Les mesures du gouvernement ivoirien contre les bars de streap, inquiètent des acteurs du milieu, dont Kéké Berthe Benjamine.
«J’ai été ‘’bacroman’’. Ça, c’est dans le langage ivoirien. ‘’Bacroman’’ signifie une personne qui a dormi dans les marchés. Et en Europe, on dira un ‘’SDF’’, ça veut dire, un sans domicile fixe. J’ai beaucoup souffert dans la vie. Mon business me permet de louer ma maison. Je paye régulièrement mes impôts et même l’impôt synthétique, les taxes municipales et le Burida (Bureau ivoirien de droit d’auteur). Et avec tout ça, la brigade des mœurs nous traite de tous les noms. Souffrez de ce que je vais vous dire parce que je vais vous tenir un langage franc qui va peut être vous choquer. Je suis une ancienne prostituée et grâce à la prostitution, j’ai réalisé d’excellentes choses. J’ai par exemple payé les études de mes deux enfants. Et c’est également grâce à la prostitution que j’ai fait partir ma fille en Europe. Mais aujourd’hui, je ne comprends pas la décision du gouvernement de vouloir fermer les lieux de streap . Je viens d’enterrer ma mère, le 5 mars dernier, et c’est grâce à mon bar de streap que j’ai organisé ses funérailles. Je demande donc pardon au gouvernement de ne pas fermer nos bars parce que selon cette loi, lorsqu’on surprend une fille dans un bar en train de faire du streap elle écope de 5 ans de prison. Et pourtant, les filles qui viennent travailler chez nous sont des adultes. Nous n’avons jamais engagé de mineur. Et nos clients sont aussi des adultes. Nous ne sommes pas des pédophiles. A chaque fois qu’un nouveau président vient à la tête de la Côte d’Ivoire, nous avons espoir mais nous constatons malheureusement que nous sommes toujours des victimes de la société. Pourquoi à chaque fois, c’est nous qui subissons. Pourquoi ? »
Claude Dassé