Un projet de loi sur la cyber sécurité “protection des données personnelles” est soumis à l’Assemblée Nationale guinéenne. Elle traite diverses catégories d’infractions et de crimes dont les infrastructures et les contenus des TICs, les entraves au fonctionnement des équipements informatiques et la fausse production des informations, l’interception et la falsification des données informatiques, la délinquance cybernétique, à caractère pornographique.
Jeudi, à l’hémicycle, le rapporteur de la commission information, art et culture, a expliqué la portée de ladite loi. “Au delà du fait que les technologies de l’information et de la communication électronique, plus précisément Internet peuvent être qualifiées de révolution numérique, faisant de la planète terre, une planète sans frontière grâce au cyberespace, force est de constater qu’au sein de cet espace sont souvent commis de graves et divers actes causant aux États et aux citoyens des atteintes aux conséquences irréversibles “, a souligné Saikou Yaya Barry.
C’est pour cette raison, précise le parlementaire qu’il est nécessaire de “sanctionner les auteurs des crimes cybernétiques dont l’ampleur prend des proportions inquiétantes en Guinée”.
Plusieurs dispositions de cette loi (les articles 17, 29, 31, 32, 35, 37, 38, 70 et 71) inquiètent des militants de défense des droits des utilisateurs d’Internet. La disposition de l’article 17, notamment réprime la “détention frauduleuse d’un équipement de télécommunication à connecté sur un réseau ouvert au public ou un réseau privé.”
L’ONG Internet Sans Frontières ne cache pas sa crainte face à l’adoption de la loi sur la cyber sécurité. “… nous la craignos parce qu’elle prévoit également une lourde sanction contre les lanceurs d’alerte. Ce qui constitue une menace pour les activistes de la société civile, notamment les blogueurs”, écrit l’ong sur son site officiel, yoteretech.com.
En réponse, le ministre guinéen des nouvelles technologies et de l’économie numérique tente de dissuader : “la loi effraie certes, mais elle est plus dissuasive, que répréhensible. Nous mettons en avant ce qu’il ne faut pas faire. Mais on ne va pas s’arrêter à cela, on dira voici ce qu’il ne faut pas faire, si malgré tout vous vous entêtez à le faire, voici ce à quoi vous vous exposez”, prévient Moustapha Mamy Diaby.
Il assure que des séances de formations seront organisées pour avoir des cyberpoliciers, des cybermagistrats et des cyberavocats.
Les promesses du politique ont convaincu les députés de tous bords politiques à adopter la loi qui est vite récusée par les web activistes guinéens.
L’association des blogueurs de Guinée est passée par tous les moyens pour tenter d’empêcher l’adoption “des dispositions considérées comme liberticides”. Mais en vain.
“Je suis profondément et doublement déçu de l’ensemble des députés de la République, mais particulièrement ceux de l’opposition. Je comprends ainsi, une fois que cette opposition qui prétend défendre la liberté des uns et des autres, une fois qu’elle accède au pouvoir, ce sera le pire. Voilà enfin, l’opposition sur laquelle peut-être j’espérais un refus a succombé sur les pièges très bien tendus du ministre Moustapha Mamy Diaby avec #LoiCyberInsecurite”, a déploré Sally Bilaly Sow, blogueur guinéen.
Aliou BM Diallo