Il était conseiller diplomatique du président ivoirien, Alassane Ouattara. Ayant également la nationalité américaine , Mamadi Diané ce juriste qui vit depuis 40 ans aux Etats-Unis , avait été copté par l’ancien président Bill Clinton et le Black Caucus comme Conseiller aux Affaires internationales. Invité le jeudi 10 novembre 2016 de la radio Onuci fm, il s’est prononcé sur l’élection du nouveau président américain, Donald Trump.
Les Américains viennent de choisir leur président, Donald Trump. Quelle est déjà votre réaction, vous qui êtes Américain de nationalité ?
C’est un peu surprenant, comme pour beaucoup de personnes. C’est même très surprenant. Personne ne s’attendait à ça, même lui-même Trump je suis sûr. Mais le peuple a choisi.
D’après vous, quelle stratégie a-t-il adopté pour en arriver là, comme vous dites, pour surprendre le monde entier ?
La stratégie était simple pour lui. C’était l’Amérique profonde, le Nebraska, le Nevada, l’Amérique vraiment profonde, des gens qui ne sont jamais associés à Washington. Ils appellent les gens de Washington , les politiciens qui ne les ont jamais associés. Ils n’ont jamais accepté ce qui se passe à Washington. Donc, il a réussi à les faire sortir. Ils ont voté et il a gagné.
Pendant la campagne, il a eu quand même des propos assez controversés vis-à-vis de certaines parties de la population américaine. En tant que président, il a tenu un discours pour dire qu’il sera le président de tous les Américains. Est-ce qu’on peut vraiment croire que ce discours pourra tenir longtemps ?
Il tiendra. Il tiendra parce qu’il y a une séparation très nette du pouvoir aux États-Unis. Il y a l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Il y a des garde-fous. Il est vraiment impossible pour un président de pouvoir dépasser une certaine limite. Je pense qu’il va être obligé d’inclure tout le monde.
Vous avez dit que vous étiez vous-mêmes surpris. Le monde également semble surpris, que ce soit la presse qui avait fait des pronostics, que ce soit tous les observateurs. Alors, qu’est-ce qu’il faut craindre de la future gouvernance de Trump, pour être aussi surpris par son élection ?
Avec la séparation des pouvoirs, on ne pourra pas être trop surpris. Il y a les garde-fous, comme je l’ai dit. Dans les législatives, il ne faut pas oublier que ce sont les sénateurs ou les députés. Les sénateurs doivent se faire élire. Les députés doivent se faire élire. Dans leurs Districts, ils sont obligés de faire attention à ce que leurs populations veulent. S’ils sont trop extrêmes, ils n’auront pas les voix nécessaires pour pouvoir avoir un prochain mandat. Donc, il y a une limite qu’aucun politicien ne peut dépasser.
Au niveau de sa politique internationale, il avait aussi des positions assez tranchées. Est-ce que tout cela ne peut pas contribuer à un bouleversement des relations internationales ?
Cette possibilité existe. Mais il ne faut pas oublier que quels que soient les accords qui ont été signés par l’ancien gouvernement, il est obligé de les suivre. Il ne va pas pouvoir les effacer d’un coup de balai.
Pendant la campagne, l’Afrique était totalement absente de la politique et des projets. Qu’est ce qu’il faut espérer aujourd’hui de la gouvernance Trump par rapport à celle d’Obama ou de Bush par exemple ?
L’Afrique a toujours été absente dans les grandes élections américaines. Mais il ne faut pas oublier une chose : la meilleure politique africaine de tous les temps aux Etats-Unis a été faite par le fils Bush. Et personne ne s’attendait à ce que Bush fasse ce qu’il a fait pour l’Afrique. Que ce soit Obama, Clinton, ils n’ont pas fait la moitié de ce que le fils Bush a fait pour l’Afrique. Donc, ne soyons pas trop surpris. On verra. Espérons qu’il sera bien guidé. L’Afrique devient de plus en plus importante. C’est le seul continent où il y a encore des matières premières, où il y a encore la terre. L’avenir du monde entier dépend en ce moment des matières premières. Et ces matières premières sont trouvées en Afrique. Donc, tout le monde va être obligé de travailler avec l’Afrique. Trump sera obligé de le faire.
On peut aussi se demander quelles seront les relations avec les Nations unies, quel changement dans les relations entre les Etats-Unis et les Nations unies ?
Ça, l’Amérique profonde acceptera. Donc, les sénateurs, les députés accepteront facilement les relations assez tendues avec les Nations unies. Parce que l’Amérique profonde a toujours pensé que les Nations unies, c’est une perte de temps pour leur pays. Les dépenses effectuées, je crois que c’est à peu près ¼ ou 1/5 du Budget des Nations unies, étaient rejetées. Ils n’ont jamais accepté cela. Donc, je ne serai pas surpris de voir un grand changement à ce niveau. Comme je vous l’ai dit, les sénateurs, les députés qui ont la main sur le Budget accepteront facilement de travailler avec l’exécutif. J’ai le sentiment qu’il y aura beaucoup de bouleversement à ce niveau.
Entretien retranscrit par Alex A