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    Quel avenir pour la Poste, quelle chance pour le congrès UPU à Abidjan ? Les révélations d’un ministre ivoirien

    Quel avenir pour la Poste, quelle chance pour le congrès UPU à Abidjan ? Les révélations d’un ministre ivoirien
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 9 minutes
    Salon des banques de l'UEMOA et des PME

    Ministre ivoirien de l’Economie numérique et de la Poste de Côte d’Ivoire , Koné Bruno parle des chances de son pays d’abriter en 2020, le prochain congrès de l’Union postale universelle (UPU). Il évoque également dans cette première partie d’une interview à Afrikipresse , la politique choisie par le gouvernement pour redonner vie à la Poste de Côte d’Ivoire

    Les 22 et 23 juillet 2016 , dans la cadre de la 9ème Conférence des Plénipotentiaires de l’Union Panafricaine des Postes (UPAP) , les Ministres africains en charge de la Poste, réunis à Yaoundé, ont décidé, par l’adoption d’une résolution, de s’unir autour de la candidature de la Côte d’Ivoire pour l’organisation, en 2020, du Congrès de l’Union Postale Universelle (UPU). Comment vous préparez-vous pour que le choix revienne effectivement à la Côte d’Ivoire , lors du prochain congrès mondial ?

    L’événement se prépare depuis l’annonce officielle de la candidature de la Côte d’Ivoire en avril 2015. Cela a été un long chemin, puisqu’il a d’abord fallu convaincre le Gouvernement de l’intérêt d’une candidature ivoirienne. Ensuite, nous sommes allés vers les instances africaines concernées, pour faire en sorte qu’il n’y ait qu’une candidature africaine. Et nous y sommes parvenus, après le désistement de la Tunisie puis plus difficilement, de l’Ethiopie. Désormais, la Côte d’Ivoire est le candidat unique du Continent Africain. Maintenant, il s’agit d’aller au congrès de 2016 à Istanbul (Turquie) en se donnant toutes les chances de succès. Là aussi, nous sommes relativement bien placés de par l’envie que nous notons chez la communauté postale mondiale, de venir en Afrique à l’occasion d’un prochain congrès mondial. Il faut savoir que depuis 1932, aucun congrès de l’UPU ne s’est tenu sur le continent, bien qu’il y ait eu des tentatives dans ce sens, notamment en 2004 et en 2008 par la Côte d’Ivoire et par le Kenya. Donc aujourd’hui, la communauté internationale postale, qui voit l’Afrique en train de se développer, de se transformer sur tous les plans, et qui voit le potentiel important qu’affiche le continent sur le plan de l’activité postale, attendait un appel crédible, d’un pays attractif, en mesure d’accueillir avec toutes les commodités nécessaires, ce congrès. La Côte d’Ivoire d’aujourd’hui, celle du Président Alassane Ouattara donne ces assurances, ce qui explique que nous allons très optimistes au congrès d’Istanbul, qui prendra la décision de désignation du pays hôte de 2020. Nous avons par ailleurs eu les assurances de soutien d’un grand nombre de pays et d’organisations sous-régionales. Il est important d’ajouter que cette candidature n’est plus celle de la Côte d’Ivoire seule, mais celle de toute l’Afrique. Elle a d’abord été celle de la Cpeao (Conférence des Postes des États de l’Afrique de l’Ouest),qui regroupe les 15 pays de la Cedeao, puis celle des pays membres de l’Upap (Union Panafricaine des Postes), qui regroupe les 54 pays du continent. Nous avons aujourd’hui un soutien unanime de l’Afrique, ce qui donne toute sa crédibilité et son sens à notre slogan, ‘’la Côte d’Ivoire vous invite, l’Afrique vous accueille’’.

    Dites-nous franchement, Monsieur le ministre, quel avenir projetez-vous pour la Poste qui, selon l’opinion nationale, tend à disparaître de l’univers ivoirien, comme dans plusieurs autres pays, depuis l’avènement du téléphone portable et des technologies de l’information et de la communication (tic) ? Pensez-vous aujourd’hui que la poste a encore droit de cité en Côte d’Ivoire ?

    Aujourd’hui, c’est vrai, la Poste de Côte d’Ivoire ne fonctionne pas comme nous l’aurions voulu, mais cela n’indique pas que l’activité postale, c’est-à-dire entre autres, la circulation du courrier, de colis, d’argent, ait disparu, bien au contraire… Les difficultés de la Poste CI sont principalement liées à la longue crise que notre pays a vécue, au manque de ressources financières pour amorcer la pompe de son renouveau, mais aussi à un environnement règlementaire devenu inadapté et gangréné par l’anarchie. Un grand nombre de postes du monde ont réussi à faire leur mue et sont aujourd’hui en bonne santé. Il peut en être de même en Côte d’Ivoire. Depuis 2012, nous avons un plan de relance des activités de la Poste de Côte d’Ivoire qui a été adopté par le Gouvernement et qui est mis en œuvre, petit-à-petit. Conformément à ce plan, les comptes de l’entreprise ont été remis à niveau et les fonds propres reconstitués. Nous avons rouvert plusieurs dizaines de bureaux, et nous avons progressivement lancé de nouvelles activités dont, le courrier express international, le courrier hybride, l’e-Commerce… Nous envisageons le lancement dans les prochains mois d’une plate-forme logistique en mesure d’accompagner les ambitions de développement des activités de la Poste CI. Progressivement, les choses vont changer, nous en sommes sûrs. Les difficultés de fonctionnement d’il y a 3 ou 4 ans, qui conduisaient à des retards de paiement des salaires de plusieurs mois, sont aujourd’hui derrière nous. En parallèle, nous avons fortement fait évoluer l’environnement règlementaire, pour prendre en compte, entre autres, la libéralisation de fait du marché. Désormais, une Autorité de régulation de l’activité postale est en place, un opérateur du service universel postal est en cours de désignation, les fournisseurs de services postaux sont enregistrés, donc connus et seront régulés, etc. Nous sommes donc face à un environnement dynamique, plus clair pour tous les acteurs et plus protecteur des droits des consommateurs.

    Après l’obligation qui est faite aux entreprises de se doter d’une adresse postale, ce qui est une source de financement, pourquoi selon vous, la Poste est toujours à la traîne aujourd’hui? Ce que nous pouvons dire, c’est que la Poste CI a malheureusement été défaillante pendant pratiquement une quinzaine d’années, pour diverses raisons. Je viens d’en évoquer quelques-unes. Et la nature ayant horreur du vide, certaines parties prenantes, notamment les fournisseurs de services et les usagers se sont adaptés pour, d’une manière ou d’une autre, pallier les faiblesses de la Poste CI. Entre 1976 (date d’adoption de la précédente Loi postale) et aujourd’hui, le monde a changé. Le numérique est passé par là, il y a de moins en moins de courriers mais de plus en plus de colis, le transfert d’argent est apparu et se développe à une vitesse exponentielle, le monde tourne plus vite et les échanges commerciaux se multiplient… Voilà le monde auquel la Poste CI doit s’adapter et c’est ce qu’elle est en train de faire.

    Le projet de relance et de développement de la poste fait-il partie des projets pouvant intéresser les bailleurs de fonds internationaux, est-il inscrit en bonne place dans le PND?

    Ce sont des projets qui peuvent intéresser des bailleurs de fonds, mais la faiblesse ici résidait principalement dans la structure financière de la Poste CI qui était trop déséquilibrée jusqu’aux changements dont j’ai parlé plus haut. La priorité était de restructurer cette situation financière et aujourd’hui, nous y sommes plus ou moins. Progressivement, l’État , seul actionnaire actuellement, faisant sa part, il y a des chances que d’autres investisseurs soient intéressés. Nous y allons étape par étape, et pensons être dans la bonne direction.

    Malgré la bonne volonté de l’État ivoirien et même l’appui des bailleurs de fonds, face à la progression des technologies, avec la tendance à tout dématérialiser (douanes, billets d’avion, banque, cartes de crédit, états civils, la e-gouvernance…), la Poste ne finira-t-elle pas par disparaîtra dans 20 ans ?

    L’activité postale a ceci de spécifique, qu’elle s’adapte aux moyens qu’utilisent les humains pour échanger entre eux, des informations, des biens, de l’argent, etc. L’activité postale ne disparaîtra donc pas. La seule question qui peut éventuellement se poser est, qui exercera cette activité ? Notre Poste doit tout simplement s’adapter, mieux comprendre le nouvel environnement dans lequel elle évolue, mieux comprendre les attentes des clients, avoir une gouvernance plus rigoureuse et plus efficace, se donner les moyens humains pour atteindre ses ambitions, etc. La gouvernance de la Poste CI vient d’être renouvelée et nous comptons évidemment sur les nouveaux dirigeants pour travailler dans ce sens. L’activité courrier va certainement continuer à baisser, cela est inéluctable comme vous le dites, notamment à cause de la dématérialisation induite par les TIC, mais les nouvelles activités dont j’ai parlé tout à l’heure (commerce électronique, courrier hybride, cyber centres…) ont à mes yeux un potentiel au moins aussi plus important. Le commerce électronique par exemple, permet, via internet, de faire des achats, de payer à distance, mais l’objet que vous avez acheté à distance(sauf s’il est immatériel) ne pourra jamais vous être livré via votre ordinateur. Cette activité ‘’Colis’’, tributaire du commerce électronique qui connaît en Côte d’Ivoire une évolution fulgurante, va continuer à se développer sans aucun doute. À la poste CI de s’organiser pour prendre sa part dans ce marché nouveau. Le courrier hybride a un potentiel important dans un environnement où les entreprises préfèrent se concentrer sur leur cœur de métier, l’activité cyber centres présente une complémentarité naturelle avec celle de la poste, qui avec ses locaux et son réseau, dispose d’une avance confortable sur ses adversaires… Nous sommes donc très confiants en ce qui concerne l’avenir de notre Poste. La vision est là, elle est claire et les décisions qui doivent être prises l’ont été. Un plan cohérent de relance des activités est en marche, allons donc seulement… et vous serez étonnés par la vitalité retrouvée de la poste CI dans pas longtemps.

    Quelle est la situation de l’adressage des rues, comme c’est le cas par exemple, au Sénégal?

    Nous y travaillons. C’est pour le Chef de l’État et pour le Premier Ministre une priorité. C’est aussi une priorité pour l’ensemble du gouvernement car plusieurs ministères attendent avec impatience le lancement et la mise en œuvre de ce projet qui contribuera sans doute à faciliter la vie de nos concitoyens. Un comité de pilotage est mis en place qui s’est déjà réuni à plusieurs reprises autour du Ministre d’État , Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, et un contenu est progressivement donné au projet. Ce qui prend un peu de temps, c’est la recherche des ressources financières qui permettront de réaliser ce projet ambitieux, dont l’intérêt est à la fois national, économique et social… La volonté politique est là et elle est forte, donc soyons là aussi confiants.

    Claude Dassé Photo afrikipresse.fr

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