Très sollicitée depuis son élection, c’est entre deux rendez-vous que la nouvelle députée française d’origine ivoirienne, Mme Rachel Kéké Raïssa a pu répondre ce 21 juin 2022 à quelques questions au téléphone, en promettant une interview à l’Intelligent.TV quand les bruits des tambours et trompettes de la victoire se seront estompés.
Rachel Kéké, 48 ans, élue dans la 7ème circonscription du Val de Marne (Région parisienne) est la première femme de chambre élue à l’Assemblée nationale française. Connue pour son engagement lors de la longue grève (22 mois) des femmes de chambre de l’hôtel Ibis Les Batignoles dans le 17ème arrondissement parisien, l’Ivoirienne qui est allée ‘’se chercher’’ en France en 2000 est devenue une élue du peuple français en 2022. Elle parle de ses premiers pas à l’hémicycle en France. Rachel Kéké invite également ses compatriotes ivoiriens à lui accorder un accueil triomphal en août 2022 prochain à Abidjan.
Comment qualifiez-vous votre élection à l’Assemblée nationale française qui ressemble à un véritable conte de fée ?
Pour moi, c’est d’abord un fait historique. Car dans l’histoire de l’Assemblée nationale française, aucune femme de chambre n’a été élue. Ensuite, c’est aussi un symbole pour tous les Français et toutes les Françaises issus de l’immigration. Moi femme de chambre, me voici aujourd’hui au sein du parlement français, c’est donc possible pour l’agent de sécurité, le livreur, la nounou à domicile, la femme de ménage. Il suffit de s’intéresser à la vie publique et politique de la France ; et d’y prendre part activement.
Au-delà du symbole, quels seront les points de votre action dans l’hémicycle français ?
Comme nous avons réalisé une union de la gauche, il s’agira pour nous de batailler pour l’amélioration des conditions de vie des Français. Je serai pour ma part très à cheval sur les questions liées aux acteurs des métiers essentiels. Sans nous, la société française est à l’arrêt. Ces métiers essentiels sont mal rémunérés, et même pendant la crise sanitaire de la COVID 19, ces travailleurs qui ont été sollicités n’ont reçu aucune prime. Mon combat sera de rendre plus visibles ces travailleurs de l’ombre, et d’agir pour un salaire minimum à 1500€.
Savez-vous que les Ivoiriens vivant en France et ceux vivant en Côte d’Ivoire sont heureux et fiers de votre élection ?
Ouiiiiii je le sais, et j’en suis très heureuse. D’abord, quand je faisais ma campagne, j’ai été soutenue par mes parents. Moi je ne parle pas de compatriotes, ce sont mes parents. Et je leur dis merci du fond du cœur pour leurs soutiens et la joie qu’ils expriment pour mon élection. Secondo, je dis à mes parents de Côte d’Ivoire, que j’arrive au mois d’août 2022 si Dieu le veut. Qu’ils me préparent un accueil chaleureux comme ils savent le faire. Leur courageuse fille vient partager avec eux sa victoire.
Vous êtes député française d’origine ivoirienne, est-ce que la vie politique vous intéresse ?
Pour l’instant non. Peut-être plus tard, mais pour l’instant la vie politique ivoirienne ne m’intéresse pas car ma vie est ici en France. Je pourrai sans doute donner mon avis sur certains sujets, mais être actrice de la vie politique ivoirienne, c’est non pour l’instant.
On peut présumer que vous avez démissionné de votre poste de femme de chambre à l’hôtel Ibis les Batignoles ?
Oui bien sûr ! Durant les cinq prochaines années, je serai députée à 100%. Cependant, j’irai de temps en temps voir mes collègues de l’hôtel pour m’enquérir de leur situation.
Entretien réalisé au téléphone par J.P. Oro à Paris