Larry Ellison, le médiatique fondateur et directeur général du géant américain des logiciels professionnels Oracle, a décidé de céder les rênes de l’entreprise qu’il a créée en 1977, devenant le dernier des piliers de la Silicon Valley à passer le témoin.
M. Ellison, 70 ans, va prendre la présidence du conseil d’administration, a indiqué l’entreprise jeudi dans un communiqué.
Il passe la main à un duo formé de Safra Catz, 53 ans, et Mark Hurd, 57 ans, qui étaient ses adjoints depuis 2010.
Après avoir nettement décroché dans la foulée de cette annonce, l’action Oracle se reprenait légèrement et ne perdait plus que 1,68% à 40,85 dollars vers 21H10 GMT dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse.
“Safra et Mark vont désormais rendre compte au conseil d’administration et non plus à moi directement”, commente M. Ellison, cité dans le communiqué.
Outre ses fonctions de président, il sera aussi en charge de l’activité “Technologie”.
“Larry a dit clairement qu’il voulait continuer à se consacrer totalement au développement des produits et de l’ingénierie”, explique pour sa part le conseil d’administration.
Larry Ellison fait partie de la génération des patrons fondateurs qui ont transformé la Silicon Valley, faisant passer des start-up fondées souvent dans des garages ou des chambres d’étudiants à des géants mondiaux de la technologie.
Parmi ses pairs, Bill Gates a abandonné les commandes de Microsoft il y a une dizaine d’années.
David Packard et Bill Hewlett ne sont plus dans l’organigramme de Hewlett-Packard, alors que Steve Jobs, le co-fondateur d’Apple, est décédé.
Ces patrons emblématiques avaient en commun de n’avoir pas terminé leurs études pour monter leurs entreprises, devenues des success-stories mondiales.
Larry Ellison a en effet fait d’Oracle un mastodonte pesant 185,1 milliards de dollars en Bourse à la clôture jeudi.
Ce succès a aussi fait de lui le troisième homme le plus riche des Etats-Unis, selon le classement du magazine Forbes, et le 5e la plus riche au monde. Son nom est aussi associé aux défis lancés dans le cadre de l'”America’s Cup”, la célèbre course de voiliers.
Depuis la fondation du groupe informatique, il en a été jusqu’ici le premier et seul patron.
– Difficultés –
Ce changement d’ère intervient au moment où Oracle traverse une passe très difficile.
L’éditeur de logiciels souffre depuis plusieurs mois de la concurrence de petits éditeurs de logiciels comme Salesforce.com ou encore Workday, qui proposent des prix agressifs.
Pour y faire face, il mise sur les acquisitions et le “cloud”, cette technologie qui consiste à stocker des données sur des ordinateurs distants et à les gérer à distance via internet.
“Nous nous concentrons sur le +cloud+. Nous allons en être le numéro 1 dans l’avenir”, avait déclaré en juin M. Ellison.
Les efforts du groupe californien ont eu pour l’instant des résultats mitigés.
Après avoir stagné lors de l’exercice fiscal précédent, les ventes de nouvelles licences pour des logiciels et les abonnements pour des services en ligne (dans le “cloud”) ont grimpé de 6% sur un an à 6,6 milliards de dollars lors des trois derniers mois. Rien ne dit que cette tendance va se poursuivre puisque leur courbe de vente évolue en dents de scie.
Les nouvelles licences sont considérées comme un bon thermomètre pour les bénéfices futurs parce que c’est le segment qui génère de grosses marges pour les groupes informatiques.
Fort d’un trésor de guerre important – 39 milliards de dollars – Oracle table aussi sur la croissance externe via des acquisitions.
Il s’est offert en juin le spécialiste des logiciels utilisés dans l’hôtellerie et la restauration Micros Systems pour environ 5,3 milliards de dollars.
Cette opération est la plus importante depuis le rachat de l’informaticien Sun Microsystems en 2009.
Il n’est pas certain que ces transactions apaisent la frustration des marchés au vu des résultats trimestriels inférieurs aux attentes annoncés jeudi.
Lors des trois mois achevés fin août, soit le premier trimestre de son exercice fiscal 2014/2015, Oracle a enregistré un bénéfice net de 2,18 milliards de dollars, en baisse de 0,3% sur un an.
Rapporté par action, référence à Wall Street, le bénéfice hors éléments exceptionnels s’établit à 62 cents, soit moins que les 64 cents anticipés en moyenne par les analystes.
Le chiffre d’affaires a pour sa part grimpé de 2,67% sur un an à 8,6 milliards, contre 8,78 milliards attendus.
Oracle a néanmoins donné une carotte à ses actionnaires en annonçant qu’il allait racheter pour 13 milliards de dollars de ses propres actions.
afrikipresse avec AFP