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    Quel avenir pour le Franc CFA ? Thomas Babissakana dénonce, Michel Sapin et les ministres africains tergiversent

    Quel avenir pour le Franc CFA ? Thomas Babissakana dénonce, Michel Sapin et les ministres africains tergiversent
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 4 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    La question n’a pas été suffisamment abordée ou presque pas, lors de la réunion des ministres des pays de la zone CFA, qui ont participé à l’assemblée semestrielle tenue à Yaoundé, le Samedi 09 Avril 2016 dernier, dans le but de définir de nouveaux mécanismes de la parité du Franc CFA par rapport à l’Euro, mais également pour trouver les moyens de diversifications des économies des pays de la zone, suite à la baisse des recettes pétrolières.
    Faire preuve de solidarité et de vigilance, afin de mieux résister aux chocs extérieurs. Tel est le vœu lancé par Philemon YANG, Premier Ministre, chef du gouvernement du Cameroun, lors de l’ouverture de la réunion semestrielle des ministres des finances de la zone CFA. De façon statutaire les ministres des finances de la zone franc se réunissent tous les six mois, pour passer en revue les performances économiques de leurs pays respectifs. Les travaux de Yaoundé, interviennent dans un contexte de crise, qui s’articule autour des désordres monétaires internationaux et de la baisse drastique des prix des matières premières. Très en vue, le pétrole dont le baril a chuté de plus de 40% de sa valeur. À cela vient s’ajouter le problème sécuritaire auxquels font face nombre des pays de la zone. Résultat des courses, la croissance est au ralentie, alors que les besoins sociaux sont perpétuellement en hausse.

    À l’ouverture des travaux de Yaoundé, le premier ministre Philemon YANG, a salué la capacité des pays de la zone à résister à ce choc. C’est grâce, reconnaît-il aux analyses et recommandations pertinentes des experts de ces pays qui ont le Franc CFA en partage. Le sujet des échanges dans les régions de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA) et de la Communauté Économique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC), a été abordé durant les assises de Yaoundé et les ministres des finances de l’ensemble de la zone CFA, ont fait une évaluation du chemin parcouru. Il en ressort que la zone UEMOA, dispose d’un niveau d’échanges internes qui se situe à 11%, tandis qu’en zone CEMAC, les échanges dans cet stagnent encore à 3% seulement. Des chiffres qu’il faudra améliorer, tel a été l’une des recommandations des ministres des finances de la zone CFA. De ce fait, le sujet de l’intégration a été une fois de plus posé sur la table des discussions. Notamment le cas de la zone CEMAC, qui est tout le contraire de l’UEMOA, dont les échanges tournent à plein régime. En zone CEMAC, deux pays traînent encore le pas du train d’échanges mis en marche par les autres pays que sont : le Cameroun, le Tchad, le Congo Brazzaville et la RCA. Autant de griefs qui ont été abordés dans le but d’inciter plus de pragmatisme dans les accords passés entre les États concernés, afin de garantir la bonne marche des économies sous régionales. Pour mémoire, la zone Franc, est composée de 15 pays dont huit pays de l’UEMOA, six pays de la CEMAC et les îles des Comores. L’état de l’interchangeabilité entre le CFA de la sous-région UEMOA et le CFA de la zone CEMAC, l’adaptation des politiques publiques face à la baisse des cours des matières premières et la mobilisation fiscale en zone franc, ont e également présents dans les débats. La réunion n’a pas évoqué les grands débats sur l’usage du CFA, ni sur ce que les pays utilisateurs de cette monnaie en tirent comme profit. Des observateurs du domaine financier, ont dit être restés sur leur faim. C’est le cas de Thomas BABISSAKANA, Ingénieur financier très célèbre au Cameroun, qui a manifesté à Afrikipresse sa perception : « Pour des pays qui veulent atteindre l’émergence il aurait été judicieux de parler de la création des monnaies locales. C’est une décision qui dépend de la volonté politique. Vous ne pouvez pas devenir émergent si vous n’avez pas la main mise sur votre banque centrale ». Les hommes des médias ayant pris part à la conférence de presse sont également restés sur leur faim. Beaucoup ont pensé que les vrais problèmes liés à l’usage du CFA allaient être abordés. Pour le Ministre des finances de la France Michel SAPIN, toute décision dépend des africains quant à l’usage de cette monnaie : « La France est là pour accompagner, pour garantir la stabilité de la monnaie, puisque nous nous engageons à faire en sorte que cette monnaie soit assez stable, par sa valeur par rapport à d’autres monnaies. Et cette stabilité est une chose très utile aux pays concernés. Mais, c’est la décision des pays africains qui s’impose. Pas la décision de la France ». Pour l’ingénieur financier Thomas BABISSAKANA, il faudra des décisions politiques courageuses, pour mettre fin à l’hégémonie française sur cette monnaie. Et lors de la fête de l’indépendance du Tchad en aout 2015, Idriss DEBY ITNO, le chef de l’État tchadien, avait déclaré : « Cette monnaie, est africaine. Il faut maintenant que cette monnaie soit réellement la nôtre dans les faits.» La prochaine assemblée des Ministres des finances de la zone Franc est prévue dans six mois à Paris.

    François ESSOMBA

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