Côte d’Ivoire – Humour, ironie et provocation mais langage de vérité sur fond d’exigence de respect des valeurs : Honorat De Yedagne , ex Directeur général du quotidien gouvernemental ivoirien Fraternité Matin , est resté égal à lui-même vendredi 8 juillet 2016 au cours d’un échange avec des professionnels et des étudiants du secteur des métiers de la communication.
” Les Ivoiriens se ressemblent. Oui ils se ressemblent parce qu’ils se rassemblent. Quand souvent je prends le taxi – cela m’arrive à cause de ma poche – on me dit voici Léonard Groguhet, ou on me demande ” président et les Miss ” , parce qu’il paraît que je ressemble aussi à Victor Yapobi (…..). En vérité les Ivoiriens se ressemblent parce que la corruption les rassemble (…) Dans ce pays , les gens travaillent tous pour voler l’État chacun à tour de rôle “.
Honorat De Yedagne a déploré le manque de valeurs autre que la corruption, dans le pays. Réagissant à la dernière sortie du Secrétaire général intérimaire du Rdr Amadou Soumahoro ( “si nous perdons le pouvoir nous irons en exil avec nos familles” ), l’orateur a indiqué que cela montre bien l’état d’esprit des uns et des autres : un pays où on vient au pouvoir pour chasser l’autre. Selon lui c’est la marque d’un refus de démocratie.
Adepte des formules-chocs il a lancé : ” Est ce que les Ivoiriens parlent la même langue?”.
Répondant par l’affirmative parce qu’il parle le français et se fait comprendre, Honorat De Yedagne a ensuite demandé : ” Est-ce que les Ivoiriens parlent le même langage?”.
” Nous parlons la même langue mais pas le même langage ” , a-t-il tranché en faisant état de difficultés réelles pour atteindre l’émergence car cette quête ne semble partagée par tout le monde.
Il a plaidé pour une libéralisation effective de l’audiovisuel, puis a lancé : ” il faut un journal qui ressemble à la Côte d’Ivoire “.
Revenant sur le cas de Fraternité Matin qui doit cesser d’être un média public et gouvernemental, il a déploré le rendez-vous manqué de la privatisation sous Laurent Gbagbo, qui en avait fait un objectif alors qu’il était dans l’opposition.
Honorat De Yedagne a rappelé que lors du premier Conseil des ministres du gouvernement Affi sous la présidence de Laurent Gbagbo, la décision effective de privatiser Fraternité Matin avait été pourtant prise et annoncée.
” Apprenons à construire l’avenir avec le sourire de l’espérance ” , a conclu l’ex DG qui a récusé l’idée qui consiste à attribuer les déboires et problèmes des pays africains à la France. Il a pris l’exemple précis du peuple béninois qui a pris son destin en main, en récusant le candidat de la France lors de la dernière élection présidentielle dans le pays.
Honorat De Yedagne intervenait après Anne Marie Konan Payne, Directrice du Centre d’information et de communication gouvernementale, dans le cadre de l’événementiel les As de la Communication ( ASCOM ) organisé par Colombe Communication de Russel Lohoré.
Alice Ouédraogo