L’Afrique, malgré son potentiel économique et démographique, reste confrontée à des défis majeurs en matière de commerce, d’urbanisation et de développement. Le Rapport UNCTAD 2024 met en lumière ces réalités, chiffres à l’appui. Tendances et perspectives du continent.
Des exportations dominées par les produits primaires
Selon le rapport UNCTAD 2024, 76 % des exportations africaines proviennent des biens primaires, principalement des combustibles (37 %), des matières premières agricoles et des minerais . Contrairement à l’Asie qui a su diversifier ses exportations, l’Afrique reste dépendante des matières premières brutes, un facteur qui rend son économie vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux.
Extrait du rapport : « En 2023, les économies africaines ont principalement exporté des produits primaires, avec une dépendance élevée aux combustibles et minerais. La diversification des exportations reste limitée » .
Un déficit commercial persistant
L’Afrique a importé près de quatre fois plus de produits manufacturés qu’elle n’en a exporté en 2023. Alors que l’Asie et l’Océanie en développement enregistrent un excédent commercial de 13 %, l’Afrique affiche un déficit de 14 % . Ce constat souligne le manque d’industrialisation et de transformation locale des matières premières.
Extrait du rapport : « L’Afrique a continué d’importer massivement des biens manufacturés en 2023, creusant son déficit commercial malgré des excédents dans les combustibles et minerais » .
Croissance démographique et urbanisation rapide
Avec une croissance de 2,3 % en 2023, l’Afrique reste le continent à la plus forte expansion démographique. Cette dynamique s’accompagne d’une urbanisation rapide : entre 2013 et 2023, la population urbaine africaine a augmenté de 4,7 points de pourcentage.

Cependant, ce développement rapide pose des défis : logement, infrastructures et services urbains peinent à suivre la cadence. Pour éviter une explosion des bidonvilles, les gouvernements devront adopter des politiques de développement durable et des investissements massifs.
Extrait du rapport : « L’Afrique connaît une urbanisation accélérée, mais les infrastructures urbaines ne suivent pas le rythme, créant des défis sociaux et économiques » .
Un taux de dépendance économique élevé
L’un des défis majeurs de l’Afrique est son taux de dépendance économique : en 2023, pour 100 personnes en âge de travailler, 75 personnes étaient à charge (enfants ou personnes âgées), contre une moyenne mondiale bien plus basse . Cette situation pèse sur les finances publiques et limite la capacité d’investissement dans les secteurs productifs.
Heureusement, des projections indiquent que ce ratio devrait baisser à 58 % d’ici 2050, signe d’un ralentissement progressif de la natalité et d’une meilleure intégration des jeunes dans l’économie.
Extrait du rapport : « La dépendance économique en Afrique reste l’une des plus élevées au monde, mais une amélioration est attendue d’ici 2050 » .
Une croissance économique en ralentissement
La croissance du PIB africain est passée de 3,5 % en 2022 à 2,7 % en 2023, en raison d’un ralentissement des investissements étrangers et des difficultés économiques globales . Ce déclin affecte notamment les infrastructures et l’industrialisation, rendant le continent encore trop dépendant des exportations de matières premières.
Extrait du rapport : « La croissance économique de l’Afrique a ralenti en 2023, sous l’effet d’une baisse des investissements étrangers et d’une conjoncture mondiale difficile » .
Transport et tourisme : les moteurs des services africains
Si le commerce de biens souffre d’un déficit, le secteur des services africains repose essentiellement sur le transport et le tourisme, qui représentent 62 % des exportations de services . En revanche, la diversification vers des services à forte valeur ajoutée (financiers, numériques, propriété intellectuelle) reste insuffisante.
Pour stimuler la croissance, l’Afrique doit investir davantage dans l’économie numérique et les services à haute valeur ajoutée afin de concurrencer l’Asie, où ces secteurs dominent déjà le commerce des services.
Extrait du rapport : « Le transport et le tourisme dominent les exportations de services africaines, mais la diversification reste un défi » .
En Conclusion : Quelle Afrique pour 2050 ?
Les défis économiques de l’Afrique sont nombreux : dépendance aux matières premières, déficit commercial, croissance urbaine mal maîtrisée et faible industrialisation. Pourtant, le potentiel est immense : avec la bonne stratégie, le continent pourrait devenir un acteur majeur du commerce mondial d’ici 2050.
Les gouvernements africains doivent investir massivement dans la transformation locale des ressources, l’innovation, et le numérique, tout en s’appuyant sur une jeunesse dynamique et en pleine expansion.
L’Afrique de demain sera-t-elle le prochain moteur économique mondial ? L’avenir le dira. En attendant les chiffres du rapport UNCTAD 2024 donnent matière à réflexion.
Par Charles KOUASSI