« Les pays africains ont un rôle à jouer et je pense que la francophonie devrait encourager les pays africains à s’unir pour travailler ensemble. Et je souligne un point important pour dire que la francophonie n’aura d’avenir que si elle comprend que dans tous les continents où elle existe, elle devra accompagner le développement des langues nationales.
L’avenir de l’Afrique n’est pas honnêtement dans une langue étrangère, soit française, anglaise, espagnole, ou portugaise. Pour l’avenir de l’Afrique, que chacun d’entre nous garde son héritage, il faut développer les langues de communications intra-africaines, le Manding, le peuhl, le Swahili, en Afrique centrale, l’Arabe en Afrique du nord, le Zoulou en Afrique australe etc.
La France aura même intérêt à accompagner nos langues nationale parce que vous connaissez la belle phrase de Cheick Anta Diop qui dit : ‘’Je ne connais pas ce pays qui s’est développé dans la langue d’autrui’’. Et depuis 54 ans, on laisse une bonne partie de nos populations en marge du développement, les communiqués de conseil des ministres sont en français, le discours des chefs d’Etats sont en français…
Au Sénégal, combien de personnes comprennent correctement le français ? Ça aussi c’est un défi que la Francophonie, même si ça parait paradoxal, peut nous aider à révéler, en encourageant les langues locales » a déclaré lundi à Dakar, l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise, Cheick Tidiane Gadio.
Aujourd’hui à la tête de l’Institut panafricain de stratégies (IPS), sa propre structure œuvrant dans le domaine de la ‘’paix, la sécurité et la bonne gouvernance’’ en Afrique, il a toutefois salué les grandes avancées de l’Organisation internationale de la francophonie (Oif).
«Ce qui est intéressant dans la francophonie c’est que, d’une communauté culturelle et linguistique, elle a changé de cap en s’occupant de développement, de démocratie et d’égalité des sexes, homme-femme, et de l’éducation des enfants. La francophonie suspends des Etats lorsqu’il y des coups d’Etats, des changements anticonstitutionnels. C’est une communauté qui a 55 membres et 22 observateurs et la francophonie est invitée dans toutes les médiateurs comme cela a été le cas au Mali, au Togo, en Centrafrique…donc la francophonie a changé ce qui est très positif », a-t-il ajouté.
Mais, a-t-il souhaité, que le cadre stratégique de la francophonie, 2015-2022 soit défini. «Nous allons tous nous engouffrer là-dedans pour travailler pour la promotion de la démocratie, sur l’agenda de l’intégration africaine parce qu’on n’a pas réussi l’intégration politique, l’intégration économique, on n’a pas réussi non plus l’intégration sécuritaire », a regretté le diplomate depuis ces locaux de N’gor –Albadies.
Une avancée relative qu’il ’ailleurs mise au compte de son compatriote Abdoul Diouf, secrétaire général sortant de l’Oif. «Le Sénégal organise la deuxième fois le sommet de la francophonie après celui de 89 qui a eu lieu ici même à Dakar. C’est donc 25 ans plus tard en 2014, et c’est le président Abdoul Diouf qui était au pouvoir 89 et c’est lui qui en est aujourd’hui honoré, pour une très belle sortie du secrétariat de l’Oif.
Il y a quand même un clin d’œil de l’histoire de ce qui s’est fait 1989 et ce qui va se faire en 2014, sous la houlette du président Macky Sall qui a demandé l’organisation de ce sommet pour faire une belle sortie au président Abdoul Diouf. Il est à féliciter comme homme d’Etat, qui a toute sa vie servi l’Etat du Sénégal et qui a servi le continent africain comme l’un des meilleurs président en exercice de l’OUA. Il a su relancer le combat en Afrique du Sud contre l’apartheid, dans les années 1986 ». Ce président là, a-t-il conclu, mérite respect et considération.
Claude D, envoyé spécial à Dakar