Les dirigeants européens ont passé en revue jeudi 29 juin 2017, à Berlin au cours de la réunion préparatoire, les principaux sujets qui seront débattus lors du 12e sommet du G20, les 7 et 8 juillet à Hambourg. Entre autres sujets,l’économie, la finance, le climat, le commerce, l’emploi et la politique de développement. La migration et les flux de réfugiés, ainsi que la lutte contre le terrorisme, figurent parmi les autres questions essentielles d’importance mondiale qui figureront à l’ordre du jour du sommet.
Aussi, à une semaine du sommet, l’Europe est unie derrière la présidence du G20, l’Allemagne, face à la menace américaine sur le climat. À Berlin, les dirigeants européens ont fermement affiché leur détermination à mettre en œuvre coûte que coûte l’accord de Paris sur le climat. En invitant hier les chefs d’État et de gouvernement voisins dans la capitale allemande, Angela Merkel a voulu présenter un front européen uni, notamment face aux États-Unis de Donald Trump qui a quitté la COP21 (alors que les États-Unis restent deuxième plus gros émetteur de gaz à effet de serre derrière la Chine).
Mais si les projecteurs seront braqués sur le président américain, la nouveauté de ces sommets annuels du G20 composé de 19 pays et l’Union Européenne sera la participation de l’Afrique. Angela Merkel qui veut saisir l’opportunité de sa présidence du G20 pour attirer les investisseurs en Afrique, et réduire les migrations vers l’Europe, avait convié une dizaine de chefs d’État africain, les 12 et 13 juin dernier à Berlin pour débattre des maux qui minent le continent et dont l’Europe pourrait subir les conséquences tel que l’immigration. Et comme il fallait s’y attendre, les neufs chefs d’états africains présents à Berlin ont à nouveau repris le refrain de l’aide au développement, vieux comme l’âge du continent noire : « Nous avons suggéré la mise en place d’un plan spécifique qu’on pourrait appeler, Plan Merkel, qui aurait pour objectif de faciliter des investissements massifs en Afrique en vue de créer des emplois, notamment pour les jeunes. Ceci contribuera à la réduction des flux migratoires illégaux vers l’Europe » avait rappelé, le président Alassane Ouattara, face aux députés européens lors de son allocution du 14 juin 2017 au parlement européen à Strasbourg.
Une vision de plus en plus partagée en Europe : Aider l’Afrique.
Dans son édito intitulé « vaste programme », du bimestriel, La Lettre du Cian, (janvier-février 2017) , Alexandre Vilgrain, président du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN) évoquait déjà l’importance de cette aide aux pays africain.
« Les 54 pays du continent africain présentent des situations pour le moins contrastées. Entre économiquement performants et économiquement catastrophiques, entre des palais éclairés et de vastes zones sans électricité, entre un système éducatif permettant à un certain nombre d’enfants de suivre des formations élevées et l’absence dans un certain nombre de régions d’enseignants pour ne pas dire d’écoles. Entre un système de santé inexistant et quelques hôpitaux des plus modernes, entre un Etat de droit établi et des dictatures des plus implacables. Tout cela pouvant être croisé par pays, par région, pour créer une mosaïque de possibilités » écrivait-il et de rappeler : « Mais chacun de ces pays sait, et nous aussi, où chacun d’eux veut aller : vers l’émergence. Mot suffisamment imprécis pourenglober toutes les réalités, ‘’l’émergence’’ a toutefois un sens positif pour les populations, l’économie, l’énergie, l’éducation, la santé, la consommation, l’Etat de droit, … ». Aussi Alexandre Vilgrain s’est-il interrogé sur la responsabilité des grandes puissances mondiales vis-à-vis du continent africain.
« Quant à nous, les pays riches, quelle est notre politique vis-à-vis de ce continent ? Les États-Unis, sous la présidence de Barack Obama, auraient pu être une chance, mais ils se sont désintéressés du continent africain au profit du bassin Pacifique. L’Europe a été aussi absente et de manière collective, en dehors de la crise des réfugiés qui lui a fait poser un certain nombre de questions sur le développement de l’Afrique. D’un point de vue militaire, seule la France est intervenue au Mali et en Centrafrique au cours de ces dernières années ; c’était son devoir et sa responsabilité mais l’Europe, en tout cas les pays en capacité de le faire, n’a pas suivi. La Chine, en revanche, continue à vendre et à échanger avec le continent, surtout pour approvisionner ses usines en matières premières. Alors, l’initiative de la Chancelière Angela Merkel au G20 de juillet 2017 peut redonner une vision, un élan, profitables au continent. Rappelons que le Plan Marshall pour l’Europe était de 13 milliards de dollars US soit l’équivalent de 150 milliards de dollars US aujourd’hui. Ce Plan Merkel, pourra-t-il voir le jour ? Encore faudrait-il que les membres du G20 soient d’accord entre eux sur les priorités et que chaque pays membre oublie son égoïsme national au profit d’un développement en Afrique enfin à la hauteur de sa natalité. ‘’Vaste programme’’ comme l’aurait dit le Général de Gaulle, mais pas impossible. 150 milliards de Dollars US, bien utilisés, bien orientés, c’est plus qu’il n’en faut pour changer l’Afrique ».
Philippe Kouhon