Internet fait de plus en plus partie du quotidien des africains avec l’avènement du smartphone et le développement de l’internet mobile.
Le Niger est par exemple passé de 5000 internautes en 2000 à plus de 400 000 aujourd’hui, grâce aux fournisseurs d’accès mobiles.
Cependant, aussi fulgurante que puisse paraître cette révolution sur le continent, elle reste confrontée à un obstacle majeur, notamment celui du prix de l’accès à internet. Aujourd’hui, et selon les pays, l’accès internet reste plus élevé en Afrique qu’en Europe.
En France par exemple, avec 20 euros (un peu plus de 13 000 FCFA), l’on peut trouver des formules d’abonnement proposant un accès mensuel illimité à internet en 4G, tandis qu’au Niger avec 23 euros, l’on a accès à un forfait internet prépayé de 9Go pour un mois en 2 ou 3G sans aucune formule « multi-play ».
En 2014, s’abonner à l’internet fixe au Niger revenait à investir les deux tiers de son revenu pour un débit de 0.26Mb/s. Cette inégalité est d’autant plus frappante, que ce pays d’Afrique reste l’un des plus pauvres de la planète.
[ Pourquoi Internet est-il cher en Afrique? ]
Les causes de la cherté d’internet sur le continent sont avant tout techniques, avec plus de 80% du trafic internet assuré par des connexions satellitaires coûteuses fournies par l’Occident. Par ailleurs, il n’y a pas suffisamment de câbles sous-marins pour connecter l’Afrique au reste du monde.
Accéder à internet via un câble sous-marin est largement plus performant et moins coûteux que de recourir aux services d’un satellite. Les quelques câbles présents ne rentrent pas à l’intérieur des terres africaines et s’arrêtent généralement aux côtes.
Enfin, l’Afrique ne dispose pas de suffisamment d’IXP (Internet Exchange Point, ou point d’échange internet) fonctionnels.Un IXP est une infrastructure physique permettant aux fournisseurs d’accès internet d’échanger du trafic sans sortir des limites géographiques d’une zone donnée. Autrement dit, quand vous envoyez un mail celui-ci n’effectuera plus de périples entre l’Asie ou l’Amérique : l’envoi sera désormais localisé et géré dans la zone définie par le protocole, ce qui évite de créer des coûts supplémentaires. Ces infrastructures contribuent à rendre plus fluide et moins onéreux l’accès internet.
Les causes de la cherté d’internet en Afrique ne sont pas seulement imputables aux insuffisances techniques. Il faut prendre en compte le facteur politique, ou le manque de volonté politique, avec des États inactifs semblent en termes de régulation concernant le secteur.
Cette absence de régulation a conduit en 2016 des pays comme la République Démocratique du Congo dans une conjoncture telle que les internautes, excédés par les hausses spectaculaires du prix de l’internet (jusqu’à 500% dans certains cas), sont sortis dans les rues exprimer leurs mécontentements en organisant un rassemblement nommé «Nuit debout ».
Les agences de régulation paraissent impuissantes face aux opérateurs mobiles, qui sont aussi des poids lourds économiques, des partenaires historiques présents depuis longtemps sur le continent qui font la pluie et le beau temps dans divers secteurs de l’économie, et qui restent soucieux d’engranger des profits et plus value, que l’exigence de la satisfaction des consommateurs, ne rend plus possible ailleurs.
Les gouvernements africains doivent décider d’une stratégie nouvelle en matière de régulation qui permette aussi de bien asseoir la concurrence; faute de quoi le marché de l’accès internet restera stagné, toujours entre les mains de quelques opérateurs qui ne voudront absolument rien céder ni concéder.
Ousmane Mamoudou , au Niger