« 10 engagements et 5 priorités », tel est le résultat de deux jours d’échange entre experts internationaux, ministres et acteurs impliqués dans la lutte contre le financement du terrorisme. C’était à Paris les 25 et 26 avril 2018 au siège de l’OCDE.
Après l’adoption de la convention internationale pour la répression du financement du terrorisme en 1999 et la Résolution 1373 (2001) du conseil de sécurité des Nations Unies et en s’appuyant sur l’expérience acquise au cours des luttes communes pour vaincre les groupes terroristes en Irak et en Syrie, près de 73 Etats, 500 experts et 27 organisations internationales se sont réunis les 25 et 26 avril à Paris pour plancher sur les solutions durables à apporter pour assécher les sources de financement et bouter hors d’état de nuire les différents groupes terroristes.
Ainsi après l’identification des sources du financement du terrorisme et le partage d’expérience par près de 500 experts du domaine le mercredi 25 avril (session à huis clos), près de 80 ministres des Affaires étrangères, de l’intérieur et de la sécurité invités par leurs homologues français ont quant à eux animé plusieurs tables rondes avec des panels sur les méthodes de financement du terrorisme et l’extrémiste violent, la coopération internationale et comment faire face aux nouveaux défis que sont les fintech, crowfunding et mobile banking. A l’issu des travaux, dix (10) engagements ont été pris et consignés dans ce qu’ils ont appelé, l’agenda de Paris du 26 avril 2018. Il s’agit de poursuivre le renforcement des cadres juridiques et opérationnels internes pour la collecte, l’analyse et le partage des informations par les autorités nationales ; De lutter contre les transactions financières anonymes ; D’accroître la traçabilité et la transparence des fonds destinés aux organisations à but non lucratif et aux oeuvres caritatives ; D’anticiper et prévenir le risque de détournement des nouveaux instruments financiers ; De travailler en collaboration avec le secteur privé, en particulier l’industrie du numérique, pour lutter contre le financement du terrorisme ; De réaffirmer l’utilité des mécanismes nationaux et internationaux de gel et de saisie des avoirs ; Renforcer l’efficacité de la coopération internationale ; Soutenir la légitimité, la visibilité et les ressources du GAFI et des ORTG ; Renforcer l’engagement collectif envers les Etats qui ne satisfont pas aux normes ou manquent de capacités et enfin maintenir la mobilisation commune contre le financement du terrorisme.
Emmanuel Macron : « Nous avons tous été à un moment donné des apprentis sorciers en finançant certains mouvements armés pour déstabiliser d’autres ou des puissances régionales »
Dans son discours de clôture, le président français, Emmanuel Macron a insisté sur cinq grandes priorités selon lui qui, si elles sont respectées devraient permettre d’assécher les sources de financement du terrorisme. Ce sont entre autres des batailles territoriales et la création d’une coalition internationale de lutte contre le phénomène. Ainsi sont désormais sur haute surveillance, l’espace cybernétique, tous les territoires concernés, le théâtre Irako-Syrien et l’espace carcéral. « Il faut une législation européenne ou un cadre légal pour situer les responsabilités en matière de diffusion de contenus illégaux (…) Nous avons tous été à un moment donné des apprentis sorciers en finançant certains mouvements armés pour déstabiliser d’autres ou des puissances régionales (…) On ne jouera plus avec le financement pour Daech et Al-Qaïda quelque soient les intérêts territoriaux. Enfin, nous devons former une sorte de coalition de Paris des Etats réunis à cette conférence afin de venir à bout du terrorisme qui ne trie plus les Etats » a conclu le président de la république française, hôte de cette réunion de haut niveau, la première du genre en matière de lutte collective contre le financement du terrorisme.
Les participants ont promis se rencontrer à nouveau en 2019 en Australie pour faire un premier point des acquis. Le continent africain a été représenté par une vingtaine de pays dont la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Ces derniers ont partagé leurs expériences avec leurs homologues des autres pays au cours d’une table ronde sur les méthodes de financement du terrorisme via internet, le blanchiment, le détournement des sources légales et la coopération pour lutter contre.
Philippe Kouhon
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