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    Guinée : ceux qui ont gouverné, ont bâti des systèmes qui ne pouvaient qu’amener à l’échec

    Guinée : ceux qui ont gouverné, ont bâti des systèmes qui ne pouvaient qu’amener à l’échec
    Publié le
    Par
    Charles Kouassi
    Lecture 5 minutes
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    Aliou Bah est un guinéen de 32 ans. Titulaire d’un Master en Finance internationale et d’un diplôme de recherche en Sciences politiques, il est aujourd’hui chargé de la communication de la quatrième force politique du pays, le parti Bloc Libéral. Outre sa casquette d’homme politique, il est consultant-analyste en communication et développement auprès des institutions de microcrédit, de la CEDEAO et d’autres ONG.
    Il dispense également des cours de géopolitique contemporaine , d’analyse du discours politique et d’Économie de développement dans des universités guinéennes. AFRIKIPRESSE a échangé avec lui sur des problématiques , des enjeux et des défis de la jeunesse guinéenne.

    Les jeunes, acteurs incontournables dans la vie d’une nation sont totalement absents dans les instances de prise de décision en Guinée.

    Ce constat est palpable et il appelle à une prise de conscience. M. Bah trouve que cela est lié à l’histoire du pays. À ce stade, note-t-il, on peut considérer que c’est inadmissible qu’on puisse parler de développement de la Guinée en faisant de la composante la plus importante de notre société en marge. “Au regard des statistiques, la jeunesse représente près de 75% qui a moins de 35 ans. Cela démontre que rien ne peut se faire sans cette jeunesse”, ajoute Aliou Bah.

    Malheureusement, relève-t-il, sur le plan politique, de par l’histoire, elle s’est mise elle-même en marge par “naïveté” . À un certain temps, on avait l’impression que pour aller en politique il fallait avoir une initiation au préalable. Ce qui a été vendu à cette jeunesse, elle a cru. Elle s’est mise en marge. Elle a été toujours instrumentalisée et utilisée comme une bataille électorale qui ne sert que pendant les périodes particulières, déplore le politicien. Et de faire remarquer : “Le fait d’avoir démissionner sans le savoir a laissé un espace vide. Et la nature ayant horreur du vide, d’autres qui n’étaient pas préparés ont occupé cet espace là, ils ont été aux instances des décisions et ont conduit ce pays à l’échec depuis 1958” .

    Aujourd’hui, il croit que la dynamique est en train de changer. “C’est pourquoi cette responsabilité des jeunes aujourd’hui mérite d’être assumée. Parce que le fait d’avoir eu cette attitude depuis 58 jusqu’à maintenant, de ne pas avoir comme souci de participer à la la prise des décisions, à la gouvernance, cette attitude a été une responsabilité complice de l’échec de la Guinée”, accuse le jeune cadre.

    Maintenant, il y a eu une prise de conscience qui est arrivée. Le chargé de communication du BL assure :”aujourd’hui, la jeunesse est incontournable et tout processus de développement et d’évolution de notre démocratie ne peut se faire sans cette jeunesse qui représente la composante la plus importante de notre société”.

    À la question de savoir comment se manifeste cette prise de conscience, le professeur d’universités dit : c’est de savoir que les enjeux sont réels. Parce que, raisonne-t-il, sur un aspect global, l’avenir du monde c’est en Afrique. Le cas particulier de la Guinée aussi, à un certain moment, les jeunes pensaient que l’Eldorado existe. À chaque fois qu’ils étaient en difficulté, ils préfèrent s’exporter et envisager un avenir ailleurs. Ce qui se concrétise aujourd’hui par l’avancée des nouvelles technologies de l’information et de la communication, chacun découvre le monde et comprend qu’on ne peut être mieux que chez soi et que notre avenir c’est ici en Guinée.

    Pour lui, le facteur le plus handicapant pour les jeunes c’est la qualité de la gouvernance. “Le fait que nous ayons une mauvaise gouvernance, c’est ce qui représente le blocage le plus important pour l’épanouissement et l’évolution des jeunes de Guinée. A partir du moment où cette crise de confiance est faite et qu’on se rend compte que c’est ici qu’on construit notre avenir. Cela est possible, mais il faut exercer le rapport de force nécessaire, aussi s’impliquer et mobiliser les atouts à son niveau pour avoir la qualification nécessaire de participer à la gouvernance, et surtout à la prise des positions”.

    Jeunesse rime avec privilège pour certains, c’est ce qu’il ne faut pas faire comme erreur, enseigne-t-il à ses dépends. La jeunesse ne peut pas être un privilège ou des acquis obtenus à priori.

    C’est quoi une jeunesse responsable ? “C’est celle qui sait mesurer la portée d’une fonction, des défis, des enjeux qui sont en instances. Voilà ce qui amène cette prise de conscience, et la dynamique est en cours pour le cas particulier de la Guinée”, répond-il.

    Connaissant le niveau d’éducation la jeunesse guinéenne, qui reste peu ou pas compétitive surtout sur le plan international. Est-ce que la prise de conscience n’est-elle pas tard alors que les défis et les enjeux sont de taille ?

    “C’est évident, cela est lié aux tares aux insuffisances liées à sa préparation par rapport à cette compétition qu’elle soit nationale ou internationale. La Guinée est un pays qui n’a pas été bâtie sur une vision structurelle (….) Au début des années 60,la gouvernance du PDG n’a pas projeté la Guinée sur des bonnes bases. Les priorités n’ont pas été sur la qualité des ressources humaines, qui a été le contraire des pays comme le Sénégal. (…) Le terme de hasard a toujours défavorisé la Guinée” , souligne Aliou Bah

    Pour changer la donne et remonter la pente, le chercheur préconise une réorientation de la Guinée. “Je suis de ceux qui pensent que ce pays a souffert de l’indépendance à nos jours. Parce que son échec s’explique par le fait que ceux qui ont gouverné, ont bâti des systèmes qui ne pouvaient que nous amener à l’échec”.

    Aliou BM Diallo

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