C’est en Août 2008 à Calabar au Nigéria, que la presqu’île de Bakassi a été officiellement placée sous le giron camerounais. Huit années après le transfert d’autorité, la jeunesse et l’ensemble des populations de cette presqu’île vivent toujours dans l’attente d’un décollage économique de cette zone potentiellement riche, qui tarde encore à établir les bases d’un véritable développement.
Disposant d’une superficie de 1000 Km2, Bakassi la presqu’île camerounaise, compte plus de 75000 âmes. Cette presqu’île, est nichée dans la zone anglophone du Cameroun. Réputée pour ses multiples richesses pétrolières et halieutiques, Bakassi, a fait l’objet d’un conflit armée vers la décennie 90, entre forces de défenses camerounaises à celles du Nigéria. Et son dénouement final est parvenu en 2008 à Calabar au Nigéria avec le transfert d’autorité, qui a été précédé par des accords de Greentree (aux USA), en 2006 dont les pays signataires étaient: l’Allemagne, la Grande Bretagne, la France et les États-Unis d’Amérique. Tous des pays qui ont un passé historique plus ou moins avec le Cameroun et le Nigéria. Gratifiées par la nature d’abondantes mannes pétrolières, les populations de Bakassi singulièrement la jeunesse de la localité qui constitue l’écrasante majorité des habitants, attend encore le début d’exploitation de son pétrole pour l’envol définitif de la zone. En patientant elle n’arrive pas toujours à expliquer le contraste dans lequel est plongée la presqu’île. « Ici nous manquons presque de tout. Nous n’avons pas d’eau potable. L’eau que nous consommons ici est salée, ce qui n’est pas vraiment agréable pour étancher la soif. Il nous faut également l’électricité. Nous sommes coupés du monde nous n’avons pas les informations de notre pays. Sur le plan sanitaire, parfois nous devons traverser la frontière vers le Nigéria voisin pour sauver le cas des malades graves.», ont indiqué certains jeunes rencontrés sur place.
Bakassi c’est également une péninsule partagée entre le Naira, monnaie nigériane (dominante) et le franc CFA qui sert de transaction au Cameroun. Dr James MESSEMBE Nyando, le maire de la localité réagit : « le développement ici passe par la dotation à notre localité des instruments de base tels que : l’eau potable, l’électricité, les centres de Santé fiables, les écoles et surtout des routes ». De son coté, Chief MOKUBE Joseph BOKWE Augustine, autorité traditionnelle de Dikome-Balue, a présenté à l’équipe d’AFRIKIPRESSE une carte géographique illustrant le potentiel pétrolier logé sous le sol de sa circonscription : « Nous attendons juste la phase d’exploitation de notre sous sol, qui dispose de nombreux puits pétroliers comme c’est le cas dans les autres localités de Bakassi ». Le gouvernement camerounais entend apporter des solutions appropriées aux carences infrastructurelles de Bakassi. Pour y parvenir, il va mobiliser la somme de 245 milliards de Francs cfa, dont une partie a commencée à servir dans plusieurs secteurs clés et prioritaires comme les écoles, les dispensaires, les édifices administratifs et autres. Des efforts qui restent très insuffisants si l’on s’en tient aux réactions des populations de Bakassi. Un rapport d’environ 300 pages a été publié par le comité de coordination et de suivi des projets prioritaires à réaliser dans la zone de Bakassi et présenté à la presse. Ledit rapport, présente les actions à mener à Bakassi, celui-ci est prioritairement destiné à la fois aux différentes administrations camerounaises et aux bailleurs de fonds qui doivent aider à la construction de la péninsule. Si les réalisations à entreprendre sont nombreuses à Bakassi, elles devraient être effectuées de manière progressive. Les plus nécessaires étant les routes, la mise en place effective des services administratifs, la construction des commissariats de sécurité publique, des brigades de gendarmerie, des écoles et des structures sanitaires. Les rédacteurs du rapport représentés par divers secteurs d’activités, affirment que les défis sont innombrables et impératifs dans les domaines tels que : la construction des infrastructures routières et de transport qui nécessitent à elles seules la somme de 126 milliards de FCFA de l’ensemble des estimations de réhabilitation à Bakassi. Des travaux qui passent automatiquement par le bitumage de la route reliant Kumba-Akwa, longue de 250 km. Par ailleurs, le rapport souligne qu’il est également urgent de construire davantage, de réhabiliter et d’équiper des centaines d’écoles , et préconise la création d’une École Normale d’Instituteurs de l’Enseignement Général (ENIEG) pour pallier au problème de l’éducation dans cette zone où les enfants en âge de fréquenter sont quasiment à la maison, du aussi à la carence d’enseignants dans le coin. Une solution qui nécessite la somme de 64 milliards de Fcfa. Par ailleurs une somme de 22 milliards de francs cfa sera mobilisée pour mettre en place les infrastructures économiques et touristiques pour la croissance de la péninsule de Bakassi, où un inventaire est déjà bouclé pour la construction d’un complexe hôtelier à Akwa, auxquelles pourrait s’ajouter la construction d’un port de plaisance. Il est enfin urgent , selon le rapport de procéder à la construction d’une antenne de relais des signaux de Télévision et Radio ainsi que la construction des stations radios afin de fixer véritablement et d’avantage la présence des médias camerounais dans cette partie du pays, bien arrosée par les stations radios nigérianes. Les populations de Bakassi, souhaitent dans leur ensemble d’être impliquées dans les décisions et dans le choix des projets à réaliser dans la zone. Ces populations notent également trop de lenteur dans l’exécution des projets. Pour la majeure partie des habitants locaux rencontrés par AFRIKIPRESSE, la route constitue le premier levier important vers le développement de la presqu’île. Des suggestions à prendre en compte par les autorités décisionnelles du Cameroun.
François Essomba à Bakassi