigences sanitaires ont été retenues pour entrer dans le circuit d’approvisionnement vers l’Union européenne. Les embarcations non listées répondent-elles aux normes sanitaires ? Ne laissons pas certaines personnes induire les journalistes en erreur. Sur les 12 exportateurs, 4 seulement utilisent des embarcations primaires dont les listes comptent au total 16 embarcations. Cette liste est régulièrement actualisée. Si vous respectez les normes, il n’y a aucun problème, nous effectuerons les contrôles sanitaires nécessaires pour l’exportation. Si vous affirmez être fournisseurs, mais que les 4 exportateurs n’ont pas inclus votre embarcation dans leur liste, que pouvons-nous y faire ? Moi, je travaille avec les exportateurs, mais je dois vérifier toute la chaîne d’approvisionnement, y compris l’état de salubrité des bateaux qui fournissent les produits halieutiques. Il n’y a eu aucun favoritisme », a révélé Dr Kallo Vessaly.
Une politique d’amélioration continue
Selon le directeur des Services vétérinaires, le gouvernement ivoirien poursuit une politique d’amélioration continue pour maintenir des exportateurs compétitifs sur le marché mondial. C’est pourquoi Dr Kallo Vessaly a lancé un appel pour que les acteurs du secteur se mettent aux normes.
« Des efforts sont faits au niveau national pour rendre notre marché compétitif et protéger la santé de nos consommateurs. Notre rôle s’inscrit dans la prévention, et cela passe par un bon contrôle, depuis l’approvisionnement primaire jusqu’à la distribution finale. C’est une chaîne. S’il y a des aspects que certains ne comprennent pas, il est préférable de s’adresser à la tutelle pour mieux comprendre les dispositions réglementaires. Nous n’avons fait qu’appliquer ces dispositions pour le bien-être de tous. On ne perçoit pas l’importance des services vétérinaires tant qu’il n’y a pas de problème. Ce contrôle strict des navires en est la preuve palpable », a-t-il conclu.
Olivier Dion