Afrikipresse
    Économie

    Startup et levées de fonds : Axel Peyrière, investisseur français, explique

    Startup et levées de fonds : Axel Peyrière, investisseur français, explique
    Publié le
    Par
    Yaya Kanté
    Lecture 6 minutes

    Depuis quelques années des startups africaines se financement grâce à des levées de fonds souvent très importantes auprès d’investisseurs. Cet argent leur permet d’accélérer leur développement sur le continent et à l’international. Axel Peyrière, investisseur et entrepreneur, parle du fonctionnement de cet autre moyen de financement pour les startups et les PME.

    Des startups africaines notamment en Côte d’Ivoire ont réussi à lever des sommes très importantes pour booster leur croissance. Et le secteur de la fintech attire le plus les investisseurs. Comment ça marche ? Les explications de Axel Peyrière, investisseur et entrepreneur franco-australien dans cet interview ?

    Qui est Axel Peyrière ?

    Bonjour, je suis franco-australien, basé sur Dubai maintenant, et j’ai deux casquettes : à la fois entrepreneur et investisseur. Du côté entrepreneur, nous gérons et opérons des sites internet de petites annonces automobiles dans tous les pays d’Afrique francophone, appelé Africar Group. Nous souhaitons rajouter de la confiance et de la transparence dans les transactions dans les voitures d’occasion dans ces marchés et résoudre la pénibilité pour les vendeurs et acheteurs de ce types de véhicules. Du côté investisseur j’investis principalement dans les startups dans les marchés émergents, notamment en Asie et surtout en Afrique, avec plus de 30 entreprises dans mon portfolio, comme Appetito en Egypte, ImaliPay au Kenya, Treepz au Nigeria, Julaya en Côte d’Ivoire, TopUp Mama, Termii et d’autres.

    Expliquez-nous le mécanisme de levée de fonds ?

    C’est simple, les entrepreneurs, pour se développer, ont besoin de fonds pour accélérer leur croissance, et c’est là que le mécanisme rentre en place.

    Recourir aux levées de fonds pour accélérer la croissance

    Pourquoi selon vous les PME et startup ont recours à ce type de financement ?

    Afin d’aller plus vite, de s’acheter du temps, d’accélérer leur croissance. De faire, grâce aux capitaux levés, ce qu’ils pourraient faire en quelques années, mais en quelques mois seulement.

    Depuis quelques années des startups africaines se financement grâce à des levées de fonds souvent très importantes auprès d'investisseurs. Cet argent leur permet d'accélérer leur développement sur le continent et à l'international. Alex Peyrière, investisseur et entrepreneur, explique le fonctionnement de cet autre moyen de financement pour les startups et les PME.
    Classement des entreprises ayant levé le plus de fonds de 2000 – 2020. Photo : DR

    Quelles sont les critères à satisfaire pour une PME ou une startup pour réussir une levée de fonds ?

    C’est une rencontre entre un entrepreneur, une entreprise, son business model, et un investisseur, qu’il soit business angel ou un fonds. Il faut donc que les deux s’entendent et se plaisent, comme dans toute relation.

    Qui sont les principaux investisseurs notamment en Côte d’Ivoire ?

    L’écosystème est en train de devenir plus mur, de se professionnaliser, avec des acteurs de plus en plus sérieux. Pour les investisseurs, j’ai travaillé sur le classement en Côte d’Ivoire, le plus gros investisseurs en tant que fonds est Investisseurs & Partenaires, qui a investi dans plus de 5 startups sur Abidjan, comme Keiwa, Anka, Legafrik ou d’autres, mais aussi Launch Africa, un fonds anglophone qui est présent sur le continent, avec des investissements ici dans Julaya et Djamo par exemple, et aussi Saviu Ventures, BPI France ou Mobility54, le fonds du groupe Toyota, qui investit principalement dans la mobilité en Afrique. Après il y a environ une vingtaine d’autres fonds internationaux qui ont déjà investi sur la Côte d’Ivoire.

    La fintech attire le plus d’investisseurs

    Quelles sont leurs motivations ?

    Comme tous les fonds, trouver des entreprises dans lesquelles, sur le temps, ils feront des plus-values sur leur prise de participation.

    Quels sont les secteurs qui réussissent à lever le plus de fonds ? Pourquoi selon vous ?

    Aujourd’hui en Afrique, ce sont principalement les fintechs, ces entreprises qui révolutionnent les moyens de paiement et de financement, c’est là où il y a un énorme gap à remplir sur toute la zone, car c’est ce qui est nécessaire pour que le business avance et évolue.

    Quels sont les avantages et les inconvénients pour une startup ou une PME à recourir à ce type de financement ?

    Si c’est bien fait, il n’y a que des avantages. Cela leur permet de se développer plus rapidement, d’avoir un avantage sur leurs concurrents. Maintenant, l’entrepreneur va devoir échanger une partie de son capital, des parts de sa société, contre ce financement, c’est le principe.

    Depuis quelques années des startups africaines se financement grâce à des levées de fonds souvent très importantes auprès d'investisseurs. Cet argent leur permet d'accélérer leur développement sur le continent et à l'international. Alex Peyrière, investisseur et entrepreneur, explique le fonctionnement de cet autre moyen de financement pour les startups et les PME.
    Les principaux investisseurs en Côte d’Ivoire. Photo : DR

    Quel est le montant total levé par les PME et les startups en Afrique francophone et particulièrement en Côte d’Ivoire ?

    En Côte d’Ivoire, depuis plus de 6 ans, on est à peu près à 30 millions de dollars de levés, et sur toute la zone Afrique francophone, a plusieurs centaines, notamment à cause de grosses startups comme Wave Mobile Money qui a par exemple lève plus de 200 millions de dollars en 2021.

    L’écosystème des Startup de plus en plus dynamique

    Quel est votre avis sur l’écosystème des startups en Côte d’Ivoire ?

    Il est de plus en plus dynamique, et il y a de belles pépites qui ne sont pas trop visibles. L’écosystème est en train de devenir plus mur et si les startups locales pensent plus d’un point de vue de la sous-région qu’uniquement sur un seul marché, alors le potentiel est encore plus important. Il n’est pas facile pour des startups des pays anglophones de s’implanter dans les pays francophones, alors c’est un bon avantage concurrentiel.

    Outre le financement, quelles sont les actions à mener pour booster les PME et startups dans la région ?

    Il faut aussi à terme qu’il y ait un support des pouvoirs publics, et ce support doit venir sur la durée et non au compte-gouttes. J’étais au SASEN récemment à Abidjan, et les politiques en prennent conscience et s’impliquent de plus en plus dans l’écosystème, ce qui est une bonne chose. Autre action à mener, sur la partie visibilité et communication. Pour être visible, il faut se faire entendre, et les médias sont demandeurs d’histoires dans ces marchés.

    Croyez-vous qu’il soit possible de rattraper le gap entre l’Afrique francophone et le reste du continent ?

    Les mécaniques démographiques ne changeront pas, et le Nigéria sera toujours plus gros de ce point de vue que les pays d’Afrique francophone. L’important n’est pas de rattraper le gap, mais de voir émerger des acteurs importants en Afrique francophones, qui au final s’allieront avec les acteurs anglophones voulant s’implanter dans la région. 

    Yaya K

    Réagir à l'article

    Publiés récemment

    Éliminatoires CAN 2025 : Les remplacements payants de Faé qui offrent la victoire aux Éléphants face à la Zambie.

    Éliminatoires CAN 2025 : Les remplacements payants de Faé qui offrent la victoire aux Éléphants face à la Zambie.


    3è Salon des collectivités territoriales : Amadou KONÉ expose les attentes des élus locaux et des populations

    3è Salon des collectivités territoriales : Amadou KONÉ expose les attentes des élus locaux et des populations


    L’Afrique accusée du réchauffement climatique : Des organisations de journalistes africains expriment leur désaccord

    L’Afrique accusée du réchauffement climatique : Des organisations de journalistes africains expriment leur désaccord


    Football – Éliminatoires CAN 2025 : La Côte d’Ivoire face à la Zambie mais toujours en pensant à 2012

    Football – Éliminatoires CAN 2025 : La Côte d’Ivoire face à la Zambie mais toujours en pensant à 2012


    Religion : Yamoussa Coulibaly partage sa vision avec les responsables de la communauté musulmane de Koumassi

    Religion : Yamoussa Coulibaly partage sa vision avec les responsables de la communauté musulmane de Koumassi


    Alliance des États du Sahel : l’histoire d’un isolement

    Alliance des États du Sahel : l’histoire d’un isolement



    À lire aussi