Les pays francophones, membres du conseil de sécurité (ONU) se sont réunis autour d’un petit déjeuner de travail, le mercredi 25 septembre 2019 à New York, en marge de la 74ème assemblée générale des nations unies : objectif, mettre sur pied une plateforme afin de parler désormais d’une seule voix au sein du conseil.
New York, hôtel The Pierre, 2 East, 61Str. Sous l’impulsion de la Côte d’Ivoire, une douzaine de pays membres de l’organisation internationale de la francophonie (OIF), sortants et entrants au conseil de sécurité des nations unies pour la période 2020-2021, ont échangé autour de la création d’une plateforme de concertation au sein du conseil.
Expliquant les raisons d’une telle structure, le ministre ivoirien des Affaires Etrangères, Marcel Amon-Tanoh a dit :
« Au conseil de sécurité, on entend parler de P5 (les 5 pays membres permanents), P3 (USA, Grande Bretagne, France), P2 (Chine, Russie) ou encore A3 (les pays africains). Mais l’outil de communication c’est la langue. Malheureusement il n’existe pas de plateforme qui réunit les pays membres du conseil de sécurité qui ont en partage le français. Voilà pourquoi nous avons considéré avec l’OIF que c’était une initiative à prendre. Nous avons convoqué cette rencontre pour définir ensemble le cadre de concertation à mettre en place afin de faire vivre cette plateforme de façon pérenne au sein du conseil de sécurité ».
Situant les objectifs de la plateforme, la secrétaire générale de l’OIF, Louise Mushikiwabo a dit : « Le gros du travail du conseil de sécurité est en Afrique avec 75% des conflits dans le cadre des opérations de maintien de la paix. A ce niveau l’OIF et l’UA ont déjà convenu de collaborer afin de dégager à chaque fois un consensus dans le mode de règlement de ces conflits. Notre plateforme d’aujourd’hui doit renforcer le dialogue et la consultation entre les Etats francophones au niveau des nations unies, surtout sur les questions de paix et de sécurité afin de dégager un consensus. Elle doit assurer une plus grande mobilisation des Etats francophones destinée à rendre leur engagement plus visible au sein du conseil et enfin développer des actions d’accompagnement, telles la formation des coordonateurs politiques au sein du conseil, la diplomatie préventive, le renforcement des capacités des membres entrants ect. Enfin, la plateforme devrait se réunir de façon permanente sous la direction du groupe des ambassadeurs francophones près des Etats-Unis (GAF) ».
La Côte d’Ivoire exhorte la plateforme à poursuivre ses actions au sein du conseil de sécurité.
Membre non permanent du conseil de sécurité pour la période 2018-2019, la Côte d’Ivoire quitte le conseil en décembre prochain. Toutefois, elle entend jouer un rôle important au sein de la plateforme.
Ainsi, le ministre ivoirien des Affaires Etrangères, Marcel Amon-Tanoh a appelé la plateforme à une unité d’action autour de deux projets de résolutions, importantes aux yeux de la Côte d’Ivoire et qui sont encore sur la table du conseil jusqu’en décembre 2019. Ce sont, la question du financement des opérations africaines de maintien de la paix au cas par cas et la réforme « Action for Peace » portée par le secrétaire générale de l’Onu.
À ces deux réformes, il faut ajouter la promotion du dialogue au sein de la famille francophone et surtout faire recours au multilatéralisme, seule voie durable pour la résolution des conflits.
La force de la francophonie au sein du conseil de sécurité
Notons qu’ils sont trois pays sur les six francophones (Côte d’Ivoire, Guinée Equatoriale et Pologne) membres du conseil de sécurité qui sortent à la fin de l’année 2019. Avec l’entrée de l’Estonie, le Niger, le Vietnam, la Tunisie et la République Dominicaine, le conseil comptera pour la période 2020-2021 au moins huit (8) pays francophones.
Selon Marcel Amon-Tanoh de la Côte d’Ivoire, près du quart des 121 pays contributeurs des troupes des nations unies pour le maintien de la paix sont les pays de l’OIF. Mieux, 19 d’entre eux dont la Côte d’Ivoire figurent au Top 50 des plus grands contributeurs (…)
La France toujours aux commandes
Pour garantir la pérennité de la plateforme, il a été proposé à la France, pays membre permanent du conseil de sécurité d’assurer sa première présidence.
Enfin, adoptée séance tenante, la plateforme en plus de ses réunions permanentes en fonction de l’actualité, tiendra une réunion de haut niveau chaque année à la veille de l’ouverture du débat général de l’Assemblée générale des nations unies en septembre.
Ont pris part à cette réunion constitutive de la nouvelle plateforme des pays membres du conseil de sécurité ayant en partage la langue française, les représentants de la Côte d’Ivoire, Rwanda, France, Belgique, Niger, Estonie, Vietnam, Tunisie, Pologne, République Dominicaine, OIF et de l’union européenne.
Philippe Kouhon, envoyé spécial à New York