Depuis près d’une semaine, la région administrative de Labé et trois autres villes (Mamou, Dalaba et Pita) sont plongées dans le noir. Cette situation préoccupe des citoyens de la capitale du Fouta Djallon, interrogés par Afrikipresse.
« Depuis 6 jours, je ne parviens pas à boire de l’eau froide, mon téléphone est tous le temps déchargé et je rate beaucoup de profits faute du courant électrique. Je suis inquiets pare ce que je ne sais pas jusqu’à quand il faut attendre », s’est indigné au micro d’Afrikipresse, Amadou Oury Barry.
Ce gestionnaire d’activités commerciales a été croisé à un endroit où des appareils téléphoniques sont chargés à base d’un générateur. « Je suis venu brancher mon téléphone parce qu’il est déchargé. Ils (les agents de la société d’électricité de Guinée à Labé, ndlr) nous ont dit qu’il y a une panne depuis 6 jours entre Kindia et Mamou. Mais, je vous avoue que nous souffrons à cause ce manque de courant. Le temps est très chaud, s’il y a le courant, on peut brancher le ventilateur, son réfrigérateur pour avoir du frais », a-t-il expliqué.
Au niveau de la direction de l’électricité de Guinée (EDG) Labé, les responsables rassurent qu’une équipe technique est sur les lieux où la panne a été enregistrée pour rétablir le service.
« Une panne technique est intervenue le 4 avril au poste 110 à Mamou, plongeant toutes les populations de Mamou, Dalaba, Pita et Labé dans le noir. Une équipe technique a quitté Conakry vendredi pour venir dépanner. Elle actuellement sur place. Nous rassurons les uns et les autres que tout va rentrer bientôt en ordre », a déclaré , Ibrahima Barry, responsable commercial d’EDG à Labé.
Pendant ce temps, le manque du courant électrique cause inactivité ou même le chômage , et détériore les produits alimentaires . Au niveau de la santé, au marché, à la soudure ou aux cybercafés, chacun se débrouille comme il peut pour « s’en sortir ».
« Faute d’électricité, nous n’arrivons plus à maintenir certains de nos médicaments qu’on doit garder au froid. Si des produits comme ça ne sont pas gardés dans une température un peu ambiante, ce n’est pas normal. Et nous avons ce problème-là au niveau de notre pharmacie. Nous n’arrivons non plus à utiliser nos ordinateurs, soit pour passer de commandes ou faire le bilan », a souligné la propriétaire d’une pharmacie à Labé.
Chez Me Daouda Barry, 66 ans, soudeur au quartier Pounthioun, le constat est « alarmant ». Il a entre ses mains, 21 apprentis travailleurs. Mais depuis que la panne est intervenue, les travaux sont arrêtés. Pas de clients, pas de marché, conséquences : pas de manger.
« Le problème de courant, ça nous fatigue beaucoup, parce que c’est ça qui constitue 50 % de notre vie dans notre travail. Tout mon travail, c’est avec le courant. Je ne peux rien débrouiller sans électricité. En ce moment, nous venons à l’atelier, passer toute la journée à s’asseoir. On a regardé l’ampoule fatigué. Le courant ne vient pas. Depuis quatre jours, je suis ici à ma place, nuit et jour. À chaque fois que j’ai envie de quitter, je me dis quand je pars, le courant revient, et c’est peine perdue. Ça ne vient toujours pas. Je ne connais pas les limites de nos problèmes aujourd’hui. Parce que même la dépense à la maison, je n’arrive plus à assurer. Je contracte des dettes pour que la famille mange. Et je garde l’espoir que ça va aller. Ce que je crains, c’est qu’on ne m’envoie un de mes apprentis qui a volé ou créé un problème ailleurs. Parce que celui qui a faim et n’a pas de possibilité pour acheter, il va voler », a développé le chef soudeur.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres, dit-un adage. Quand certains citoyens pleurent du manque d’énergie, des gestionnaires des télécentres et autres ateliers de fortunes se frottent les mains.
Monsieur Idrissa Barry est gérant d’un télécentre au cœur de Labé. Il charge des téléphones et ça lui rapporte « un peu », dit-il. « Comme il n’y a pas du courant, je charge un téléphone en raison de 1500 GNF. Et par jour, je peux brancher entre 20 à 30 téléphones. Ce n’est pas petit pour moi. Car ça me permet d’assurer la dépense ».
Aliou BM Diallo, envoyé spécial à Labé