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    Rokia Traoré : Entre sa musique et ses projets, ce qu’elle dit de la situation politique au Sénégal et en Côte d’Ivoire

    Rokia Traoré : Entre sa musique et ses projets, ce qu’elle dit de la situation politique au Sénégal et en Côte d’Ivoire
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    La Rédaction
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    La chanteuse Rokia Traoré parle de son actualité musicale, de ses projets et s’exprime également sur la situation politique au Sénégal et en Côte d’Ivoire.

    Dans une récente interview accordée à afrikipresse.fr, la chanteuse internationale malienne Rokia Traoré a partagé son actualité musicale, ses engagements et a également abordé l’actualité politique au Sénégal et en Côte d’Ivoire.

    Collaboration avec l’orchestre coréen Fifty Fifty

    Bonjour Rokia. Nous espérons que vous allez bien. Parlez-nous de votre actualité musicale, s’il vous plaît.

    Bonjour et merci de m’accueillir dans les colonnes de Afrikipresse.fr. Mon actualité professionnelle se situe sur plusieurs plans, artistiquement parlant. En premier lieu, il y a le travail avec le groupe coréen Fifty Fifty, qui est un quintet que j’ai créé pour interpréter mes propres chansons ainsi que des classiques mandingues et des classiques de jazz. Ce qui m’intéresse dans ce projet, c’est la manière de combiner tous ces éléments sur la même scène. Pour moi, c’est très naturel. Celui qui vient assister au concert de Fifty Fifty, il ne vient pas voir le spectacle d’un artiste africain, asiatique ou européen, mais plutôt un assemblage de courants musicaux. C’est cela qui rend notre approche originale.

    Parallèlement à cela, je continue mon travail avec la fondation Passerelle. Cela n’est pas du tout facile. Je m’investis dans ce projet depuis 2009.

    Au démarrage, les gens me disaient : «Qu’est-ce que tu veux faire ? Ça ne va jamais marcher ! La chorale n’a pas le niveau.» Mais nous avons réalisé des choses magnifiques avec cette chorale et l’orchestre, nous nous sommes produits dans de grands théâtres et sur de grandes scènes dans le monde. Je continue ce travail sur une autre étape de difficultés, qui nous permettent de travailler et de créer un public désireux de découvrir la musique malienne, qu’elle soit contemporaine ou de style classique. Un public qui a envie de découvrir cette dynamique de son secteur culturel. Ce travail est passionnant, mais aussi difficile. C’est une partie intégrante de mon quotidien.

    Il y a également un aspect de ma carrière et de ma manière d’aborder ma profession qui est encore peu connu, car je n’ai pas encore montré au public ce que je fais dans le domaine de l’écriture, de la peinture et de la recherche sur les artistes talentueux dont les œuvres n’ont pas été suffisamment archivées. J’accorde également une grande importance à la détection des nouveaux talents.

    Passons maintenant à la musique africaine en 2023. Si vous deviez faire un état des lieux, comment la voyez-vous ?

    Grâce au développement des réseaux sociaux, nos publics ont accès aux mêmes offres que les consommateurs du monde entier. Nos artistes ont aussi accès aux mêmes outils de production et de communication que les autres artistes du monde. C’est extraordinaire. Tous ces jeunes peuvent maintenant devenir des artistes professionnels en peu de temps, se faire distribuer et promouvoir leur musique par eux-mêmes. Cependant, nous sommes également confrontés aux inconvénients de ces avantages. En plus de nos problèmes internes, qui ont pris plus de poids, je le crains.

    « Quand il y a des perturbations quelques parts, ça angoisse et inquiète tout le monde »

    Rokia, avec votre permission, abordons maintenant un sujet politique en Afrique. Au Sénégal, le chef de file de l’opposition, le maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko, a été condamné à deux ans de prison pour corruption de la jeunesse. Cette condamnation a provoqué des manifestations à Dakar et dans certaines régions du pays. Quelle est votre analyse ?

    Je n’ai pas suffisamment d’informations sur l’histoire de M. Sonko. Je ne connais pas précisément la situation politique au Sénégal. Je ne connais pas les raisons qui font que le Sénégal traverse de telles perturbations. Toutefois, je sais que les Sénégalais ont toujours réussi à trouver des solutions à des crises précédentes grâce à des dispositions juridiques, constitutionnelles et politiques. J’espère du fond du cœur que la situation actuelle ne marquera pas un tournant vers des situations de blocage et de destruction pour ce magnifique pays frère. Je suis vraiment fière du Sénégal et de l’attitude très responsable avec laquelle les crises précédentes ont été gérées. Je suis de tout cœur avec les Sénégalais, car c’est ensemble que nous pouvons construire nos États.

    Après Dakar, nous nous tournons vers Abidjan où l’ancien président de la République Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, ancien ministre de la Jeunesse, et Guillaume Soro, ex-président de l’Assemblée nationale, ont tous les trois été radiés de la liste électorale. Cela ne risque-t-il pas de fragiliser la cohésion sociale qui était en bonne voie ?

    En ce qui concerne la radiation de ces leaders politiques ivoiriens importants de la liste électorale, je ne parviens pas à comprendre ce qui se passe, étant donné que je suis à distance et que je ne suis pas plongée dans le quotidien de la Côte d’Ivoire.
    Que leur est t-il reproché ? Un sujet encore, sur lequel je me pose beaucoup de questions en tant qu’Africaine de l’Ouest, en tant qu’Africaine… Nos pays sont très liés. Tous les pays du continent et leurs habitants comptent pour la construction et l’avancement de nos pays. Quand il y a des perturbations quelque part, vue la fragilité générale liée à notre histoire, ça angoisse et inquiète tout le monde.

    Rokia Traoré, pour conclure notre entretien, avez-vous un dernier mot à partager avec nos lecteurs ?

    Je tiens à remercier Afrikipresse et ses lecteurs, et je vous dis à bientôt.

    Alain Martial

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