Et de deux, pour Babou DIATTA, écrivain, romancier sénégalais enseignant à Thiès, qui publia en 2018, chez L’Harmattan-Sénégal, son premier roman, L’Horizon voilé.
Avec ce second opuscule, le lecteur africain qui est sans conteste dans le viseur de l’auteur, se demande si, avec ce titre, le romancier l’invite à le suivre dans un époustouflant retour au passé, celui de l’école coloniale à laquelle renvoie le symbole, ou alors, s’il est entraîné dans le monde incongru d’un roman d’anticipation, tant il semble perdre pied dans un univers scolaire qui lui devient de plus en plus étranger, parce qu’étrange…
Pour qui s’interroge sur la fonction de la littérature et les moyens dont se sert le romancier, La Magie du Symbole lui apporte une première réponse, car Babou DIATTA, tel un médecin, se livre à la radioscopie d’un système scolaire gangrené par ce phénomène si connu de nos jours parce que si récurrent: les grèves scolaires.
Pour en mesurer l’impact insidieux sur nos systèmes éducatifs – autant sur les locaux que sur les acteurs que sont les enseignants, les formés, les administrateurs et même les responsables politiques, l’auteur observe à la loupe tout le système. Son roman se transforme en une sorte de laboratoire d’expérimentation où il analyse les manifestations, les causes et la décomposition annoncée et constatée de nos écoles, à travers un cas d’espèce :
celui du Lycée Georges Tampy.
Ce haut lieu de l’Éducation, jadis fleuron du système éducatif du pays – celui de l’auteur, mais aussi le vôtre, le mien, chacun croira s’y reconnaitre – va se transformer tour à tour et inexorablement en Parc-à-interviews-place de meetings électoraux, champ de bataille entre partisans de deux camps que tout oppose, bref, en véritable cour des miracles de l’École africaine.
Quelle est donc la finalité du projet de Babou DIATTA? Au-delà des descriptions et dialogues fort récurrents et savoureux, Babou DIATTA a réussi à faire de son espace scriptural une chaire, un «Hyde Park» des Tropiques où se succèdent plusieurs «donneurs de leçons », «prophètes du pire» qui ne sont, en dernier ressort que d’égoïstes ambitieux, acteurs expérimentés de l’École, aujourd’hui impuissants, parce que « admis à faire valoir leur droit à la retraite », sans oublier ces nombreux « vautours » venus de l’étranger, c’est-à-dire des horizons les plus éloignés de l’Afrique, pour se repaître de ce que le Président Georges Pompidou, malade et se sachant condamné, appelait « la boule odorante», désignant par cette matière abjecte ce dont raffolent les pires journalistes et pseudo-analystes de la misère des pays du Sud.

En véritable alchimiste, Babou DIATTA a poussé le plus loin possible tous les cas de figures de « sortie de la crise », sans jamais être satisfait. De guerre lasse, il s’est tourné, à la fois vers L’AUTORITÉ SUPRÊME du Lycée Georges Tampy, le Proviseur Zoba, et vers le passé, notre passé, enfermé dans ce qu’il a ressuscité: le symbole…
La Magie du symbole ne dément pas l’adage selon lequel « L’Avenir sort du passé», que l’on peut reprendre encore de cette manière: «Si tu ne sais pas où tu vas, retourne d’où tu viens» …
Alors, Lecteurs et Lectrice de La Magie du symbole, le romancier Babou DIATTA nous invite à tirer le meilleur parti de notre héritage, en y cherchant les solutions à nos maux présents. Dans ce roman, le texte est rythmé par une sorte de leitmotiv: «Au Lycée Georges Tampy, les choses allaient de mal en pis»: plus de 100 fois, cette mise en garde est répétée, parfois deux, parfois trois fois sur la même page, et elle ne s’estompera que plus tard. Il faudra attendre juste la fin du récit, pour la voir reparaître, transformée et regorgeant d’espérance: « Depuis lors, au Lycée Georges Tampy, les choses commencèrent à aller de mieux en mieux…»
Nous avions vu dans La Magie du symbole, autant un roman d’anticipation qu’un laboratoire de chimie où expérimentaient plusieurs remèdes au MAL de notre système éducatif : la grève.
Mais, OUF… Tout est bien qui finit bien. Dans une péroraison digne des plus grands prédicateurs, le romancier Babou DIATTA annonce que « Demain il fera jour», car une vraie révolution s’est produite, voulue et conçue par tous les acteurs du Lycée Georges Tampy…
Mais La Magie du symbole ne réside pas uniquement dans la résolution de l’intrigue : Lecteurs et Lectrices, vous ne manquerez pas, j’en suis convaincue, d’en sucer la substantifique moelle pour en savourer le style, c’est-à-dire, l’originalité.
“La magie du symbole” de Babou Diatta. Editions L’Harmattan-Sénégal 2018.
Avec la collaboration Pr Andrée-Marie DIAGNE-BONANE (Lu et Résumé de l’œuvre)