En ce lundi de Pâques la situation est relativement calme à Bouna, ville du Nord-Est de la Côte d’Ivoire secouée durant quelques jours par un conflit entre des bouviers et des agriculteurs, suite à des malentendus liés à une occupation des terres et des espaces.
Plus de vingt morts et des dizaines de blessés ont été enregistrés au cours des affrontements. Le gouvernement a renforcé la présence de l’ensemble des forces de sécurité sur le terrain. Vendredi soir, il a été annoncé le déploiement de 500 militaires, 250 gendarmes et 140 policiers. Malgré la tension et l’hostilité des populations qui s’en sont même pris aux forces de sécurité qui ont perdu des éléments en leur sein, la situation a pu être relativement maîtrisée. Avec les forces de sécurité qui ont inondé les lieux, la ville est sous contrôle et a retrouvé un calme que certains jugent toutefois précaire, ajoutant que le feu et la tension couvent toujours avec des foyers de tension qui existent encore.
Cela dit, des patrouilles des forces de sécurité sont perceptibles dans les rues et quartiers de la ville. Ces patrouilles ont pris la place des scènes de batailles, de pillage, de saccage et d’incendies qui ont été constatées les jours précédents.
Selon des informations recueillies sur place, près de 2500 personnes sont réfugiées au sein de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (Onuci), tandis que la résidence du Préfet de région abrite 1500 réfugiés constitués essentiellement de Peulh. Des réfugiés de toutes les ethnies dont le nombre n’est pas déterminé sont également regroupés au niveau de l’église.
Au cours d’une visite rendue dimanche 27 mars 2016 au roi de Bouna Djrakoni II, le général des forces armées terrestres ivoiriennes Gaoussou Soumahoro, a révélé que des militaires ont encore essuyé des tirs le même jour, tout en assurant que l’ordre sera rétabli dans les meilleurs délais.
Si les chiffres officiels et récurrents font état de 22 morts, des informations anonymes assurent qu’il ne faut pas exclure quelques autres morts qui n’auraient pas encore été déclarés, notamment dans les villages.
La mission gouvernementale dépêchée sur le terrain a appelé les belligérants au calme. Ces derniers ont pris la résolution d’enterrer la hache de guerre.
Rentrée d’une mission à l’extérieur du pays, la ministre Nialé Kaba, fille de la région, s’est aussitôt rendue sur les lieux où elle est arrivée dimanche soir. Elle n’a pas caché son émotion et sa douleur, indiquant que « Bouna ne mérite pas ça ». Dans l’attente des gestes de solidarité du gouvernement pour les victimes, elle a fait don de 3 tonnes de riz.
D’autres cadres et élus de la région se mobilisent pour amplifier les messages d’apaisement, pour prolonger l’accalmie actuelle et surtout pour apporter leur soutien aux engagements pris par les communautés et les belligérants d’enterrer la hache de guerre.
Ernest Famin, envoyé spécial
