Un rapport américain salue les efforts entrepris par le royaume pour lutter contre les réseaux djihadistes. Pour lutter contre le financement du terrorisme, les douanes marocaines s’appuient notamment sur les dernières technologies.
Un satisfecit mérité. Publié le 18 septembre dernier, le dernier rapport annuel du gouvernement américain sur le terrorisme dans le monde félicite le Maroc pour sa capacité de lutte anti-terroriste. Ce bon bilan se traduit d’abord dans les chiffres : en 2017, les autorités du royaume ont réussi à arrêter quelque 186 personnes. Neuf cellules terroristes ont été démantelées, dont certaines souhaitant s’attaquer à des bâtiments publics, comme l’ambassade d’Espagne, ou à des sites touristiques.
La stratégie du Maroc saluée
Le rapport des Etats-Unis examine également la stratégie globale du Maroc en termes de lutte contre le terrorisme. Saluant le travail du Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ), un organe dépendant de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), les auteurs félicitent le Maroc pour enquêter « efficacement » contre les personnes soupçonnées de terrorisme. Ils saluent également l’arsenal juridique du royaume, conforme selon eux à la politique de sécurité telle que formulée par les Nations Unies.
Participant à de nombreux programmes parrainés par Washington, le Maroc a amélioré ses capacités d’enquête, financières notamment, en termes d’analyse des renseignements et de cyber-sécurité. Le pays déploie également une stratégie globale contre l’extrémisme violent, priorisant le développement économique et humain, tout en surveillant étroitement la sphère religieuse. La formation des imams est élevée au rang de priorité, le pays formant 50 000 d’entre eux et plusieurs centaines d’Européens et d’Africains.
Comme l’explique le rapport, le Maroc participe à la coalition mondiale pour vaincre le groupe terroriste Etat islamique, et co-dirige avec les Etats-Unis l’Initiative de lutte contre le terrorisme local. Allié historique de l’Organisation de l’Atlantique Nord (OTAN), le royaume a entrepris des programmes de formation de responsables de la sécurité, de forces armées et de forces de l’ordre en Afrique subsaharienne, tout en participant à l’initiative de défense « 5+5 » pour lutter contre l’insécurité en mer Méditerranée.
Enfin, le rapport américain relève les efforts du Maroc en matière de lutte contre le blanchiment d’argent. Conformément aux normes internationales, le pays criminalise aussi le financement du terrorisme. Ainsi, l’Unité de traitement du renseignement financier (UTRF) a reçu plus de 350 déclarations de transactions suspectes au cours de l’année dernière. En somme, pour lutter contre le terrorisme, le royaume s’appuie sur des technologies, des ressources humaines et une BCIJ spécialisée talentueuses.
Un marquage intégré pour lutter contre le trafic de cigarettes
Appréhender les personnes suspectées d’avoir commis un attentat ne suffit évidemment pas. Pour se montrer vigilant sur tous les plans et, notamment, en amont des filières djihadistes, le Maroc surveille étroitement leurs réseaux de financement. Ainsi a-t-il doté son Administration des douanes et impôts directs (ADII) du SAMID (pour Système Automatisé de Marquage Intégré en Douane) de l’entreprise SICPA : un système qui lui permet de disposer, en temps réel et à distance, de l’assiette imposable au titre des taxes qui s’appliquent aux boissons et aux tabacs manufacturés.
Et l’enjeu est de taille. Un rapport publié en mars 2015 par le Centre d’analyse du terrorisme révèle en effet que le trafic de cigarettes représenterait « plus de 20% des sources criminelles de financement des organisations terroristes identifiées dans le cadre de 75 procédures judiciaires internationales (…) depuis 2001 ». Dans le monde, ils seraient une quinzaine de réseaux à prospérer sur ce commerce illicite, dont Al-Qaeda au Maghreb islamique. En France aussi, les djihadistes financent leurs funestes opérations par ce biais. Plusieurs cartons de cartouches de cigarettes avaient ainsi été retrouvés dans un box appartenant à Amedy Coulibaly, le tueur de l’Hyper Casher de Saint-Mandé.
Leila ACKERMAN