Reporters Sans Frontières (RSF) a publié lundi 20 juillet 2015 une infographie des chefs d’État et chefs de gouvernement qui menacent des journalistes. Sur une vingtaine de dirigeants dans le monde, figurent trois du continent africain, à savoir les présidents Robert Mugabe (Zimbabwe), Yayah Jammeh (Gambie) et Alpha Condé (Guinée Conakry).
Les critères de cette infographie se fondent sur des propos méprisants, injurieux, accusateurs ou racistes tenus en public par ces dirigeants envers les journalistes.
« Quand un chef d’Etat en exercice se permet des invectives contre les représentants des médias qui ne font que leur travail d’information, un cap est franchi » déclare Christophe Deloire secrétaire général de RSF, qui ajoute : « Comment les journalistes peuvent-ils travailler dans des conditions sereines quand l’État , supposé leur garantir une protection, est incarné par une autorité qui les méprise, brime, récrimine, ouvrant ainsi la voie aux exactions impunies contre la presse ? »
Les exemples soulevés par RSF, pour chaque région, reflètent les tendances dans le rapport entre le pouvoir étatique et les journalistes.
Concernant le zimbabwéen Robert Mugabe, RSF évoque son profond mépris pour les journalistes. Par exemple, en avril 2015 quant Robert Mugabe balaye de la main les questions d’un confrère européen, il répond d’un air agacé «« Je n’ai pas envie de voir une tête de blanc ».
S’il n’aime pas voir les journalistes « effrontés », M. Mugabe n’aime pas non plus s’exposer devant eux. Car en février 2015, les membres de son service de sécurité ont obligé les journalistes à effacer les photos de sa chute à la sortie de l’aéroport d’Harare.
Concernant le président gambien, l’organe de défense de liberté de presse rappelle ses durs propos de l’année 2011 contre les professionnels locaux. «Les journalistes représentent moins d’1% de la population alors si vous vous attendez à ce que je leur permette de détruire 99% de la population, vous êtes au mauvais endroit (…) Je n’ai pas d’opposition, nous avons des personnes qui détestent le pays et je ne travaillerai pas avec eux » avait déclaré Yayah Jameh.
En Guinée, le président Alpha Condé avait dit ceci en Novembre 2014 : « Les journalistes font n’importe quoi, (…) Ils peuvent écrire ce qu’ils veulent, cela n’a aucune importance. Je ne lis aucun journal, je ne vais pas sur Internet et je n’écoute pas les radios » .
Il avait aussi lancé une virulente critique contre RSF : « Je m’en fous de ce que Reporters Sans Frontières va écrire (…). Ce n’est pas eux qui dirigent la Guinée. Moi, je n’ai aucune crainte des lois internationales ou des droits de l’homme ».
C’était en fin 2014, mais cette année 2015 Alpha Condé va désormais sur Internet et dispose même d’un compte Facebook sur lequel, une vidéo de lui a été postée.
James RAMAROSAONA