Deux ans après sa dernière interview accordée au quotidien ivoirien L’Intelligent d’Abidjan , Cissé Bacongo, le ministre ivoirien de la Fonction publique et de la Réforme administrative, a remis le couvert. Cette fois, pour faire le bilan de l’élection présidentielle du 25 octobre 2015. Au-delà de ce bilan, Cissé Bacongo dégage les perspectives de la réélection du Président Ouattara, avec en toile de fond l’alternance en 2020. La rédaction de l’IA a bien voulu autoriser Afrkipresse.fr à diffuser ci dessous l’intégralité de cette interview publiée dans la parution du lundi 9 Novembre 2015.
Nous sortons de l’élection présidentielle au cours de laquelle vous avez participé à la campagne du candidat Alassane Ouattara dans le District d’Abidjan. De façon générale, quel bilan pouvez-vous tirer de ce scrutin et quel bilan par exemple faites-vous sur le taux de participation ?
Le bilan que nous pouvons faire de la campagne du Président de la République, est que cette campagne a été dynamique, efficace et riche en initiatives. Je suis très heureux d’y avoir participé au niveau de la Direction de campagne associée du District. Cela m’a permis de comparer ce qui pouvait l’être entre les différentes communautés. J’ai noté un très bon esprit partout où je suis passé. Même si ici et là, plus particulièrement à Koumassi, j’ai senti un peu de crispation, quelques appréhensions, voire des préventions. Était-ce pour des raisons qui n’avaient rien à voir avec la campagne du Président ? Je ne saurais le dire. Mais pour ma part, je trouve que les choses se sont très bien passées. J’ai pu y apporter ma contribution.
Vous parlez de crispation à Koumassi. De quoi s’agit-il précisément ?
J’ai pu sentir quelques crispations, en particulier à Koumassi, dis-je, parce que là où je pensais apporter une contribution à l’effort qui était fourni par l’équipe de campagne, j’ai senti en retour des discours du genre ‘’ le ministre sabote la campagne du Président’’, “le ministre ne veut pas rentrer dans les rangs’’, au point où je me suis demandé si nous étions tous dans la même campagne, à savoir la campagne du Président de la République. Parce que si tel était le cas, toutes les initiatives en pareille situation sont bonnes à prendre. L’essentiel est qu’on parle du même candidat et qu’on développe les mêmes discours, sans doute avec des mots différents. Mais ce n’était pas très important. Je considère cela comme faisant partie des péripéties de la campagne.
M. le ministre ce que vous dites signifie-t-il que cette campagne a été menée à Koumassi, peut-être comme aussi ailleurs, avec un agenda secret pour certains cadres Rhdp ? Certains avaient-ils des agendas secrets différents de la réélection du Président ?
On ne peut l’exclure, autant qu’on ne peut pas le dire avec certitude. Mais dans tous les cas, ce qui m’a été donné de voir et d’entendre m’a laissé m’interroger sur l’implication réelle des uns et des autres dans la campagne du Président, sur l’existence ou non d’agendas secrets. Pour le reste, je suis peut-être en train de faire des supputations. Je souhaite que ce ne soit que des supputations. Je considère que la campagne s’est très bien passée, même si, comme je l’ai dit, ma présence n’a pas paru souhaitée par certains membres de l’équipe de campagne de Koumassi. Mais je crois que nous nous en sommes expliqués et nous continuerons de le faire.
Sans tenir la langue de bois, quel est l’état de vos relations avec le maire N’Dohi Raymond avec qui vous vous êtes réconcilié ? Vous parlez de gens qui n’auraient pas aimé votre présence dans l’équipe de campagne de Koumassi. Est-il concerné ou vos rapports sont-ils au beau fixe, malgré ce que vous dîtes ?
Ce que je note, c’est qu’à aucun moment à part deux ou trois grands meetings, d’abord le meeting de l’investiture de l’équipe de campagne, ensuite celui du lancement de la campagne et enfin, la visite ‘’éclair’’ effectuée par le Président au village Rhdp. À part ces trois grandes rencontres, je n’ai pas eu la chance ni le bonheur, devrais-je dire, de participer à un meeting avec l’équipe de campagne dirigée par le maire N’Dohi Raymond, alors que l’occasion n’a pas manqué. Puisque à plusieurs reprises, des jeunes et groupes d’associations ont sollicité notre présence ensemble. J’ai répondu favorablement à ces invitations. Malheureusement, le maire s’est fait toujours représenter par son adjoint Yao Kouadio. Ce dernier l’a systématiquement représenté partout où il était attendu avec moi. Alors, est-ce que cela était dû à des raisons objectives indépendantes de sa volonté ? Je n’en sais rien. Mais toujours est-il que, en dehors de ces trois occasions, nous n’avons pas pu faire campagne ensemble. L’essentiel pour nous, ce n’était pas forcément d’être ensemble. C’était de faire en sorte que le Président soit élu. Il a été réélu grâce à nos efforts conjugués. Et c’est tant mieux.
Comment est votre collaboration avec l’un de vos anciens, Adou Assalé ?
Le climat est au beau fixe avec le maire Adou Assalé qui a été plus présent dans le cadre de la campagne à Abengourou qu’à Abidjan. Nous nous parlons à tout moment. Les relations sont devenues ce qu’elles ont toujours été : fraternelles, amicales et chaleureuses. Avec le maire N’Dohi Raymond, s’il y a des raisons particulières à ce qu’on peut appeler un refroidissement des relations, je cherche quelles peuvent être ces raisons, je ne trouve pas. De mon côté, je ferai le maximum afin que, lui en tant que maire et moi, député de la commune, puissions conjuguer nos efforts pour le bien des populations de Koumassi dont nous avons la charge chacun. Je le dis souvent en meeting. Mes propos sont-ils pris au sérieux ou leur donne-t-on une autre coloration ? Je n’ai pas l’habitude d’utiliser la langue de bois. Je dis ce que je pense, où il faut. Quand je dis que le maire et moi sommes responsables des populations de Koumassi, ou encore que nous avons notre part de responsabilité dans l’amélioration des conditions de vie des populations, ce sont des choses que je pense vraiment. Par exemple, dans le cas de l’ambulance que j’ai offerte aux habitants du Campement, je l’ai fait en mon nom et au nom du maire. Je le pense. Et s’il y a des problèmes, qu’on les cherche et qu’on apporte des solutions.
À partir de cet exemple que vous donnez de Koumassi, est-ce que cela vous rassure pour la suite des débats concernant le parti unifié ? Si vous soulevez de telles observations au niveau de Koumassi, comment pensez-vous que cela puisse se gérer au niveau national concernant le parti unifié ?
J’ai dit à différentes occasions que le parti unifié, dans la disposition historique actuelle de notre pays me paraissait être un impératif pour la stabilité de notre pays, pour la paix et pour son développement. Le parti du Rhdp représente l’écrasante majorité de la société ivoirienne. Être ensemble dans le cadre du Rhdp-alliance ou dans le cadre du Rhdp-parti unifié met la Côte d’Ivoire à l’abri de nombreuses difficultés dont elle peut se passer. Il faut aller à ce parti unifié dans la sérénité et la confiance. Pour ma part, je dis qu’il faudra, lorsque les dispositions auront été prises au plan purement technique pour que ce parti voie le jour, une pédagogie pour sa mise en œuvre. Cela veut dire qu’il faudra, déterminer la méthodologie, la procédure, la modalité à mettre en œuvre pour que ce parti unifié soit viable, efficace et atteigne les objectifs qui lui sont assignés. En d’autres termes, il faudra que toutes les différences au niveau des différentes parties soient prises en compte dans la démarche à mener. Aujourd’hui, dans le cadre de l’alliance, les différents partis sont ensemble, les différents responsables apprennent à se connaître en se fréquentant. Ils apprennent à s’apprécier et à travailler ensemble. C’est la même chose qu’il faudra faire dans la suite en considérant les susceptibilités et en procédant à un bon arbitrage. Je ne suis pas angoissé par la créature du parti unifié. Mais, il faudra tout simplement une bonne pédagogie pour que ce ne soit pas un projet mort-né.
Le taux de participation national aux élections est, au niveau des observations faites de la campagne, à 52%. Les résultats annoncés et commentés au niveau national ont oscillé de 60 à 52%. L’opposition a parlé de succès de l’abstention et nos amis extrémistes pro-Gbagbo ont parlé de 11%. Que vous inspirent tous ces taux et ces débats autour de la participation ?
Il faudra dans la sérénité procéder à une analyse objective du taux de participation et inversement du taux d’abstention, au-delà de toutes les supputations à des fins politiciennes auxquelles l’on assiste actuellement. Il faudra voir si le taux de participation à l’élection du 25 octobre dernier a été faible ou plus important par rapport au taux de participation enregistré lors des élections de même nature passées en 2000, 2010 et ainsi de suite. D’abord il faut vérifier si le taux de participation a été faible ou de même niveau. Ensuite, il faut vérifier si la Côte d’Ivoire a enregistré un taux de participation plus faible ou égal à celui enregistré dans d’autres pays dans le cadre d’élection de la même nature. Toutes ces analyses doivent être faites pour s’assurer de tout ce qui se dit. Pour moi, le taux de participation n’a pas été aussi mauvais. Il aurait pu être plus important compte tenu de la campagne que nous avons développée. Mais, il faut savoir que différents facteurs ont pu jouer pour qu’il soit de ce niveau. Et, le premier facteur peut être la transhumance électorale. C’est ce que l’on appelle le mercenariat électoral. Cela consiste pour des candidats potentiels à des élections locales d’aller chercher des personnes dans d’autres zones ou localités pour les faire enrôler en vue de gagner le scrutin local. Cela parait un biais au principe de la démocratie. Ces transhumants sont enrôlés non pas pour participer généralement à des élections présidentielles. Mais, plutôt à des élections locales. Il suffit que le candidat ne fasse pas venir ces transhumants pour qu’ils soient considérés comme des abstentionnistes. Deuxièmement, nous avons les déplacés de guerre. En 2010, il y a eu beaucoup de déplacés de guerre à Abidjan ainsi qu’à Yamoussoukro, pour ne prendre que ces deux capitales. Du fait de la paix, du retour de la sécurité et de la confiance dans notre pays, beaucoup de ces déplacés ont rejoint leur lieu de résidence habituel. Mais, le faisant, ils n’ont pas pris le soin de corriger ce qui se devait au niveau de la liste électorale.
Mais cela n’est-il pas du ressort des partis de sensibiliser les militants et les sympathisants lors des campagnes afin de faire ce que vous dites…?
C’est un fait, c’est vrai. Mais, un fait qui n’enlève rien à l’autre fait. Que les partis et les cadres ne sensibilisent pas les militants en les invitant à participer à la révision de la liste électorale lorsq’ils changent leur lieu de résidence, cela a pu jouer. Il s’agit maintenant de voir quelle analyse il faudra faire de ce fait. Il y a un troisième facteur qui est le cas des décès. Les déclarations de décès, autant que les déclarations de naissance sont obligatoires. Mais, la prise en charge de ces décès dans la révision de la liste électorale est moins sûre, lorsque c’est le parent qui doit le faire. Surtout qu’il n’existe pas de mécanisme de prise en compte automatique dans la révision de la liste électorale, il va s’en dire que ces personnes décédées vont continuer de figurer sur la liste électorale, alors qu’elles ne sont plus en vie. Ce sont autant de considérations qui ne peuvent pas justifier toujours mais expliquer sans toutefois justifier le taux de participation et inversement le taux d’abstention. Je considère pour ma part que le taux de participation n’a pas été aussi faible au point où nous devons en rougir. Pour moi, c’est un taux de participation moyen au plan national. Le taux de participation d’environ 52 % est un taux qui est bon à prendre.
Parlant de Koumassi particulièrement, qu’est-ce qui pourrait dans un premier temps expliquer la percée du candidat Kouadio Konan Bertin qui est arrivé en deuxième position ? Paix ailleurs lorsqu’on observe les chiffres du candidat Ouattara, nous remarquons qu’il a enregistré un grand taux mais en termes de suffrages exprimés, il n’a pas progressé par rapport à 2010. A quoi cela pourrait répondre ?
Par rapport à Koumassi, je ne veux pas m’essayer à une analyse qui peut être interprétée, mais le cas de Koumassi ressemble à ce qui s’est passé dans tout le pays et à Abidjan en particulier. A Koumassi, le candidat KKB a obtenu près de 8% des suffrages exprimés, donc est venu en deuxième position après le président. Le taux de participation dans cette commune s’est situé autour de 45%. Comment analyser tout cela ? Je dirai que ce sont les raisons que je viens d’avancer. Il faut savoir qu’à Koumassi, dans un quartier comme le Campement dit Cité Félix Houphouët-Boigny, il y avait beaucoup de déplacés de guerre. Certainement, ces déplacés de guerre n’ont pas été pris en compte dans la révision de la liste électorale. Cela a joué. Ensuite, il faudra comprendre de qui est constitué les 8% qui ont voté pour KKB sachant qu’il n’a pas fait campagne à Koumassi. En tout cas pas à ma connaissance. Etait-ce des militants du Pdci, du Fpi ? Là encore pour ma part, il y a donc des choses à comprendre dans le taux de participation et surtout dans le score obtenu par le candidat KKB.
Ce sont là simplement des constats, des observations que vous faîtes. Mais n’y a-t-il pas de responsabilités à établir en vue de trouver des solutions ?
Pour éviter de tomber dans la propagande, il faut procéder par une analyse sereine en s’appuyant sur des données objectives. On pourra à l’issue de ces analyses connaître les vraies raisons.
Est-ce que vous prêt à faire ces analyses ?
Bien sûr ! Des équipes sont déjà à pied d’œuvre. À partir de leurs résultats, nous pourrons au niveau du Rassemblement des Républicains de Koumassi déjà faire des analyses plus objectives. Et après si besoin se fait sentir, nous irons au niveau de la coordination.
Comment se porte le parti du Rassemblement des Républicains à Koumassi ?
À Koumassi, tout se passe bien. Nous sommes les militants du même parti. Je suis le premier responsable du parti en tant que membre. Je suis celui qui a la charge de faire en sorte tous les militants se sentent bien afin qu’il y ait la cohésion au sein du RDR-Koumassi. Certes, il y avait des velléités d’indépendance mais nous nous sommes expliqués et tout est rentré dans l’ordre.
Au niveau national, le gouvernement a été formé après la prestation de serment du Président. Il a été décidé que les élections législatives se tiennent l’année prochaine et ensuite suivront les autres élections. Quel regard portez-vous sur ce chronogramme ? Aussi, vous avez présenté lors de la campagne, le bilan du président mais également de vous-même en tant que ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative. Quels commentaires faites-vous de tout ça ?
C’est une satisfaction que le gouvernement soit renouvelé. Nous avons fait un bon travail sous la direction du Premier ministre Kablan Duncan et du Président. Pour le reste, nous allons reprendre le travail là où nous l’avons laissé pour aller en campagne, c’est-à-dire les nombreuses réformes pour moderniser notre administration à travers laquelle. Nous réaliserons le vœu cher au Président, celui de faire de la Côte d’Ivoire, un pays émergent à l’horizon 2020. Déjà, à compter de ce dimanche (Ndlr), nous passerons des spots à la télévision pour faire la publicité sur tout ce que nous entreprenons en vue de lutter contre la corruption, l’absentéisme et tous les maux qui ont fini par ternir l’image de notre pays. Aussi, il faut noter l’automatisation des procédures à la Fonction Publique qui est en cours. C’est ce que nous appelons l’accélération de la mise en œuvre d’une démarche administrative. Toutes ces démarches administratives ont quelquefois des contraintes, les usagers sont obligés de se déplacer pour aller prendre le moindre papier dans une administration quelque part. Nous avons décidé en 2015 qu’il fallait passer à autre chose. Le gouvernement a un portail désormais dans ce portail, chaque ministère a une page qui est renseignée par une personne ressource, de sorte qu’en prenant comme exemple celui de la Justice tout les documents délivrés par ce ministère puissent être demandés en ligne et obtenu en ligne où que vous soyez sur le territoire national à la seule condition que soyez connecté avec la signature électronique. Ce sont autant de réformes prévues mais ce sont les plus significatives, que nous avons énumérées.
M. le Ministre, l’actualité c’est aussi la réforme constitutionnelle à venir avec la vice-présidence et l’alternance 2020…
J’étais de ceux qui demandaient la révision de la Constitution pendant le premier mandat du Président de la République, parce que je ne comprenais pas que cela ne constituait pas une préoccupation d’autant plus que notre Constitution comprend des références au CNSP (Comité national du salut public), des références à l’amnistie des auteurs du coup d’Etat sans parler des dispositions confligènes, en particulier, deux alinéas de l’article 35 de la Constitution. L’un qui, après un tango entre les deux conjonctions de coordination “Et“ et “Ou“ a fini par se stabiliser sur la conjonction “ET“ qui a mis le feu au poudre. Et l’autre alinéa qui parle de « ne s’être jamais prévalu d’une autre nationalité ». Une notion que nous avons dénoncée avec véhémence à longueur de plusieurs articles, et que nous avons continué à dénoncer jusqu’à Marcoussis. Elle a finalement été considérée comme étant vide de sens, lors de cette table-ronde. Donc, pour nous, la révision de la Constitution devenait un impératif. J’étais le seul qui était impatient pour que cela intervienne. Mais, je confesse que le Président a eu raison d’attendre son second mandat pour le faire. Car, s’il l’avait fait au cours de son premier mandat, il aurait été soupçonné de tailler la Constitution à sa mesure, quand bien même il serait Président sortant et qu’il n’y aurait aucune chance qu’il ne puisse pas se présenter. Maintenant qu’il est réélu, il peut le faire sans risque de se voir taxer de tripatouilleur. Il faut rendre à la Constitution, sa vocation de sous-bassement de notre nation. Car, c’est cela sa vraie vocation. C’est le ciment qui doit nous unir, et non pas ce qui doit nous diviser.Cette modification doit-elle prendre en compte le changement du régime du pouvoir ? C’est-à-dire, passer du régime présidentialiste dans lequel nous sommes à un régime présidentiel à l’Américaine, avec un poste de président et de vice-président qui se présentent à l’élection sous la forme de tickets.Je ne saurai vraiment y répondre. Pour ma part, ce qui me préoccupait et qui semble également préoccuper le Conseil constitutionnel, si je m’en tiens au discours de son président, ce sont les dispositions qui figurent dans la Constitution et qui ne devaient pas y être.
Quelle est votre position sur l’idée de l’alternance en 2020, telle que prônée par les présidents Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié ?
Pour moi, l’alternance c’est la succession d’un pouvoir par un autre pouvoir. La succession d’un parti par un autre parti, à la tête du pouvoir. Cela, par la voix démocratique. C’est-à-dire, par des élections. C’est ma compréhension de la chose et elle ne peut pas changer. Alors, de deux choses l’une. Il y aura deux alternatives. Soit, avant 2020, nous parvenons à la création du parti unifié, auquel cas, l’alternance n’aurait aucun sens. Puisqu’il y aura un seul candidat. Et le choix de ce dernier se fera selon les règles et les critères qui seront définis par le parti. Certainement qu’il y aura plusieurs candidats au sein du parti. La compétition sera engagée entre ces derniers, pour que ce soit le meilleur d’entre eux qui soit retenu. Pas sur une base ethnique, religieuse, ni l’origine raciale. Mais, selon les critères du parti. Le militantisme de ce dernier doit être la première condition. Deuxième branche d’alternative, on ne parvient pas à la création du parti unifié en 2020. On reste donc dans le cadre de l’alliance RHDP. Là aussi, les choses sont claires puisque la plate-forme qui constitue le cadre de référence du RHDP dit bien que les partis alliés participent tous au premier tour des élections et qu’au second tour, celui qui est en meilleure position est soutenue par les autres.
Alors, monsieur le ministre, on vous rétorquera que le PDCI a fait fi de cela et s’est fait violence en ne présentant pas de candidat en 2015, malgré cette prescription du RHDP. Est-ce que d’autres ne pourraient pas s’appliquer certaines dispositions au cas où il n’aurait pas de parti unifié ?
Le PDCI ne s’est pas fait violence en ne présentant pas de candidat. Le PDCI a été conforme à la plate-forme et à la logique. Le PDCI a tenu parole en ce sens que le RHDP au pouvoir revendique son propre bilan obtenu. Un bilan qui a été présenté par notre candidat commun. C’était le bilan de tout le RHDP. Ce n’était pas le bilan du RDR, ni du PDCI, ni de l’UDPCI, etc. C’était le bilan de tous les partis membres du RHDP. Il faudrait qu’on m’explique dans ces conditions, celui que le PDCI aurait présenté face au candidat Alassane Ouattara en 2015, quel bilan, quel projet aurait-il défendu ? Ou inversement, qu’est-ce qu’il y aurait à dire face au candidat Alassane Ouattara dont le bilan est aussi le sien ?
Peut-être qu’ils auraient trouvé une solution après, s’ils avaient voulu s’en tenir à ce que vous dites simplement par rapport à la plate-forme…
Le PDCI a été conforme à la plate-forme. Si on a bien écouté ce qu’on appelle l’Appel de Daoukro, le président Bédié ne s’est pas levé pour dire qu’aujourd’hui, nous allons nous mettre tous derrière Alassane Ouattara. Avant d’arriver à cela, il a fait tout un développement. Il a dit : « Nous avons soutenu le candidat Alassane Ouattara au second tour (de la présidentielle 2010, Ndlr). Le président Alassane Ouattara a réhabilité des universités, a réhabilité et construit des hôpitaux, des écoles, a réalisé des infrastructures routières : le prolongement de l’autoroute du Nord, la réhabilitation de l’ancien tronçon, et ainsi de suite ». Donc, c’est à la suite d’un bilan qu’il a dressé que le président Henri Konan Bédié a dit : « Dans ces conditions, nous pouvons renouveler notre confiance au président Alassane Ouattara ». Et il est revenu sur ce bilan à l’occasion de l’inauguration du troisième pont. Il a déclaré : « Cet ouvrage, à lui seul, vaut un second mandat à son auteur ». Donc, le PDCI a été conforme et n’a pas fait autre chose que défendre son propre bilan. Le pouvoir en place est aussi son pouvoir. Donc, en 2020, les choses redeviendront ce qu’elles étaient comme en 2010, c’est-à-dire qu’au cas où nous n’allons pas aux élections en parti unifié, tous les partis sont en lice et celui dont le candidat arrive en bonne position, est soutenu par tous les autres au second tour.
Quel est votre mot de fin sur cet entretien-bilan et vérité au sujet de l’élection présidentielle 2015 et des perspectives ?
Je voudrais me féliciter de la brillante élection du Président de la République pour un second mandat. Le score qu’il a obtenu est pour nous un signe d’espoir. Il prouve que les Ivoiriens ont dépassé toutes les querelles de clochers, qu’ils sont mûrs, qu’ils ont apprécié le bilan du président. Et même ceux qui ne l’aiment pas ont fini par comprendre que c’est le président Alassane Ouattara qui pouvait faire leur bonheur et que c’est à lui qu’il faut confier le destin, la destinée de notre pays pour les cinq années à venir. Que ce soient pour les hommes, les femmes et l’ensemble de la population, ce score est pour nous tous, un signe d’espoir. Pour terminer, je voudrais féliciter la Direction nationale de campagne et, à travers elle, notre Direction de campagne du District et les Directions de campagne locales du District pour le travail formidable qui a été abattu. Travail qui a été soldé par les performances que le président a réalisées à Abidjan. Je voudrais souhaiter bon vent au RHDP pour de nouvelles victoires en 2020.
Interview réalisée par Charles Kouassi