L’état-major des armées a signé une convention avec deux universités publiques pour la formation des élites militaires.
Le vendredi 3 novembre 2023 l’Académie des Forces Armées (Afa) de Zambakro a, en marge de la cérémonie de rentrée académique du 5e Cours d’Études Supérieures de Défense, de l’École de Guerre de Côte d’Ivoire, abrité une signature de convention entre le chef d’état-major général des Armées (CEMGA), le Général de Corps d’Armée Lassina Doumbia et les présidents des universités Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan et Péléforo Gon Coulibaly de Korhogo.
Les Forces armées de Côte d’Ivoire s’appuieront désormais sur les universités ivoiriennes pour la formation académique de leurs élites. Des partenariats qui affirment la détermination des autorités militaires ivoiriennes à disposer des meilleures ressources humaines capables d’armer l’outil de défense.
Situant, à l’occasion, les objectifs de ces partenariats, Jean Christophe Nouho, commandant école de l’Afa, a indiqué qu’il s’agit pour le chef d’état-major Général des Armées, de faire de l’académie, un pôle de référence en matière de formation militaire et de réflexion stratégique, afin d’approfondir la connaissance des auditeurs de cette académie sur les enjeux géopolitiques et les relations internationales.
« Le système international reste perturbé par des menaces multiformes, les conflits en cours sur tous les continents étant des exemples patents. De nouveaux enjeux géostratégiques se posent avec acuité à la sagacité des décideurs. Penser, analyser, comprendre et anticiper dans cet environnement d’incertitude commande à notre outil de défense de pouvoir compter sur des ressources idoines et en particulier sur un personnel d’officiers de qualité », a-t-il relevé.
D’où, ces partenariats afin de renforcer les capacités des militaires pour comprendre les enjeux actuels et répondre aux défis stratégiques contemporains. Ainsi, ces partenariats sont fondés sur deux piliers. D’une part, des formations diplômantes, à travers lesquelles les stagiaires de l’académie des forces armées et tout militaire remplissant les conditions minimales requises pourront acquérir une formation universitaire axée sur la géopolitique et la géostratégique.
Ces formations diplômantes, faut-il le rappeler, disposent d’une base légale prévue par la loi du 22 mai 2023 relative à l’enseignement supérieur, à la recherche et à l’innovation. Cette dernière fixe le cadre normatif et permet la validation des acquis et expériences et la valorisation des acquis professionnels.
Quant au second pilier, il concerne le centre de doctrine et de stratégie qui sera intégré à l’académie avec l’appui notamment de l’Université Péléforo Gon. Premier Centre de Doctrine et de Stratégie ivoirien, il visera à la synergie des intelligences des experts universitaires et militaires afin de produire des travaux scientifiques pour nourrir et renforcer la réflexion stratégique.
« L’idée est d’associer les compétences des civils et des militaires dans une institution de recherche dédiée afin de développer la veille et la réflexion stratégique. Ces dernières sont le gage d’une réponse stratégique », a-t-il indiqué.
Ouverture de la 5e année académique à l’école de Guerre
Cet organisme de formation a ouvert en 2019. Lassina Doumbia, le Cemga, a notamment relevé la montée en puissance continue de ce creuset de la formation de l’élite militaire, fruit de l’ambition d’appropriation de tout le processus de formation des cadres militaires ivoiriens. Il a indiqué le chemin parcouru par le Cours d’Études Supérieures de Défense qui a su se construire et s’attirer la confiance de nombre d’armées africaines, séduites par le modèle de formation des FACI.
La promotion 2023 est forte de 23 officiers issus de 14 pays d’Afrique et d’Europe. Elle compte une femme et pour la première fois un stagiaire européen de nationalité française. Les auditeurs de ce 5ème CESD suivront une scolarité de 10 mois, dans des domaines aussi divers que les Arts de la guerre, la synergie interministérielle et sécurité, l’analyse stratégique sur l’Afrique et le monde ainsi que l’organisation et la gestion.
À tous, le Général Lassina Doumbia a demandé une implication particulière dans cette formation afin d’être utile à leur armée, cela, à travers le triptyque Connaissance- Adaptation-Réinvention, capacités essentielles dans un monde en perpétuel changement.
Cette rentrée académique a été marquée également par la conférence inaugurale prononcée par le professeur Dion Yodé, professeur titulaire de philosophie à l’université Félix Houphouët-Boigny, portant sur le thème : « Enjeux contemporains de la formation des cadres des Armées africaines ». Une occasion pour l’intervenant du jour de mettre en exergue la nécessité d’une formation de qualité des chefs militaires, socle du professionnalisme et de la puissance des grandes armées.
Rendez-vous est pris en juillet prochain pour la fin de formation de ces officiers d’Afrique et d’Europe qui viendront s’ajouter aux 77 autres brevetés de l’Enseignement Militaire de Second Degré que Zambakro a formés pour la Côte d’Ivoire et pour l’Afrique.
Rappelons qu’à la caserne de Zambakro, stationnent deux pôles de formation de l’élite des Forces armées de Côte d’Ivoire : l’Académie des Forces Armées et le Cours d’Études Supérieures de Défense.
Harry Diallo à Yamoussoukro
