« Un meilleur dispositif de préparation s’impose de toute urgence pour prévenir et atténuer les effets de la pandémie du Covid-19 en Afrique australe, en mobilisant notamment des ressources supplémentaires pour effectuer des tests de dépistage et pour réduire l’impact de la maladie sur les ménages et l’économie », affirme la Banque africaine de développement dans son nouveau rapport sur les « Perspectives économiques régionales en Afrique australe 2020 ».
Selon le scénario de référence évoqué dans ce rapport de la Banque africaine de développement qui tient compte de l’apparition de la pandémie de Covid-19, la croissance de l’Afrique australe devrait chuter à 4,9 % en 2020. Dans le cas de figure le plus défavorable, cette croissance devrait chuter de 6,6 % en 2020 avant de repasser à 2,2 % en 2021. Cela, principalement en raison de la grave récession que connaît l’Afrique du Sud, provoquée par une chute des prix des matières premières, par les mesures de confinement, par des conditions météorologiques défavorables et par des problèmes structurels affectant les services publics. Selon les projections, la croissance de la région sera la plus impactée par l’épidémie de Covid-19.
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Avant la pandémie de Covid-19, l’économie de l’Afrique australe devait passer d’une croissance de 0,7 % en 2019 à 2,1 % en 2020. L’Afrique du Sud, la plus importante économie de la région, devrait représenter en moyenne 60 % de la production économique régionale en 2020.
À la suite de la pandémie de Covid-19, les prévisions de croissance économique ont été abaissées de 7 points par rapport à la projection initiale du scénario de référence, et de 8,7 points dans le cas de figure le plus défavorable. Les répercussions de la pandémie de Covid-19 devraient s’étendre au reste des économies d’Afrique australe.
Le Botswana, l’Eswatini, le Lesotho et la Namibie sont considérés comme les pays les plus vulnérables à la contraction imminente de la croissance économique de l’Afrique australe, tandis que les ventes de gaz et d’électricité au Mozambique risquent d’en subir les effets. En outre, les pays dépendant du tourisme, comme Maurice, seront impactés.
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Cependant, dans l’immédiat, les perspectives sont dépendantes du niveau de propagation des nouveaux cas de contamination au coronavirus. L’Afrique du Sud est aujourd’hui le cinquième pays le plus touché de la planète, avec près de 400 000 cas confirmés.
Le secteur des services, qui représente plus de la moitié du PIB de la majorité des économies régionales, devrait être impacté par la pandémie, dont les effets ont été aggravés par les restrictions sur les déplacements ainsi que par les perturbations que subissent les secteurs des transports, de la distribution, de l’hôtellerie et de la restauration, des loisirs, de la vente au détail et des échanges commerciaux.
« La diversification des économies, qui se caractérise par une industrialisation axée sur les matières premières, contribuera à renforcer la résilience de la région pendant les périodes de ralentissement », souligne le rapport.
Le rapport définit la pauvreté et les inégalités comme les deux grands problèmes auxquels est confrontée la région d’Afrique australe, et il appelle à la mise en place de mesures inclusives, générales et favorables aux plus démunis pour que la croissance soit capable d’apporter, en grande partie, une solution à ces deux problèmes.
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Par rapport à d’autres régions d’Afrique, l’Afrique australe possède les taux de chômage les plus élevés, avec une moyenne de 12,5 % entre 2011 et 2019, suivie de l’Afrique du Nord avec une moyenne de 11,8 % pour la même période. Le chômage devrait augmenter, notamment dans les secteurs les plus durement touchés comme ceux du tourisme et de l’hôtellerie, des loisirs, de la vente au détail et du commerce et de l’agriculture, ceux-ci employant la plupart des habitants de la région.
L’amélioration de la compétitivité et de l’environnement des entreprises de la région est donc indispensable. La zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) devrait offrir aux marchés des opportunités à moyen et à long terme permettant de stimuler la croissance économique. Le marché intra-africain devrait contribuer à l’atténuation d’une partie des effets négatifs de la pandémie de Covid-19, indique le rapport.
Le rapport rappelle l’apport d’une éducation et de formations de qualité, ainsi que l’accès à celles-ci, comme la base de la prospérité, de la dignité et du bien-être des individus. Elles constituent l’épine dorsale des économies prospères, ajoute le document. « Pour parvenir à la diversification économique et à un changement structurel en s’orientant vers les secteurs à productivité élevée, une main-d’œuvre plus qualifiée et plus adaptable est nécessaire », recommande le rapport.
Publié chaque année, le rapport sur les Perspectives économiques en Afrique (PEA) fournit des données et des analyses à jour pertinentes dans le but d’informer et de soutenir les décideurs africains. Depuis 2018, la publication de PEA est associée à celle de cinq rapports régionaux sur les perspectives économiques pour l’Afrique centrale, l’Afrique de l’Est, l’Afrique du Nord, l’Afrique australe et l’Afrique de l’Ouest.
« La troisième édition du rapport Perspectives économiques régionales pour l’Afrique australe parue cette année offre aux décideurs évoluant aux niveaux national et sous-régional des choix solides pour faire face aux obstacles auxquels est confronté le développement économique durable, cela grâce au développement des compétences permettant la formation de la main-d’œuvre de demain pour la période de l’après-Covid-19 », a déclaré Josephine Ngure, directrice générale par intérim du Bureau régional de la Banque pour l’Afrique australe.
Source: Banque Africaine de Développement