Mohamed Lamine Kéita, 30 ans, est un acteur politique et des droits civiques en Guinée. Il est égal enquêteur sociologique, et écrivain poète. Après avoir vécu en Europe pendant des années, il décide de rentrer au pays. Contrairement à de nombreux jeunes de son âge qui ont l’obsession d’aller étudier puis s’installer ailleurs, M. Kéita estime que son bonheur se trouve sur sa terre natale. La question de l’heure, c’est l’immigration clandestine qui continue d’endeuiller plusieurs familles africaines. Ceci, parce que des jeunes adolescents abandonnent tout pour entreprendre un voyage incertain en quête du bonheur. Le principal chemin opté, ce sont les embarcations de fortune. Chaque année , des milliers de bras valides africains périssent le long des côtes méditerranéennes. Pour parler de ce problème d’immigration clandestine, Afrikipresse a interrogé M. Kéita. Entretien !
AFRIKIPRESSE: Quelle liaison faîtes-vous du sous-développement de l’Afrique à l’immigration clandestine ?
Mohamed Lamine Kéita: J’ai longtemps travaillé dans le domaine {l’immigration clandestine} mais j’ai manqué de beaucoup d’informations par rapport à l’impact réel de l’immigration clandestine sur le sous-développement de l’Afrique. Je me limitais sur les morts et les personnes échouées dans le désert ou la méditerranée, qui se comptent en plusieurs centaines ; et qui auraient pu chacun en ce qui le concerne être d’une grande utilité pour l’Afrique. J’ai vécu ces cinq dernières années en exil en Europe. L’image que je me faisais de l’immigration clandestine en terme d’impact à nettement changé.
Qu’est-ce qui a changé?
Le constat était qu’au-delà du continent, les personnes physiques concernées étaient ou sont odieusement dans la souffrance, les réfugiés font un parcours du combattant. Vivre sans papiers c’est vivre dans la clandestinité en Europe et ça touche les “90% des Africains” en France.
L’obsession d’aller ailleurs animent toujours les jeunes africains. Pour quelle vie après et quelles conséquences sur le continent?
Il faut noter la validité et les compétences des personnes qui partent clandestinement et vivent dans la clandestinité dans les pays rêvés. Le plus souvent ces rêves mort-nés enfantent quelque chose de plus dramatique. C’est l’appauvrissement de l’Afrique en matière de ressources humaines, parfois de hautes qualités. En plus des morts qui se chiffrent à plus du millier pour seulement l’année 2015 en Méditerranée, sans parler des chiffres du désert qu’on ne possède avec exactitude, plusieurs talents se voient ainsi gâchés par l’impossibilité d’intégrer leur nouveau pays au détriment de l’Afrique.
Mais qu’en est- il de l’aide au retour qui s’organise le plus souvent avec l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) et les Organisations Internes des pays hôtes ?
Pour ceux qui croient au retour, un projet de retour personnalisé est validé. Pour cela, une aide de 2 000 euros pour l’Europe et un montant équivalent ou ajusté pour les autres (continents ou pays) sont octroyés. Malheureusement, moins de 30 % des clandestins font la demande ou acceptent l’offre qui leur est faite.
Mais pourquoi prennent-ils le risque d’être candidat à l’Immigration clandestine ?
C’est parce que les jeunes de l’Afrique dans leur majorité ignorent comment s’organiser pour porter des projets d’envergures par rapport aux opportunités qui leurs sont offertes dans leurs propres pays.
Le faible niveau d’éducation et la faible divulgation des politiques nationales de jeunesses constituent entre autre un frein à l’émancipation de la jeunesse africaine. Le manque d’informations sur cette politique reste le point le plus crucial qui empêche la Jeunesse africaine de s’organiser et de porter des projets. Ils sombrent alors le plus souvent dans la radicalisation et les violences communautaires si ce n’est l’immigration clandestine.
Quelles pistes de solutions envisageriez-vous pour freiner cette saignée humaine dans la méditerranée?
D’abord, les gouvernements et les Chancelleries doivent faire une large ouverture pour une accessibilité plus efficace pour les jeunes à une procédure normale d’obtention de visas (Études, soins, visites, tourismes…
Pour une réduction drastique de l’immigration clandestine, il y a obligation pour l’Afrique de créer un nouveau modèle de jeunes, qui inspirerait ceux qui peinent à arriver à une réussite dans leurs propres pays et qui comptent inlassablement sur leurs différents Gouvernements pour atteindre leurs objectifs, alors que ceux-ci sont des organes d’orientation et de facilitation.
Je plaide pour la création de ce modèle de jeune qui influe sur la création des richesses à travers la création et l’orientation de nouvelles organisations civiles; la création des Entreprises entraîne la création des richesses (TIC, les applications numériques….)
Le Jeune millénaire à travers la révolution numérique doit être une réalité au sein de la Jeunesse par l’impulsion des institutions nationales de jeunesses.
D’où ma plaidoirie ultime de création d’un Observatoire National des Politiques de Jeunesses, singulièrement pour la Guinée dont nous connaissons davantage le substrat, pour évaluer, accompagner les actions des Institutions de jeunesses et en initier d’autres pour la sortie de la léthargie de cette jeunesse qui mettrait fin à leur idéalisation de l’Eldorado devenu utopique. Une Institution qui de par son caractère et sa mission salvatrice d’une jeunesse au bord du ravin contribuerait à grande échelle à une fin très proche de l’immigration clandestine.
Aliou BM Diallo