Ci-dessous un texte publié dans le quotidien ivoirien, l’Intelligent d’Abidjan le 14 Avril 2016.
Le discrédit dont souffre la politique et le politique s’explique, pour une large part, par l’attitude de certains qui, alors que le président Alassane Ouattara venait à peine d’être réélu, se projetaient déjà en 2020. Le successeur d’Alassane Ouattara sera RDR, s’écrient les uns ! Non, il sera PDCI, répondent les autres !
Pendant ce temps, le camp Gbagbo refusait toute concession, se déchirait en se nourrissant du culte de la douleur et de la vengeance : ils annoncent une vie d’enfer pour les pro Ouattara, et les cadres du Rdr, le jour que les Gbagbo ou rien, prendront à nouveau le pouvoir.
L’espérance démocratique est ainsi assassinée. Les populations ne croient plus à rien. Elles sont en colère et elles ont peur ! Elles le font savoir.
En parlant de 2020, ces politiciens peu responsables du Rhdp ont oublié le peuple et les sujets qui, au quotidien, fâchent et inquiètent les Ivoiriens. En ressassant les anciennes et vieilles rancoeurs qui ont divisé le pays, en ne jouant pas leur part dans la réconciliation, sans oublier les abus du camp Ouattara en la matière, ces autres politiciens amnésiques du camp Gbagbo, fâchent également et inquiètent les populations.
La politique n’est pas faite pour rester dans la stratosphère des théories , mais pour agir, pour améliorer au quotidien la vie des populations qui, en 2010 et 2015, ont voté pour sortir des crises politico-militaires et post-électorales ayant à partir de 1999 plongé le pays dans le désordre.
Depuis avril 2011, une Côte d’Ivoire nouvelle est en train de se construire. Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, oubliant les rancoeurs et les divisions du passé entre le PDCI-RDA et le RDR, ont entrepris de reconstruire ensemble le pays. De simple coalition électorale, le RHDP est appelé à devenir ce grand parti unifié capable d’accomplir cette tâche immense qui est de conduire la Côte d’Ivoire vers l’émergence.
Pendant ce temps, la grande coalition Gbagbo-Lmp s’est disloquée, comme un château de cartes victime de l’intransigeance des vaincus qui veulent imposer leurs lois, sans même reconnaître, ni accepter leur défaite !
Et que font alors les noyaux durs du Rhdp ? Ils prospèrent dans des palabres stériles et se préparent à se disloquer, en plus de morceaux que le camp Gbagbo.
Alors que Bédié et Ouattara tiennent encore les manettes, les noyaux durs animent un débat sur la fin de carrière politique de leur côté.
Le Fpi avait eu plus de décence : ce débat n’a jamais eu lieu tant que Laurent Gbagbo était au pouvoir. Et la cause secondaire de la crise, au delà des douleurs, des haines et refus de la défaite, c’est aussi le refus de la question de la succession du chef, du leader. Mais ne demandez pas cela aux noyaux durs du Rhdp !
Qu’est-ce qu’un pays riche, à l’économie prospère, avec une croissance à deux chiffres, si des réformes ne sont pas faites pour l’assiette des Ivoiriens, pour la sécurité de tous, l’accès à l’emploi et l’égalité entre les citoyens ? Qu’est-ce qu’un pays stable si l’opposition refuse de jouer sa partition , et joue plutôt à faire peur les populations, au nom d’un hypothétique match retour ? Qu’est-ce qu’un pays stable si les élites, ces noyaux durs, continuent d’accumuler la richesse, sans la faire circuler? Qu’est-ce qu’un pays stable si les politiques déclarent leurs biens en cachette, et ne les rendent pas publics ? Qu’est-ce qu’un pays stable, si au lieu de renforcer la redevabilité – rendre compte – et la transparence, l’on continue de faire de la politique et de l’action au sein des services publics , une source d’enrichissement rapide et très peu licite, au travers de la corruption, de marchés attribués sur des bases inéquitables et de détournements ?
Ce qui intéresse les Ivoiriens, ce n’est pas 2020 avec l’alternance au sein du Rhdp , ce n’est pas la vengeance politique au profit du camp Gbagbo, mais le quotidien !
Or, lequotidien des Ivoiriens, comme le quotidien de tous les Africains, mais aussi des habitants de tous les pays, est fait de difficultés économiques et sociales et d’inquiétudes quant à l’avenir.
Que pèse la question de 2020 , et que pèse le règlement de comptes politique dont rêve les noyaux durs du Fpi, face à l’attentat terroriste de Grand-Bassam , aux affrontements d’Assuefry, de Bouna, Vavoua, Jacqueville, face à l’insécurité créée par les Microbes à Abobo et par d’autres bandits ailleurs , face à la perte d’emplois que représente la suppression deslicences de téléphonie mobile de quatre opérateurs, mais aussi dans d’autres secteurs ? Des menaces dont ne sont pas à l’abri ceux qui font des calculs pour 2020 au sein du Rhdp, ni ceux qui dans l’ex camp LMP complotent pour se venger ! Que représentent ces questions pour les entreprises à qui l’État doit plusieurs milliards d’arriérés ? Pour les enseignants en attente d’arriérés ? Pour les parents qui ne peuvent pas financer les études de leurs enfants ? Pour les Ivoiriens qui ne peuvent pas se faire soigner ? Pour tous ceux qui, en 2016, attendent autre chose de l’action politique que le retour des vieux débats stériles sur fond de calculs politiciens. Des débats qui peuvent faire faire peur aux investisseurs , et les faire fuire du pays.
Incontestablement, depuis avril 2011, la Côte d’Ivoire se redresse, les choses vont mieux, des mesures sont prises pour améliorer, au quotidien, la vie des Ivoiriens. Est-ce suffisant ? Le progrès économique et social est une construction de tous les jours, comme le « vivre ensemble » dans une société réconciliée .
« Si vous voulez enterrer un problème, nommez une commission », disait Clemenceau. Si vous ne voulez pas résoudre les problèmes que rencontrent les Ivoiriens au quotidien, parlez de 2020, parlez de Gbagbo, parlez de Ouattara et de ses origines , disent les politiciens.
Nous , à l’IA , avons fait le choix de rester des militants du quotidien et de la justice sociale. C’est pour cela que nous abordons les sujets dont parlent les Ivoiriens, au quotidien, dans leurs salons ou dans la rue, sur leur lieu de travail ou sur les réseaux sociaux.
Pourquoi ont-ils le sentiment que rien ne va dans le pays, alors que, objectivement, les choses s’améliorent ? Vit-on mieux dans les pays de la sous-région ? Est-ce la seule faute des noyaux durs, du Rdr et du Pdci, et du Fpi qui non satisfaits de parler de 2020, de projeter la retraite politique de Bédié et Ouattara, de refuser d’envisager un avenir possible pour eux ou pour la Côte d’Ivoire sans la libération immédiate et attendue depuis cinq ans de Laurent Gbagbo, se caractérisent, selon les militants, par une absence de sens de partage, par une absence de visions. Nous ouvrons une série d’enquêtes et de sujets sur la question , nous allons interroger les Ivoiriens, les leaders des partis politiques, les représentants des étudiants, de la société civile, les chefs d’entreprise.
Nous verrons ainsi ce que nous dit la société ivoirienne sur la vie au quotidien. Chacun garde-t-il l’espoir que sa vie va s’améliorer grâce à l’action politique ? La majorité des Ivoiriens pensent-ils que sous Ouattara, tout va vraiment mal ? Sont-ils sérieusement convaincus que Gbagbo kafissa? Bien sûr ce débat n’est pas nouveau.
Nous en avons parlé déjà. Nous continuons et continuerons de le faire ! Au nom de la vérité et de la justice sociale ! Pour que ces noyaux durs de tous les camps politiques, cessent d’assassiner, comme dit plus haut, nos espérances !
Par Wakili Alafé