« Cette couleur-là même que tout le monde déteste et qui se rattache à tout ce qui est mauvais et douteux : le deuil, la mauvaise journée, la tristesse, l’échec, la poisse, la douleur, les insatisfactions, le mépris… ». Ceci est bien la peinture du ressenti d’un immigré prisonnier dans « Sous France » de Attita Hina.
Le ton est donc donné, l’immigration est une problématique majeure de notre époque. Elle constitue l’épine dorsale du livre d’Attita Hino. Les pays subsahariens en souffrent énormément.
En effet, vivre en France a son lot de souffrances ! Le message est clair dans « Sous France… » d’Attita Hino et ses 180 pages de fiction d’un dur réalisme.
L’histoire pour l’illustrer est celle de Melo, âgé de 28 ans. Il abandonne sa famille, ses amis et même son identité pour rejoindre la France pour réaliser un rêve longuement mûri : celui d’intégrer la légion étrangère. La dure réalité le rattrape très vite et une série de mauvaises décisions finit par le conduire en prison. C’est un coup dur !
Mais “les conséquences sont de très bonnes conseillères”, dit le dicton. Celles-ci ne dérogent pas à la règle. Melo a, là, une occasion de réfléchir à ses actions, d’en tirer des leçons et le lecteur aussi, par la même occasion.

Dans cette œuvre, “le masque ne ment pas” mais il tombe complètement et laisse entrevoir une France différente. Un pays et ses habitants qui, comme tous les autres, ne sont pas parfaits. Ce que certains omettent, apparemment, de souligner quand il s’agit d’en dresser un portrait à travers leurs retours d’expériences. Être sous les cieux de la France peut être très éprouvant, en particulier pour les personnes en situation irrégulière.
Aussi, les problèmes ne s’envolent pas avec un aller simple pour la France, ce serait naïf de le penser. Dans son œuvre, Attita Hino rappelle ces réalités avec originalité. Elle surfe avec aisance sur certains clichés de l’immigration. Le fait que les immigrés soient notamment, en grande partie, des criminels. Pour la plupart, c’est le contexte, aussi bien géographique que social, qui leur impose, de l’être. “C’est la poursuite de ce dont nous n’avons pas forcément besoin qui nous a mis dans les problèmes”, dit l’un des personnages.
Comme quoi “le peu” gagné chez soi vaut parfois mieux que tous les rêves de prospérité d’ailleurs.

Avec sa plume alerte, Attita Hino, bien que ne plaidant pas en faveur de la “fuite des cerveaux”, indexe subtilement les dirigeants africains pour la non-création de conditions pour une jeunesse épanouie au plan professionnel.
Une interrogation capitale ressurgit du livre, à savoir : ” Si tant est que tous les experts du monde de toutes les disciplines confondues sont unanimes que l’Afrique est le continent de l’avenir, en référence à sa jeunesse, existe-t-il des stratégies politiques pour maintenir cette jeunesse sur place avec une offre alléchante ?”
Finalement “Sous France” fait rejaillir une cruauté inimaginable, pénale et pénible. Ne nous voilons pas la face, ce roman s’adresse sans faux-fuyants, aux dirigeants ci-dessus cités, à un public jeune, en l’occurrence ceux des lycées et des classes supérieures ,ainsi qu’à un public adulte candidat, potentiel à l’immigration.
“Sous France” d’Attita Hino est édité par les éditions « NEI-CEDA » en 2023.
Avec la collaboration de Sharon Facounde