« C’est à la Côte d’Ivoire qu’il faut dire yako. Ben Soumahoro avait dépassé la dimension nationale, continentale car lorsqu’on parlait à l’époque de télévision, Ben avait atteint le niveau universel.
C’est au métier de l’audiovisuel en Côte d’Ivoire qu’il faut dire “Iffo” (mes condoléances en malinké). Les gens tel que Ben Soumahoro, on en trouve pas dans toutes les générations. Il n’a jamais été mon ami ou mon camarade, mais quelle complicité et quelle entente nous avions pour le travail.(….) Je peux parler du professionnel. Nos chemins se sont croisés un matin de lundi 9 juin 1964 à la maison Laffitte en France a l’office de coopération radiophonique où j’étais allé passer mon oral d’admission pour la télévision et lui terminait son stage de radio avec son condisciple Mamadou Berthe. Déjà à cette époque il ne nous connaissait pas mais cela ne l’a pas empêché de nous prodiguer des conseils pour mes futurs examens. Lorsque je suis revenu à la maison, j’ai trouvé un homme à la stature naissante et toujours besogneux au bon sens du thème. Je pense qu’en matière de rigueur on ne fera pas mieux que Ben Soumahoro. Nous l’appelions Waraba c’est-à-dire le lion en langue malinké car il en avait la force, la persuasion, la stature. Ben nous en a montré à tous et aujourd’hui je pleure la disparition du grand professionnel et du grand complice qu’il a été. J’ai appris sa mort ce matin par un appel masqué. La Côte d’Ivoire a perdu un de ses grands bâtisseurs. Il disparaît avec toutes ses connaissances et toute sa disponibilité pour le pays. Je veux saluer le grand homme qu’il a été et malgré ces appels anonymes qui me disent « les dossiers en béton sont écrasés ou brûlés ». C’est une affaire de Dieu et moi je veux encenser à sa juste valeur ce grand homme qui a tant travaillé pour le pays. Sans Ben, qu’est ce qu’on aurait pu faire ? Personne dans ce pays ne pourra m’empêcher de pleurer Ben. Ben Soumahoro n’est pas mort, on l’a tué. J’aimerais pour terminer dire qu’il en a qui sont arrivés dans les lieux et qui n’ont pas fait trois mois ou cinq ans mais qui ont vu des salles et des bâtiments porter leurs noms. Alors Ben Soumahoro doit avoir des salles qui portent son nom. Adieu maître ! ».
Dosso Villard
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