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    Reportage à Labé : découverte de 3 jeunes fabricants d’hélicoptères, véhicules de luxes

    Reportage à Labé : découverte de 3 jeunes fabricants d’hélicoptères, véhicules de luxes
    Publié le
    Par
    Dasse Claude
    Lecture 5 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Alhassane Bah, 18 ans, élève en classe de 10ème année est animé avec deux de ses amis, d’une idée de création. Lui, Boubacar Sow et Mamadou Bobo Baldé ont entrepris un projet ”ambitieux”, celui de concevoir un hélicoptère volant à deux moteurs plus deux personnes à bord, des voitures ”dernières générations” des villas avec tout ce qu’il faut à l’intérieur.
    Ces jeunes dynamiques et persévérants n’entendent pas baisser les bras, nonobstant les énormes difficultés qu’ils rencontrent déjà. ”Pas très instruits, manque moyens et de soutiens financiers”, sont les principaux maux dont ils souffrent.

    Alassane, élève, Boubacar, mécanicien, sont armés d’un courage inébranlable. Sur leur lieu de travail, dans un village appelé ”Kourahii”, non loin de la ville de Labé, située à l’Est du pays , ces jeunes conçoivent des avions, des hélicoptères, des voitures et des villas. Ce projet, selon Alassane, est né d’un constat. ”L’idée nous a traversé la tête depuis 2012, parce que nous avons constaté que dans notre pays (Guinée) il n’y a pas d’usine de fabrication ou de montage de véhicule, d’hélicoptère, d’avion ou autre. C’est ce qui nous a poussé à faire ça”.

    Depuis qu’ils ont entamé ce projet, le chef Bah explique qu’ils ont fabriqué au moins 20 avions, plus de 50 voitures, des hélicoptères, et un nombre des villas qu’il dit avoir oublié. Le tout est fait à base des outils recyclables. ”On utilise des tôles, du fer, des fils de fer, des lampes torches, des piles…”

    Les initiateurs du projet réalisent leur ingéniosité dans un bâtiment en construction, dont l’intérieur n’est pas délacé, ni crêpé. ”C’est ici que nous avons installé notre laboratoire”, indique Boubacar Sow. “C’est là que nous réalisons tout”, ajoute-t-il.

    Dans une chambre située au côté gauche de la maison, on constate des tôles taillées , des voitures en cours de montage, un sceau contenant des pièces à utiliser, des pinceaux et des ciseaux sur la table du laboratoire.

    Fonctionnement des voitures et des hélicoptères !

    Les véhicules qu’ils ont fabriqués à la main, sont dotés de tout ce qui peut ressembler une voiture normal. Ces sont des 4×4 de marque prado qui sont à la parque. Deux véhicules conçus, l’une de couleur noire et l’autre blanche, peuvent rouler à base de l’électricité , dont ces jeunes ”ingénieux” ont installé le système . Avec l’électricité, les voitures ont leurs phares, les clignotants et le tableau de bord allumés. Un autre système adaptable aux hélicoptères est installé pour les appareils volants.

    Côtés villas, il y a des qualités différentes : des villas simples, des duplex et des grosses villas. ”Elles sont dotées de tout ce qu’on peut imaginer dans sa maison : électricité, télévision plus une antenne parabolique, …”

    Ces appareils sont fabriqués à quelle fin ?

    ”Nous réalisons certains appareils pour aller les revendre afin de trouver de l’argent pour pouvoir acheter d’autres matériels de travail, comme des bobines, des ampoules…”, cite Boubacar Sow.

    De la conception de l’idée à sa concrétisation!

    ”Parfois, nous dessinons ce que nous voulons faire avant de commencer la réalisation. Mais nous faisons aussi des recherches sur le net pour pouvoir compléter ce que nous ne savons pas. Pour le moment, on est en phase d’expérimentation. Notre objectif ce n’est pas de vendre ce que nous fabriquons. On acquiert des expériences. La seule chose qui nous pousse à vendre, c’est pour trouver d’autres outils de travail pour dépanner”, renchérit Alassane Baldé. Pour lui, l’équipe cherche à avoir plus d’expériences pour concevoir un hélicoptère qui saura voler à des kilomètres.

    Pour fabriquer un petit hélicoptère, l’équipe estime les dépenses à 200 000 GNF soit (25 euros). Quand ils finissent la fabrication, ils procèdent à la vente pour ”l’achat d’autres outils” et pour obtenir un petit bénéfice.

    D’après eux, si tout le matériel est à leur disposition avant l’entame d’un avion ou d’une ville, le temps de la réalisation ne dépasse pas les quatre jours.

    Rapport entre études, mécanique et réalisation d’un projet

    Alassane, Boubacar et Bobo sont ”bien” organisés. L’élève va en classe jusqu’à la fin des cours, revient à domicile, se repose avant de rejoindre le Laboratoire. C’est la même chose avec Bobo et Sow, le mécanicien. À leur retour du boulot, à 16h, chacun regagne le lieu de travail. ”Samedi et dimanche, personne ne chôme par ce qu’on s’est donné rendez-vous ici”, souligne Boubacar Sow.

    Un hélicoptère en arrêt de finalisation, faute de moyens !

    Depuis 2012, le trio a commencé de fabriquer un grand hélicoptère, mais faute de moyens et d’appuis financiers, ils l’ont mis en stand by. Cet appareil qu’ils veulent faire voler dans les airs, demande deux moteurs. ”Nous avions prévu deux personnes, mais vu la lenteur et les circonstances, nous allons ramener à une personne”, confie Bah.

    Afin de trouver des moyens et viabiliser leur projet, le groupe a cherché à voir les autorités à tous les niveaux. Au niveau local jusque dans la capitale Conakry. Mais, ”elles se sont limitées aux fausses promesses et ne se sont pas intéressées à nous et à notre travail”, déplore Sow Boubacar, le mécanicien. Avant d’indiquer : ”Nous avons pourtant besoin de l’argent pour acheter certaines choses telles que le mastic, la peinture, faire la soudure et acheter deux moteurs pour faire fonctionner le grand hélicoptère”. Pour l’heure, ils n’ont pas d’autres moyens de recours, à part, faire de petites choses, revendre, pour que l’initiative ne meurt pas dans l’œuf.

    ”Nos parents eux, nous encouragent pour ce que nous sommes en train de faire. Ils ont tous l’espoir que ça ira de l’avant. Ils nous exhortent à nous s’armer de plus de courage, puisqu’ils croient comme nous, que ça va aboutir”, informent les jeunes.

    En plus des moyens à trouver, ces jeunes souhaitent être soutenus pour faire des études dans le domaine ”aéronautique”.

    ”Tout ce que nous entreprenons, si nous n’avons pas des connaissances assez poussées, difficilement nous arriverons à bout. C’est pourquoi nous volons étudier”, fait savoir Alassane Bah, avec un léger sourire.

    Aliou BM Diallo, envoyé spécial à Labé

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