Sur invitation de la France, près de 73 Etats du monde et 27 organisations internationales se réuniront les 25 et 26 avril 2018 à Paris contre le financement des organisations terroristes.
Face à la menace des organisations terroristes contre les intérêts des Etats et sur les populations, la France par la voix de son président lors de la conférence des ambassadeurs en août 2017, a promis lutter contre le terrorisme dans sa globalité mais aussi marquer son leadership dans ce domaine. Faut-il le rappeler, la France a été victime de plusieurs attaques terroristes avec plus de 245 personnes tuées en France depuis 2015 et plusieurs attentats déjouées. En Afrique, au Proche-et au Moyen Orient, en Asie, en Syrie, Irak, Yémen, Libye, Somalie, Afghanistan et dans la bande sahélo-saharienne, ces groupes s’adaptent à leur environnement dont ils exploitent les vulnérabilités. Les enlèvements contre rançons qui de 2008 à 2017 auraient rapporté près de 150 millions de dollars à Aqmi sont aujourd’hui devenus l’un des vecteurs privilégiés du financement de Boko Haram. En Somalie par exemple, le Shebab Al Islami a mis en place un système de prélèvement sous la contrainte auprès des populations et des communautés d’affaires. Enfin même si depuis 2017, le coût des opérations terroristes a baissé, les sommes engagées pour les recrutements, formatage et structuration de ces groupes terroristes restent considérables selon l’Elysée.
Les NTIC et le financement du terrorisme
A Paris, la conférence entend s’intéresser à la totalité des sources de financement du terrorisme, légales et illégales. Car pour les organisateurs de la conférence, il existe plusieurs façons de collecter et transférer de l’argent en échappant à la vigilance des Etats. Il s’agira donc de mettre en place des instruments de suivi des flux et d’identification des utilisateurs de portefeuille électroniques et de cartes prépayées et, d’autre part, d’harmoniser l’encadrement des cagnottes, plateformes de financement participatifs (crowfunding) et les nouveaux services de paiement en ligne. Enfin, dans certains pays à faible bancarisation, le mobile banking (orange money, Mtn Money ect) se développement rapidement. Et si ces opérations s’analysent juridiquement comme de la transmission de fonds, il est difficile d’en identifier les bénéficiaires. Ainsi, pour Paris, la transmission de fonds par téléphone mobile porte des risques élevés en matière de financement du terrorisme. La conférence encouragera donc les participants à développer les moyens de mieux connaître les utilisateurs. « Anticiper et accorder une attention particulière aux nouveaux acteurs du numérique dans les services financiers » reste le maître mot de cette conférence internationale où le continent africain et en particulier les pays du G5sahel auront des choses à dire et des besoins à exprimer.
Philippe Kouhon
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