Député de Facobly et président du conseil régional du guémon dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, Evariste Méambly fait le point de ses cinq années de gestion avec Afrikipresse.
Vous avez la double casquette de député de Facobly et président du conseil régional du Guemon. Avec vous nous allons faire le tour de ces deux attributs. Commençons par le conseil régional, dont le renouvèlement des membres est pour bientôt. Que doit-on retenir de vos 5 ans à la tête du conseil régional du Guemon.
Tout d’abord il nous a fallu faire le diagnostic de la région du Guemon qui était devenue une région fantôme après la crise de 2011. Ce Diagnostic a donné lieu à la confection du Schéma Régional de l’Aménagement du Territoire de notre Région (SRAT) par le Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement (BNETD). Aujourd’hui, les réalisations faites sur le terrain parlent pour nous. De nombreuses infrastructures ont été soit construites soit réhabilitées pour permettre un fonctionnement normal à tous les niveaux.
Ainsi de nombreux efforts ont été faits à tous les niveaux (scolaire, sanitaire, sécuritaire, administratif, agricole, commercial, socio-culturel et de la protection civile)
Ce sont pour DUEKOUE : 1.744.494.961 d’investissements
BANGOLO : 1.876.833.603
KOUIBY : 1.709.578.671
FACOBLY : 1.886.115.849 soit un total de 7.217.026.088 de projets réalisés dans toute la région du Guemon.
Grâce au SRAT, ce seront 84 villages qui sont en cours d’électrification et 290 m de route à bitumer d’ici la fin de 2020.
Vous vous apprêtez à sillonner plusieurs localités de la région. Quelle est le contenu de cette mission.
Cette mission est à l’image de nombreuses autres organisées à travers la région depuis que les populations nous ont accordé leur confiance. Il en existe deux types.
Tout d’abord, pour le premier type de mission, il s’agit de respecter le mode de fonctionnement du Conseil Régional, qui nous fait obligation de tenir chaque trimestre des sessions publiques au cours desquelles, les populations sont invitées et peuvent prendre la parole si elles le souhaitent. A ces occasions nous faisons le point de l’évolution de nos actions. J’ai pour ma part souhaité que ces session soient tournantes et donc qu’elles aient lieu dans chaque chef-lieu de Département afin que toutes les populations soient au fait de l’évolution du Développement de l’ensemble de leur région.
Quant au second type de mission, nous rencontrons les populations avant le lancement des projets pour leur expliquer le bien-fondé de notre choix et recueillir leur avis, suggestions et autres doléances. Egalement pendant la phase de réalisation des projets, nous les rencontrons à nouveau pour voir avec eux l’état d’avancement des projets et en définitive nous les rencontrons pour les inaugurations quand les ouvrages sont achevés.
Ainsi le vendredi 23 Février 2018 se tiendra à BANGOLO, la 1ere session de l’année 2018 du Conseil Régional du GUEMON. A cette occasion nous ferons le point de ces 5 années à la tête de la Région. Dans l’après-midi de cette même journée, nous nous rendrons à YROZON dans le Département de DUEKOUE pour échanger avec les populations des 7 villages de l’axe KPOHOUÔ (Yrozon -Blodi – Nidrou – Bagohouo – Sibably – Pona Vahy-Guinglo Zia). Ce sera pour nous l’occasion de lancer les projets qui ont fait l’objet de doléances de la part des populations et auxquelles nous avons accédé, en l’occurrence la construction d’un logement pour l’Infirmier ; l’ouverture de la voie du village ; le lotissement du village et la réhabilitation de 3 salles de classes.
Le Samedi 24 Février 2018 : Nous nous rendrons à SEMIEN dans le Département de FACOBLY, pour procéder à l’Investiture du Nouveau Chef de Canton.
Dimanche 25 Février 2018, nous retournerons dans le Département de BANGOLO précisément à ZOU, pour une cérémonie de remise des clés du nouveau poste de Gendarmerie et d’une école de trois classes avec Bureau, construites par le Conseil Régional du Guemon.
L’Après-midi de ce même Dimanche nous irons à Guinglo-ville dans le Département de KOUIBLY pour la pose de la première pierre du foyer des jeunes de ladite localité. Enfin la dernière étape de ce Dimanche, sera ZEO, dans le Département de BANGOLO pour le lancement des travaux de construction du Collège de proximité et du poste de Gendarmerie de la localité.
Que répondez-vous à ceux qui affirment que durant tout ce temps vous avez ignoré les trois autres départements (Bangolo, Kouibly, Duekoué) au profit de Facobly.
Je crois que ce genre d’assertion relève de la méconnaissance de la région du Guemon. Ce qu’il faut savoir c’est que contrairement aux trois départements que sont DUEKOUE, BANGOLO et KOUIBLY, le Département de FACOBLY a été érigé en département en 2012 et pendant une dizaine d’année FACOBLY n’a pas bénéficié de budget pour le compte des ex-conseils régionaux. Ainsi il a fallu mettre en place un grand nombre d’infrastructures pour permettre le fonctionnement de l’Administration. C’est cet état de fait qui a fait dire que FACOLY a fait l’objet de favoritisme de ma part.
Est-ce que M. Meambly est candidat aux prochaines élections régionales.
Pour l’instant je suis encore à la tâche et elle n’est pas finie.
Avec le Conseil Régional, J’ai œuvré durant cinq ans à restaurer les infrastructures de bases de la région du GUEMON qui avaient été détruites en grande partie durant la crise postélectorale qui a secoué notre pays et singulièrement ma région. Ensuite, nous avons tenté d’impulser le Développement malgré les budgets insignifiants que nous recevions, à travers le financement d’activités génératrices de revenus (AGR) pour les jeunes et les femmes dans toutes la Région ; Le reprofilage des routes pour faciliter le transport des productions agricoles vers les Chefs-lieux de Départements; des dons de milliers de tables blancs à toutes les écoles de la Région pour aider nos enfants à avoir une éducation scolaire ce qui a valu à la région du Guemon d’être classée 1ere au niveau de l’entrée en 6ème en 2016. Notre participation à la Sécurité s’est traduite par la construction de Postes de Gendarmerie, de Commissariats de police et l’installation des sapeurs-pompiers etc.
C’est un immense privilège pour moi de service mes parents, de participer à la construction de ma Région et au-delà la Nation.
Chaque chose en son temps, j’estime n’avoir aucune pression relative aux prochaines élections locales. J’aviserai en temps utile.
MEAMBLY LE DEPUTE
Dès le début de la première session parlementaire, vous avez fait feu de tout bois avec une proposition de loi sur l’amnistie. Où en êtes-vous à l’Assemblée nationale avec cette proposition.
En effet, le 05 Avril 2017 je devenais Président du Groupe Parlementaire AGIR POUR LE PEUPLE et le 30 Juin 2017 nous déposions une 1ere Proposition de loi portant AMNISTIE à l’Assemblée Nationale qui fut suivie un mois plus tard d’une 2nd proposition de loi déposée le 15 Septembre 2017 portant INDEMNISATION DES VICTIMES ; il fallait en tant que Député faire des propositions qui puissent « abolir » les coups d’états et les mutineries dans notre pays. C’est une grande première en la matière et certains assimilent notre démarche à la loi cadre proposée en 1946 au parlement français par le Député FELIX HOUPHOUET BOIGNY, Père fondateur de la Côte d’Ivoire, pour l’abolition du travail forcé.
J’ai estimé que pour une vraie Réconciliation et une Paix durable dans notre Pays, il était de mon devoir d’associer toutes les parties et tous les acteurs qui interviennent dans la politique en Côte d’Ivoire. C’est ainsi que j’ai eu tout d’abord à effectuer 4 visites à la HAYE pour rencontrer le Président GBAGBO et Mon jeune frère l’ex-ministre Charles Blé Goudé afin de prendre de leurs nouvelles et recueillir leurs avis et suggestions pour la promotion des 2 lois.
Avec les Députés de mon Groupe Parlementaire, nous avons rencontré des Dirigeants et de nombreux responsables des Partis politiques ivoiriens (FPI tendance SANGRE, FPI tendance AFFI ; URD ; PIT ; le RDR…)
De très nombreux acteurs de la vie politique de notre pays, des ambassades accréditées en Côte d’Ivoire, des Députés Français et des Institutions Internationales ont également eu droit à notre plaidoyer pour la paix et la Réconciliation à travers des Rencontres et voyages à l’Etranger au cours desquelles nous leur avons remis un rapport d’activités de 250 pages de notre Groupe parlementaire AGIR POUR LE PEUPLE, qui contient également des copies de ces propositions. Pour l’heure, nos deux propositions de loi suivent leur parcours dans l’administration législative et exécutive.
Il faut ajouter également que nos activités à l’Assemblée Nationale ont également été marquées par des Amendements au compte de plusieurs Projets de loi dont l’une des plus significatives est celle relative à la loi portant régime juridique de la Presse en Côte d’Ivoire avec ma participation à une marche aux côtés de tous les journalistes ivoiriens à Cocody en Mai 2017.
Meambly, le national
On apprend dans les coulisses que vous serez candidats aux présidentielles de 2020. D’abord sous quelle bannière et quelles sont vos chances de gagner.
Généralement, les échos des coulisses traduisent la volonté de certaines personnes ou du peuple de voir changer les choses dans leur environnement quel qui soit. Pour ma part, j’estime que la politique et la gestion des affaires publique répondent à certaines règles et qu’il faille remplir un grand nombre de critères avant de s’y adonner dans une certaine dimension. Ce serait prétentieux et prématuré de ma part d’ébaucher une quelconque participation à des élections présidentielles qui n’auront lieu que dans deux ans. Encore une fois chaque chose en son temps.
Subsidiaire.
Ce sont bientôt les élections locales (municipales, régionales et sénatoriales). Meambly a-t-il des candidats ? Si oui, combien et qu’attendez-vous de tous ces élus que vous êtes prêt à financer.
En effet, j’envisage parrainer 10 candidatures dans les communes d’Abidjan et 90 autres à l’intérieur du pays lors des élections municipales et régionales de cette année 2018. Aujourd’hui, je suis à 45 candidats indépendants et le nombre de personnes avec lesquelles je compte aller à ces élections locales ne fait que croître; le temps pour nous de peaufiner tout cela, le nombre définitif sera connu en temps opportun.
Ma modeste expérience en matière de Développement local m’a appris qu’il reste énormément à faire en la matière et malheureusement ni les budgets alloués aux collectivités décentralisées, ni les faitières censées les accompagner ne sont suffisamment à la hauteur de ce que les populations attendent. C’est pourquoi, en accompagnant et en obtenant un nombre suffisamment significatif d’élus locaux, nous ambitionnons de créer d’autres faitières afin de participer selon notre vision, nos ambitions et notre relationnel au Développement des collectivités dont les populations nous auront accordé leur confiance pour présider aux destinées de leurs différentes localités.
Avez-vous quelque chose à ajouter.
Puisqu’on parle d’élections, je souhaiterais revenir sur l’environnement des élections sénatoriales et locales de cette année 2018. En 2015, lorsqu’il s’est agi des élections présidentielles, je m’étais empressé déjà à cette époque de tirer la sonnette d’alarme sur les conditions à remplir pour des élections apaisées justes et transparentes afin d’éviter les dramatiques et traumatisants effets des élections de 2010.
Le clivage de la société et le climat de suspicion qui existait et qui subsiste toujours mais dans une certaine mesure, imposait un peu de clarté dans ce processus électoral. C’est pourquoi je m’étais proposé candidat à la Présidence de la CEI.
Aujourd’hui à un mois du Début des élections sénatoriales, la CEI garde toujours le même président et la même configuration au grand dam de toute l’opposition politique ivoirienne.
C’est le lieu pour moi, en ma qualité de Président de Groupe Parlementaire et de Président de Région, d’attirer encore une fois l’attention du pouvoir en place, sur l’impérieuse nécessité de réformer la CEI. Une telle réforme s’inscrirait uniquement dans un esprit d’indépendance et de transparence et rassurerait les populations et les acteurs politiques. Faut-il rappeler que la CEI a joué un rôle capital dans la crise postélectorale de 2011? C’est pourquoi tout ce qui touche à cette institution, interpelle l’ensemble des ivoiriens qui sont les premiers concernés et qui craignent que l’histoire ne se répète ; ne dit-on pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Pour ma part, j’ose croire que le Gouvernement accordera une oreille attentive à l’ensemble des revendications faites par la quasi-totalité des acteurs de la politique de notre pays. Une telle réforme serait sans aucun doute de nature à faire prospérer la quiétude des populations et à garantir des élections transparentes et apaisées.
Propos recueillis par Philippe Kouhon