Le jeudi à Bouaké, capitale du centre de la Côte d’Ivoire, est un jour spécial. Conformément à la tradition musulmane, beaucoup de personnes se marient ce jour. Un jour considéré comme vertueux et porteur de bonheur, de joie de vivre dans la famille.
C’est jeudi 14 mai 2015. Nous sommes dans le quartier Belleville, un quartier populaire dominé par le groupe malinké, à dominance musulmane. Il est 18h 55 min. Une heure de descente des bureaux et de fermeture des magasins et marchés.
Dans une gare de moto-taxis. Une dizaine de jeunes gens assis chacun sur une moto, fait la parade. Ils tournent sur eux-mêmes, les guidons à la pointe des doigts. Dans un nuage de poussière. Sous le regard de spectateurs éblouis et effrayés à la fois par la dangerosité de la scène.
Nous sommes en pleine festivité du mariage du couple Dagnogo Mamadou et Kady. L’homme est à son troisième hymen après 2 échecs. Et pour manifester cela quoi de plus normal de faire du bruit, même jusqu’à nuire aux voisins. Mais le voisin doit s’y résoudre.
“Le mariage ne vient qu’une seule fois dans la vie. Donc il faut en profiter au maximum”, lance fièrement les jeunes paradeurs.
D’ailleurs, la nuisance sonore n’intervient qu’une seule fois dans la semaine, et donc on peut la supporter pendant quelques heures.
Dans la tradition musulmane, le jeudi serait le jour le mieux indiqué et approprié pour entreprendre un acte important. Ainsi ce jour est mis à profit pour célébrer plusieurs événements d’envergure religieuse.
Mais à côté de ce noble acte, une pratique vient s’est agrippée : notamment les parades de motos appelées « plaisir ». Devant la cour de la mariée, ils forment un cercle. Chacun passant à son tour au milieu du cercle pour faire son « plaisir ». « Faire le plaisir » est une manière pour nous de manifester notre joie aux nouveaux mariés, déclare Hamed, jeune conducteur de moto-taxis.
Ce sont des jeunes dont l’âge varie entre 15 et 25 ans. Ils obstruent les grandes artères, les rues et chaussées pour s’adonner à leur activité favorite.
Pour Vanille Murielle Angelle, couturière dans le quartier de Belle ville, cette parade est l’expression du soutien aux mariés dans ces moments de joie. Toutefois elle exhorte à la modération pour éviter des blessés entre les paradeurs et même parmi les piétons.
Même son de cloche pour fatim qui s’apprêtait à prendre un taxi pour se rendre à Air France , alors que son chemin est obstrué par ces paradeurs. Ce qui lui fait dire que ce phénomène doit avoir des limites afin de respecter la libre circulation des biens et des personnes.
Diarrassouba Dramane, chauffeur de moto-taxi, ne voit aucun danger dans la parade en moto, à condition que des normes soient respectées.
Kanaté Kassoum, envoyé spécial à Bouaké