Jules Tiburce Koffi, lauréat du prix Bernard B. Dadié du meilleur écrivain de Côte d’Ivoire est mécontent du comité d’organisation du Salon international du livre d’Abidjan (Sila). Joint 48 heures après avoir reçu son prix lors de la cérémonie de clôture du salon, l’écrivain donne les raisons de sa colère.
Le lauréat du prix Bernard Dadié du meilleur écrivain décerné par le Salon international du livre d’Abidjan 2022, n’est pas content. Dans un entretien à l’intelligent d’Abidjan ( intégralité sur lire dans la version papier du mardi 24 mai 2022 ), Jules Tiburce Koffi donne les raisons de sa colère, déplorant que le plus grand écrivain d’un pays ait moins d’égards et d’attentions que la Miss, la plus belle fille d’un pays.
Pourquoi Tiburce Koffi est en colère
Interrogé sur des griefs qu’il aurait formulés contre le pouvoir d’Abidjan lors de la cérémonie de clôture le samedi 21 mai 2022, du Salon international du libre d’Abidjan (SILA), l’écrivain a dit : ” Non, je ne me suis pas attaqué à l’autorité d’État. J’ai tout simplement déploré, voire dénoncé des légèretés et maladresses que j’ai observées à ce SILA”.
Sur son refus de la récompense d’un million de CFA, et du manque de considération dont il est l’objet contrairement à une Miss, une reine de la beauté , Jules Tiburce Koffi a dit : ” Ah ça, oui, je l’ai dit. Et je répète en toute responsabilité. J’affirme que le plus grand écrivain d’un pays doit bénéficier de plus d’égards et d’attention qu’une Miss »
Une Miss c’est la célébration des paires de fesses et de seins d’une jeune fille
Poursuivant l’écrivain émérite a ajouté : « Dans le fond, c’est quoi, une Miss ? C’est la célébration des paires de fesses et de seins d’une jeune fille ! Oh si, on leur pose des questions de culture générale. Mais vous savez très bien que ce n’est pas vraiment un lieu qui se donne pour vocation de magnifier l’intelligence. L’objectif, c’est l’évaluation de la qualité plastique de jeunes filles qu’on soumet à du semi nudisme. C’est du voyeurisme légalisé par les puissances d’argent, et soutenues par les politiques. Sur ce point, oui, je suis en désaccord avec le politique. Nos besoins sont trop vitaux et importants pour qu’on consacre tant d’attention aux gains faciles. Je dis : quand on offre des dizaines de millions, un véhicule, une villa à une jeune fille maigre comme Lucky Luke, à quoi a droit cette brave institutrice, cette infirmière compétente et dévouée qui, toutes les deux, préparent la relève de l’élite du pays, soignent les corps, et souvent dans le dénuement, au fond de nos savanes et forêts ? Et cela, parfois, sans confort minimum aucun (eau courante, électricité) ? Alors je le dis et le répète : si une Miss vaut toutes ces choses, un penseur, écrivain, leader d’opinion peut, quand même valoir sinon autant, voire un peu plus ».
Comici et Sila , des structures privées sont les choix n’engagent pas la responsabilité de l’État
Alors que nous insistions pour préciser que le COMICI (Comité Miss Côte d’Ivoire) et le SILA sont des structures privées qui n’ont rien avoir avec l’État, le lauréat du Sila 2022 a reconnu cela , en clarifiant sa vision, en ces termes : « Oui. Et c’est pour cela que je ne m’en suis pas pris à l’État. La faillite d’un Comité d’organisation n’engage en rien la responsabilité de l’État ». Tiburce Koffi a ensuite ajouté que lorsqu’il était Premier ministre au cours des années 1990, Alassane Ouattara avait organisé lesJournées de l’excellence.
Alassane Ouattra et l’État jouent leur partition
” Je m’en souviens très bien. C’était la première fois qu’un haut dirigeant du pays faisait ça. Et ça m’avait déjà alerté sur la carrure de ce jeune Premier ministre qui venait de poser, là, un acte significatif. Je crois que c’est à partir de là que, dans l’entendement de nombre d’enseignants de ce pays, Alassane Ouattara a suscité l’espoir d’une Côte d’Ivoire du travail, de la discipline et du rendement. Il faut continuer dans cette voie : projeter aux avant-postes de l’actualité, les meilleurs. Écoutez, ce pays, notre pays, m’a déjà honoré, des mains du notre Premier, Patrick Achi qui m’a récemment élevé au rang de Commandeur dans l’Ordre du Mérite culturel ivoirien. Cela fait trois médailles au total, qui m’auront été attribuées. Ce n’est pas rien. Raison de plus pour que je dénonce le comportement vexatoire du Comité d’organisation de ce Sila à mon encontre. Non, on ne bâillonne pas un écrivain lors d’un Salon du Livre. Surtout un écrivain primé. Que croyaient-ils donc ? Que j’allais me taire ? C’est mal me connaître. Pour finir, je pense que tout cela fut le fait d’un manque regrettable de vigilance de leur part. La fatigue ne les a sans doute pas aidés”, a conclu dans l’entretien publié dans la version papier du quotidien L’intelligent d’Abidjan le lauréat 2022 du Prix Bernard Blin Dadié du meilleur écrivain de Côte d’Ivoire , pour l’ensemble de son œuvre à l’occasion du Salon international du livre d’Abidjan 2022, qui s’est tenu du 17 mai 2022 au 21 mai 2022 au Palais de la Culture à Abidjan.
Par Claude Dassé et Charles Kouassi