Contrairement à ses voisins, la Côte d’ivoire est épargnée par les attentats depuis plusieurs années sur son sol. Notamment en raison du renforcement du dispositif de sécurité dans les régions du Nord, du raffermissement des coopérations internationales et de la multiplication des programmes économiques et sociaux.
Bien que les groupes extrémistes violents n’aient pas disparu et demeurent actifs dans le sud du Burkina Faso et dans le sud Mali, les régions Nord de la Côte d’Ivoire connaissent une période de calme relatif depuis plusieurs mois. La réforme des armées effectuée au lendemain de l’attentat de Grand-Bassam a porté ses fruits. La composition ethnique et régionale de l’armée est aujourd’hui beaucoup plus équilibrée qu’il y a dix ans, ce qui a contribué à renforcer le sentiment patriotique.
Le gouvernement a déclaré le nord du pays « zone militaire » et a envoyé des forces supplémentaires dans la région, notamment des unités antiterroristes de l’armée, de la police et de la gendarmerie (3 000 hommes environ). L’établissement d’un commandement militaire central à Korhogo pour coordonner les différentes forces présentes dans la région, le renforcement de la sécurité aux frontières et l’augmentation de la surveillance aérienne ont aidé au recul de l’influence et des incursions terroristes au nord du pays. L’installation de la grande base militaire de Kafolo contribue également à endiguer la menace et la contagion djihadiste.
Partage de renseignements
Le pouvoir central peut compter sur ses alliés pour sécuriser les frontières du nord. C’est le cas avec les États-Unis En juillet dernier, Abidjan a donné son feu vert à la création d’une base américaine à Odienné, dans le Nord-Ouest, où les groupes djihadistes sahéliens menacent les pays du golfe de Guinée. C’est aussi celui de l’Union européenne qui a débloqué, en avril dernier, une mesure d’assistance d’un montant de 15 millions d’euros afin de soutenir les forces armées.
Cette somme doit renforcer les capacités opérationnelles afin de sécuriser les zones proches des frontières terrestres et de lutter contre les groupes armés non étatiques. C’est au cours du même mois que le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire ont donné à Niangologo (Burkina) un nouveau départ à leurs relations de coopération militaire, qui avaient été mises à mal ces derniers mois. Ce renforcement passe en particulier par le partage de renseignements.
Formations rémunérées
La sécurisation du nord du pays serait incomplète sans un soutien économique et social aux populations. Depuis plus d’une dizaine d’années, les régions du Nord bénéficient d’investissements publics massifs en infrastructures (routes, relais téléphoniques, aérodromes… ) pour désenclaver les zones rurales et stimuler les économies locales. Le gouvernement central qui lutte contre l’orpaillage illégal, qui lui-même alimente les groupes terroristes, a mis en place un programme spécial pour le nord qui forme des jeunes peu qualifiés et facilite l’accès au crédit pour les associations villageoises et les groupes d’hommes et de femmes qui cherchent à créer de petites entreprises.
Ce dispositif, PSGouv2, a permis à plus de 20 000 jeunes femmes et jeunes hommes de bénéficier de formations rémunérées de six à neuf mois dans de nombreux métiers : menuiserie, couture, coiffure… Il a aussi permis à ces populations d’épargner de l’argent et de bénéficier de crédits à taux d’intérêt faible ou nul. Et ainsi d’éviter à beaucoup la tentation de rejoindre les rangs de groupes terroristes.
Constantine Ndoko