En quittant la Bceao et le FMI, le banquier Alassane Ouattara avait pour seule ambition, mettre sa compétence au service de son pays, la Côte d’ivoire. Mais la force des épreuves finira par forger son destin, d’homme d’Etat.
« Venu de Dakar et du FMI pour mettre sa compétence, sa rigueur et son talent au service de son pays malade et de son président désemparé, Alassane Ouattara n’avait jamais témoigné auparavant d’un goût inné pour le pouvoir.
Plutôt que par ambition personnelle, il a été poussé sur le devant de la scène politique par la seule volonté du président Félix Houphouet Boigny » écrit Moriba Magassouba à la page 241-242, chapitre 16 de son livre « Alassane Ouattara, la passion du devoir ».
Mais face aux nombreuses épreuves, Alassane Ouattara va révéler qu’il est un homme de caractère.
Sa capacité d’écoute, son sens du devoir et sa grande générosité vont finir par l’imposer auprès d’un peuple qui nourrissait depuis 40 ans d’en finir avec le passé, un peuple qui avait soif du changement.
2010 : Alassane Ouattara, candidat du RDR
« Cejeudi 19 novembre 2009, à Abidjan, le président du conseil constitutionnel, Yao Paul N’Dre rend publique la liste des candidats retenus pour l’élection présidentielle. Sans surprise, le nom de ADO y figure. C’est l’épilogue de plus de 15 ans de lutte acharnée où Alassane Ouattara, sa famille, ses proches et son entourage politique ont pris des coups les plus rudes, comme aucun homme politique ivoirien n’en a jamais pris dans l’arène » écrit l’auteur à la page 245.
Une candidature qui n’a pourtant pas atténué la volonté de ses adversaires surtout Laurent Gbagbo, de l’abattre.
Alassane Ouattara l’homme à abattre
Pendant la précampagne, Alassane Ouattara sera traité de tous les noms par le président sortant, Laurent Gbagbo.
Ce dernier l’accuse d’être le parrain de la rébellion du 19 septembre 2002 et même d’être le commanditaire du coup d’état contre Henri Konan Bedie le 24 décembre 1999.
Et pourtant aujourd’hui encore, ni Laurent Gbagbo, ni Henri Konan Bedie, n’a brandi de preuve tangible impliquant le leader du RDR dans ces événements.
Les démons de la campagne
Alors que Alassane Ouattara sillonne le pays profond pour expliquer sa vision d’une Côte d’ivoire prospère basée sur la redistribution des ressources, région par région et avec la nette promesse d’investir au moins 10 milliards de Fcfa dans des réalisations dans chaque région, ses adversaires eux s’attardaient sur une éventuelle fraude électorale, s’ils ne brandissent pas à nouveau le chiffon rouge de l’Ivoirité.
« Dès le début du mois de janvier 2010, le camp présidentiel déclenche les hostilités accusant le président de la CEI, Robert Beugre Mambe, issu du Pdci, d’avoir tenté d’introduire frauduleusement sur la liste électorale quelques 429.000 noms. Le 12 février Laurent Gbagbo dissout la CEI et le gouvernement Soro 1. Ce dernier est reconduit et chargé de former un nouveau gouvernement le 15 février. Ce qui fut fait avec le refus de l’opposition d’y entrer» écrit Moriba à la page 253-254.
Ce qui ne tue pas, renforce
Finalement sous la pression du médiateur de l’accord de Ouagadougou, Blaise Compaore, Laurent Gbagbo remet sur pied la CEI avec Youssouf Bakayoko comme président.
Cela rencontre l’assentiment de l’opposition qui accepte de revenir dans le gouvernement Soro 2 le 5 mars 2010.
Le 21 septembre, Gbagbo toujours acculé, signe au cours de la septième réunion du CPC ( cadre permanent de concertation) à Ouagadougou, un décret autorisant la délivrance de la carte nationale d’identité aux 5.725.720 personnes inscrites sur la liste électorale.
Enfin, le CPC notera sa satisfaction quant au bon déroulement depuis le 15 juin 2010, des opérations d’encasernement des 5000 éléments des forces armées des forces nouvelles ( FAFN) sur les sites de Korhogo, Bouaké, Séguéla et Man.
Mais malgré ces petites victoires obtenues dans le cadre de la décrispation avant les élections présidentielles, la suite de la campagne sera peu chaleureuse. Du face à face avant le deuxième tour à la crise préélectorale et postélectorale, la Côte d’ivoire, on peut le dire sans se tromper a fait du chemin.
Philippe Kouhon